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Une centaine de vols annulés à Bruxelles et Charleroi à cause d'une grève sauvage chez Skeyes: "Pour nous, c'en est assez"

  • Grève chez Skeyes: la situation à l''aéroport de Charleroi

  • Nouvelle grève chez Skeyes ce matin

  • Grève chez Skeyes: Brussels Airlines envisage une action en justice

  • Grève chez Skeyes: la situation à l''aéroport de Bruxelles

 
 
 

Syndicats et direction continuent leur bras de fer au-dessus de nos têtes. Des milliers de passagers sont impactés ce jeudi suite à une étrange histoire de session d'information transformée en mouvement de grogne par un syndicat. Une session d'information finalement annulée ce matin, mais les travailleurs se sont quand même croisé les bras... 100 vols commerciaux ont été annulés, et beaucoup d'autres retardés. A 13h, les contrôleurs ont repris le travail. Mais les aéroports et les compagnies aériennes n'en peuvent plus.

Des milliers de voyageurs passent un très mauvais jeudi. La situation est plus confuse que jamais chez Skeyes, le contrôleur aérien, où l'accord social de vendredi dernier n'est pas soutenu par le syndicat principal. Résultat: un mouvement qualifié de "grève sauvage" par la direction, et la fermeture de l'espace aérien belge entre 9h et 13h. 

"Il n'est pas question de renégocier l'accord", a indiqué vers 15h la direction de Skeyes dans un communiqué, après une matinée marquée par un arrêt de travail au sein de l'entreprise publique en charge du contrôle de l'espace aérien belge. La direction ajoute néanmoins vouloir poursuivre les consultations et négocier plusieurs détails spécifiques.

"Lors de la conclusion de l'accord social avec les travailleurs le 10 mai, il a été convenu que cet accord serait approfondi en consultation entre la direction et les syndicats", rappelle la direction. "Au début de cette semaine, la direction a pris l'initiative et une première réunion est prévue le lundi 20 mai."


Brussels Airlines se tourne vers la justice et obtient des astreintes

Comme elle avait menacé de le faire, Brussels Airlines s'est tournée vers la justice dans le dossier Skeyes et la compagnie aérienne a obtenu l'application d'astreintes de 10.000 euros en cas de nouvelles perturbations du service assuré par l'organisme en charge du contrôle aérien en Belgique, a-t-elle indiqué.

La nouvelle grève survenue chez Skeyes jeudi, qui a encore entraîné une fermeture de l'espace aérien belge pendant plusieurs heures, a semble-t-il été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase de Brussels Airlines. La compagnie aérienne a déclaré avoir déjà subi au moins 4 millions d'euros de dommages à la suite des actions menées ces derniers mois au sein de Skeyes.

Un voyage de classe perturbé...

Une de nos équipes s'est rendue à l'aéroport de Bruxelles pour rencontrer quelques passagers. Carla et Matéo, deux élèves, devaient prendre un vol pour Madrid avec leurs camarades de classe. "On devait prendre un vol à 10 h. Il est en retard, mais on pense qu'il va être annulé. C'est assez dommage. On se sent un peu lâché. C'est assez triste parce qu'on a payé pour ce voyage et on aimerait y aller."

"On en parle depuis longtemps, depuis le début de l'année, ajoute Maéto. On a tout organisé et on nous le dit quand on arrive à l'aéroport alors qu'il y a toute une organisation derrière ça. Donc c'est tout de même une déception."


Moncef devait quant à lui se rendre à Munich pour raisons professionnelles. "Je viens de Toulouse, je n'ai pas reçu de SMS, de coup de téléphone. On nous dit que le vol est annulé. Il parait qu'il y a eu une réunion Skeyes et que le syndicat fait grève. Mais quand on fait grève, on retarde un vol, on n'annule pas des vols (...) Mon prochain vol est dans 12h. Je suis dégoûté, écœuré. Je n'aurais jamais pensé qu'il m'arriverait une chose pareille en faisant escale à Bruxelles. Un syndicat qui prend en otages autant de passagers… Tout le monde est en panique. Il y a des personnes âgées, des femmes avec des petits enfants. On ne les oriente pas. On n'a pas d'informations."


