Avec la candidature probable d'Arnaud Montebourg et celle, confirmée, de la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann, en attendant, en fin d'année, François Hollande, le casting de la primaire initiée par le PS, et boudée par les écologistes d'EELV, se précise.
- Qui est candidat ?
François Hollande a dit et répété qu'il se prononcerait mi-décembre sur une éventuelle candidature. Il n'a pas réagi officiellement à la décision prise ce week-end par le PS d'organiser des primaires de la gauche de gouvernement (PS, PRG et UDE, les composantes de la Belle Alliance Populaire). Mais, s'interrogeait-il récemment devant des proches, "si j'ai peur de la primaire, à quoi ça sert que je me présente à la présidentielle?".
L'ancien ministre Arnaud Montebourg, très critique à l'égard de l'exécutif, qualifie sa candidature d'"hypothèse parfaitement plausible", mais souhaite "une primaire citoyenne et non pas la primaire des gens qui soutiennent le gouvernement".
"Evidemment, cette primaire (...) sera citoyenne", a assuré à l'AFP le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis. "Je crois que sa réflexion fait son chemin et qu'il n'a pas encore pris sa décision", a-t-il ajouté au sujet de M. Montebourg.
Ce dernier, qui fut le troisième homme de la primaire de 2011, entend "se concerter, réfléchir ensemble, discuter, se voir" avec d'autres candidats potentiels issus de la gauche du PS, comme l'ex-ministre Benoît Hamon qui voit dans ce processus la preuve qu'"il n'y a plus de candidat naturel" du Parti socialiste.
La sénatrice PS Marie-Noëlle Lienemann, autre personnalité de la gauche du PS, a confirmé lundi qu'elle était candidate.
François de Rugy, président du parti Ecologistes!, composante de l'Union des démocrates et des écologistes (UDE), a déclaré samedi qu'il pourrait être candidat pour "représenter les écologistes réformistes".
Le PRG (Parti radical de gauche), qui avait déjà présenté un candidat, Jean-Michel Baylet, en 2011, pourrait avoir un candidat aussi.
- EELV sera-t-elle de la partie ?
Le secrétaire national d'Europe Ecologie Les Verts, David Cormand, a écarté une participation de son parti à cette primaire, car c'est "une affaire qui concerne avant tout" le Parti socialiste. Il a réaffirmé sa préférence pour une candidature de Nicolas Hulot en 2017. Ce dernier a indiqué à ce sujet la semaine dernière qu'il dévoilerait ses intentions au plus tard à l'automne "et peut-être bien avant".
- Et la gauche de la gauche ?
Le co-fondateur du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, a lancé très tôt sa campagne de la "France insoumise" pour la présidentielle, sans l'aval du Parti communiste, mettant à nu les déchirements entre les deux principales composantes du Front de gauche. Des sondages récents, qui le donnent devant François Hollande au premier tour, ont dû le conforter dans son analyse.
Les communistes pour leur part plaident toujours pour une candidature alternative à gauche, distincte de la politique menée par l'exécutif. L'heure n'est pas pour l'instant de choisir un candidat, font-ils valoir, mais au rassemblement de la gauche autour d'un "pacte d'engagements communs".
- Un processus susceptible de relancer une gauche donnée battue l'an prochain ?
Rien n'est moins sûr, puisque elle ne concernera pas toute la gauche et n'empêchera pas d'autres candidatures telles que celles de M. Mélenchon, d'EELV ou des partis trotskistes.
"Ca sera une gauche réduite aux acquêts, avec seulement PS, PRG, UDE, etc... Et encore", affirme à l'AFP le politologue Frédéric Dabi (Ifop), qui s'interroge sur l'organisation de cette primaire, prévue en janvier. "Est-ce qu'elle aura vraiment lieu? Dans quel cadre? Est-ce qu'il y aura les 10.000 bureaux de vote? J'ai envie de dire: à suivre".
Pour M. Dabi, "cette primaire n'aurait sans doute pas été en débat ni en gestation si François Hollande n'était pas aussi faible, à dix mois de la fin de son mandat".
Mais il doute tout autant du fait que les adversaires de M. Hollande, dont M. Montebourg, tirent leur épingle du jeu. L'espace de la gauche critique "va être très encombré" avec une multitude de candidats, prédit le politologue.
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