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Interview exclusive du patron européen d’Uber: les accusations des taximen bruxellois sont "des mensonges"

 
 

Alors qu’une nouvelle manifestation de chauffeurs de taxi est prévue à Bruxelles mercredi, Loïc Parmentier a obtenu pour le RTLINFO 19H ce lundi une interview exclusive de Mark McGann, le responsable d’Uber pour l’Europe. Il réaffirme la légalité de la société ainsi que de ses chauffeurs en répondant aux attaques des Taxis bruxellois.

Pierre Steenberghen, le secrétaire général du groupement national des entreprises de taxis, avait déclaré à propos de la société de transport Uber: elle "fausse le jeu, en ne respectant aucune règle, en trichant, en fraudant." "Ce sont des mensonges", a insisté le patron européen de la société américaine. "Toutes les personnes qui travaillent sur la plateforme Uber sont indépendants ou indépendants complémentaires. C’est un statut qui existe dans ce pays. Ils veulent travailler plus, joindre les deux bouts. Ils paient leurs impôts (…), leurs contributions sociales. 80% de chaque course reste dans la poche du chauffeur qui ensuite déclare cela à l’Etat."

Une analyse juridique de l'Office national de la Sécurité sociale (ONSS) avait d’ailleurs été commandée par le secrétaire d'Etat Bart Tommelein chargé de la Lutte contre la fraude. Il en est ressorti que "les chauffeurs Uber sont des indépendants, à l'instar de 84% des chauffeurs de taxi classiques. Il revient à présent aux inspecteurs de l'ONSS de contrôler s'ils remplissent bien toutes les conditions inhérentes à leur statut d'indépendant".


Uber pas illégal en Belgique, mais toujours en cours de procès

Voilà pour les chauffeurs. Mais selon le patron, la société en tant que telle n’a rien à se reprocher non plus. "Uber n’est pas illégal en Belgique. C’est la justice qui décide si quelque chose est légal ou illégal face aux règles existantes", rappelle-t-il. En effet, si Uber fait l'objet de plaintes en Belgique, la société n’a encore jamais été condamnée. "Nous, on dit simplement que la réglementation qui protège une infime minorité des ayants droits doit être modernisée", explique-t-il. C’est le point de vue défendu par Uber la semaine dernière au tribunal, où elle était assignée par la compagnie Taxis Verts et la Région bruxelloise. Pour Uber, la législation taxi de Bruxelles est obsolète et, surtout, est en opposition avec les réglementations européennes en vigueur en la matière.


Pascal Smet prépare une refonte du secteur à Bruxelles

Un appel du pied qui semble avoir trouvé écho chez Pascal Smet, le ministre bruxellois de la Mobilité qui est le ministre de tutelle des taxis: "On va moderniser le secteur taxi et rédiger un cadre global pour la modernisation du secteur des transports rémunéré de personnes à Bruxelles. On y travaille aujourd’hui", a-t-il expliqué à Loïc Parmentier.


Uber conteste la législation taxi actuelle dans ce même procès

Une législation qui devrait, idéalement, permettre une cohabitation entre les taxis classiques et les chauffeurs Uber. Car les arguments d’Uber lors du procès étaient particulièrement étayés. "L'ordonnance relative aux services de taxi date de 1995, il n'était alors pas question d'application ou d'autres nouvelles technologies", a pointé l'avocat d'Uber lors de son plaidoyer. "Cette loi fonctionne avec un système de numerus clausus, un nombre limité de permis. La question est de savoir si elle n'est pas en opposition avec des principes supérieurs, tels que la liberté d'entreprendre et la libre circulation des services dans l'Union européenne. La limitation de la liberté de circulation est possible, mais seulement si elle est proportionnée et justifiée. Est-ce encore le cas ici?" Selon Uber, la législation était également un moyen de lutter contre les taxis pirates. La société insiste sur le fait qu'elle ne propose pas de taxis pirates, "mais bien un moyen de communication entre les conducteurs et les utilisateurs. Nos conducteurs ne sont pas chauffeurs de taxi, ils ne peuvent pas se faire héler à tous les coins de rue. Nos prix fluctuent en fonction de l'offre et de la demande. Tous ces points nous différencient d'un service de taxi."


Et Uber attaque l'entente en Taxis Verts et Taxis Bleus à Bruxelles, en quasi situation de monopole

Par ailleurs, la société américaine a introduit une demande reconventionnelle visant à mettre fin aux accords passés entre les Taxis Verts et le service de dispatching des Taxis Bleus: "Les deux sociétés contrôlent ensemble près de 90% des chauffeurs de taxi à Bruxelles. La manière dont ils verrouillent le marché, pour les entreprises innovantes, avec des contrats d'exclusivité et des accords mutuels, va à l'encontre du principe de libre concurrence." Le tribunal de commerce de Bruxelles rendra son jugement dans les prochaines semaines. Mais une nouvelle législation est donc en préparation pour réguler ce secteur et permettre certainement une cohabitation entre les taxis classiques et ce nouveau service qui bouscule les habitudes européennes en la matière.



 

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