Explications de Skeyes

Du côté de Skeyes, on explique que suite à l'accord social de vendredi dernier, une session d'information (relatives aux changements annoncés) devait avoir lieu ce jeudi, pour certaines catégories de contrôleurs aériens. Une permanence était organisée entre 10h et 19h, et les contrôleurs pouvaient venir librement, selon leur disponibilité, pour être informés.

Mais le syndicat chrétien, qui ne soutient pas l'accord, a appelé tous les contrôleurs à se rendre en même temps à cette session d'information. Dès lors, un manque de personnel a été officiellement annoncé, et communiqué aux aéroports et aux compagnies.

Skeyes annule, mais le mal est fait à Charleroi et Bruxelles

La situation reste confuse au niveau des responsabilités. En effet, Skeyes nous a précisé ce matin que la session d'information avait été annulée, pour éviter justement ces perturbations, qualifiée de "actions sociales injustifiées". "Lorsque la direction a constaté que des actions étaient prises pour affecter le trafic aérien à cause de ces sessions d'information, elle a été contrainte d'annuler les réunions. Toute autre action est considérée comme grève sauvage", a-t-elle prévenu.

Les conséquences sont lourdes. Environ 90 vols ont du être annulés à l'aéroport de Bruxelles, dont beaucoup de Brussels Airlines. D'autres vols sont retardés pour pouvoir décoller après 13h.

Des passagers ont contacté la rédaction de RTL info via le bouton orange Alertez-nous pour dire qu'au moins un vol de TUI (Charleroi - Oujda) avait été dévié vers Lille (voir photo). Au total, 10 vols ont du être annulés au Brussels South Charleroi Airport (BSCA), est-il indiqué sur son site web. Une dizaine ont du être retardés. 

La fermeture de l'espace aérien belge a également eu un impact sur le trafic à l'aéroport de Schipol (Amsterdam). 


Le syndicat socialiste prend ses distances et donne plus de détails

Le syndicat socialiste ACOD, le seul qui a signé l'accord social conclu avec la direction de Skeyes la semaine dernière, se distancie de l'arrêt de travail. Dans un communiqué, le syndicat dénonce "l'attitude irresponsable" du syndicat chrétien ACV-Transcom, le plus important au sein de l'entreprise en charge du contrôle aérien.

Ce qui a déclenché ces actions spontanées est donc bien cette séance d'information organisée toute la journée de jeudi par la direction pour expliquer l'accord conclu vendredi dernier au personnel. Pour l'ACOD (pendant flamand de la CGSP), il s'agissait d'une excellente occasion pour le personnel de clarifier l'accord. L'ACV a toutefois dénoncé qu'il soit organisé aux heures les plus chargées de la journée.

Le syndicat socialiste dénonce la "voie mensongère et destructrice" empruntée par l'ACV. Le syndicat chrétien a invité tout le personnel à se présenter à la session - ce qui a perturbé les activités de l'entreprise - alors qu'elles étaient destinées à une partie seulement des travailleurs. Les autres auraient été informés à un autre moment.

"L'ACOD se pose de sérieuses questions quant à l'attitude irresponsable et aux objectifs de l'ACV", s'interroge le président Bart Neyens dans un communiqué. "Leurs actions portent atteinte aux services publics destinés aux voyageurs, et à l'économie."

La session d'information a finalement été annulée mais les actions ont été maintenues. L'ACOD et l'ACV s'opposent au sein de Skeyes. Le syndicat socialiste a déjà passé plusieurs accords sociaux avec la direction, qui s'appliquent ensuite à toute l'entreprise, alors que le plus gros syndicat, l'ACV, et le syndicat libéral, le VSOA, n'avaient pas approuvé les textes. Cela s'est produit une nouvelle fois la semaine dernière. L'ACOD est accusé de ne représenter que peu de contrôleurs aériens.

> INFOS SUR LES DEPARTS DE BRUXELLES

> INFOS SUR LES DEPARTS DE CHARLEROI

Vendredi passé, l'accord social était pourtant annoncé :


 

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