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Trois témoignages de baptisées: Lucie et M. en ont tiré des choses très positives, pas A.

Trois témoignages de baptisées: Lucie et M. en ont tiré des choses très positives, pas A.
 
 

Une information judiciaire a été ouverte pour une suspicion de traitements dégradants et attentats à la pudeur qui auraient été commis à Louvain-la-Neuve, lors de cérémonies de baptêmes estudiantins. "Nous avons décidé de lancer cette information après avoir été averti par la police de la fermeture du cercle et de la raison de celle-ci. Des rumeurs ont circulé et nous tentons d'en analyser la véracité", a expliqué le parquet du Brabant wallon. L'université catholique de Louvain (UCL) a condamné ces possibles dérapages et a rappelé que plusieurs dispositifs permettaient d'encadrer les baptêmes étudiants. Trois baptisées nous ont écrit ce matin pour exprimer leur vécu, positif pour deux d'entre eux, négatif pour le troisième. 


Lucie: "Un folklore que l'on partage"

Lucie, 19 ans, a écrit ce matin à notre rédaction via le bouton orange Alertez-nous. Selon cette étudiante en kinésithérapie, les médias véhiculent une image négative des baptêmes et relayent de fausses rumeurs. Ils s'attardent sur les images fortes en surface et ne vont pas "au delà de ça". Voici son opinion, basée sur son vécu personnel.

"Je me présente, Lucie, baptisée dans une régionale de Louvain-La-Neuve en 2017. J'ai un témoignage sur ce que j'ai eu à faire durant le baptême. Vous voulez savoir? Eh bien durant mon baptême, j'ai appris des valeurs de la vie. Oui, j'ai appris la solidarité, le respect, la débrouillardise et le dépassement de soi.

Parce qu'après tout c'est vrai, les médias ont l'art de ne ressortir que le mauvais c'est bien connu. Mais le baptême ce n'est pas juste des barbares qui crient sur des pauvres bleus, croyez-moi c'est au delà de ça. Trouvez moi un baptisé qui regrette d'avoir fait son baptême. Un seul et je retire ce que j'ai dit! Mais vous n'en trouverez pas, et vous savez pourquoi?

Parce que le baptême c'est au delà de ces 3 semaines de bleusaille. C'est un folklore que l'on partage avec des autres étudiants, ce sont des rencontres, des soutiens, des groupes d'étude même. Ce sont des amitiés et du pure fun.

Non, baptisé ne rime pas avec échec, parce que nombreux d'entre nous réussissent leurs études, et certains non-baptisés ratent leurs études, alors quel rapport?

Je suis fière d'être baptisée, je porte tout mon soutien à la MAF qui se fait bouffer par les médias qui transportent des rumeurs complètement fausses. J'encourage les futurs arrivants à Louvain-La-Neuve à faire leur baptême pour tout ce que ça apporte", raconte Lucie.

M.: "On m'a tout de suite acceptée, on m'a souri, ils m'ont pris sous leurs ailes"

Témoignage dans le même sens d'une autre jeune fille, toujours via le bouton orange Alertez-nous. Elle sortait d'un enseignement secondaire difficile.

"Je déplore le fait que les gens ne voient que du mal dans le baptême. Quand je suis arrivée, j'étais très mal. Je venais de sortir d'une dépression assez longue, j'étais donc très timide, je n'avais pas confiance en moi et je n'arrivais à l'université qu'avec une seule amie. Je ne connaissais donc personne, mais j'ai décidé de faire mon baptême. Grâce à lui, j'ai pu comprendre que l'université était totalement différent de la secondaire où l'on m'avait harcelée tant d'années pour mes problèmes de poids, car je ne suis pas riche, et car je ne suis pas la plus belle. On m'a tout de suite acceptée, on m'a souri, et ils m'ont pris sous leurs ailes. Grâce à cela, je suis sortie de ma bulle. J'ai réussi à aller beaucoup mieux, à me sentir moi-même, et à m'aimer un peu plus chaque jours. Je me suis investie chaque années, pour arriver à une haute place. Et aujourd'hui, je me sens bien mieux que jamais. Je n'ai jamais été aussi confiante, je n'ai jamais été aussi bien dans ma peau qu'aujourd'hui. Donc j'aimerais qu'on arrête de dénigrer les baptêmes, car cela nous apporte parfois énormément dans la vie", a-t-elle écrit.


A.: "On me donnerait 100 000 euros que je ne le referais pas"

A. (elle veut rester anonyme) a réagi au témoignage de Lucie. Elle ne partage pas du tout son opinion.

"Concernant Lucie qui souhaitait un exemple de personne ayant fait son baptême et le regrettant, je suis son exemple. J'ai été baptisée il y a de cela 5 ans à l'UCL et la seule chose que le baptême m'a apporté est de m'être fait des amis. Mais croyez-moi, j'aurais encore préféré ne pas avoir d'amis et ne pas avoir subi les choses que j'ai subies. Vous voulez des exemples ? En voici.

Vous trouvez que manger des pâtées pour chien et vous voir mettre une main sur la bouche pour vous empêcher de respirer jusqu'à ce que cette pâtée soit avalée pousse au dépassement de soi ? À la solidarité ? Au respect ? Une personne telle que Lucie, qui comme moi est dans le milieu de la santé et souhaite devenir kinésithérapeute comme je le suis devenue, peut-elle trouver que c'est du respect d'avoir infligé cela à nos corps? Remanger son propre vomi ou celui des autres, c'est humain ?

On me donnerait 100 000 euros que je ne le referais pas. Également, le fait de vous voir appeler à toute heure du jour et de la nuit pour faire des tâches ou aller aux sorties où les présences sont obligatoires afin de pouvoir signer votre centaine d'à-fonds, vous trouvez que ça ne pousse pas à l'échec vous ? Rentrer chez vous après la soirée et vomir sur vous-même après tous les à-fonds que vous avez dû faire ça ne pousse pas à l'échec ? Vous êtes persuadés que vous irez en cours le lendemain ?

Le passage des secondaires à l'Université est un passage très difficile et décisif pour un jeune. C'est très difficile de trouver son rythme lorsqu'on rentre à l'Université. Je suis un exemple de personne ayant raté sa première année à l'Université À CAUSE du baptême. Oui parce que rater les 4 premières semaines de cours ou même y assister mais ne pas ouvrir ses cours, c'est comme se retrouver noyer par la suite. Il est déjà presque trop tard pour remonter dans la barque. Effectivement, il y en a toujours qui réussiront, mais la plupart des gens allant à l'Université ne sont pas des intellectuels innés et doivent fournir un travail considérable pour pouvoir réussir. Il serait intéressant de créer une étude et de comparer le pourcentage de personnes ayant fait leur baptême et ayant réussi à celui des personnes ayant fait leur baptême et n'ayant pas réussi", estime-t-elle.


 

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