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Situation surréaliste à Bruxelles: Claude reçoit des redevances de stationnement alors qu’on lui a volé ses plaques de voiture

Situation surréaliste à Bruxelles: Claude reçoit des redevances de stationnement alors qu’on lui a volé ses plaques de voiture
(c) RTL INFO - Alertez-nous
 
 

Fin juin, un habitant d’Anderlecht est victime du vol des plaques d’immatriculation de sa voiture. Il fait rapidement les démarches pour les radier et en recevoir de nouvelles. Il informe également les autorités compétentes. Pourtant, depuis deux mois, il reçoit des redevances de stationnement liées à son ancienne immatriculation. Comment expliquer cette situation absurde ?

C’est une tendance qui se confirme avec le temps. La déshumanisation de certaines tâches au profit de machines de plus en plus sophistiquées. Depuis quelques années, des communes utilisent notamment des véhicules scanners pour contrôler le stationnement. Coiffées de caméras sur le toit, elles sillonnent les rues pour repérer des infractions au code de la route. Une technologie de pointe qui permet de contrôler à une allure folle : en moyenne 1.200 véhicules par heure. A Bruxelles, ces scans cars sont actuellement utilisées dans 10 communes sur 19.

Si certains vantent les avantages de cet outil intraitable, d’autres dénoncent les failles d’un système totalement automatisé. C’est le cas de Claude. "Le système de scan car n'est pas si fantastique", assure cet habitant d’Anderlecht, en région bruxelloise, avant de présenter ses arguments en racontant son histoire singulière.

Ses plaques "disparaissent" juste devant son domicile

Le 26 juin dernier, un samedi après-midi, ce Bruxellois âgé de 70 ans découvre le vol des plaques de sa voiture garée devant son domicile. "On habite dans un cul-de-sac où il y a trois places de parking. Ce jour-là, quand ma nièce est arrivée, elle a aperçu ma voiture. Et une heure plus tard, vers 15h, quand elle est partie avec mon épouse, elles ont vu que mes plaques avaient disparu", relate le septuagénaire.

Très rapidement, il se rend au commissariat de police pour porter plainte. "On m’a fait poiroter pendant plus d’1h30 à l’extérieur. Après avoir été entendu par une dame à l’accueil, j’ai dû patienter. Je me suis un peu énervé et un policier est finalement sorti pour me donner trois documents en disant que tout était en ordre", relate Claude. L’agent lui demande ensuite de ne plus laisser sa voiture sur la voie publique et de faire le nécessaire pour obtenir de nouvelles plaques. "Il m’a dit que mon ancienne plaque était radiée", ajoute-t-il.

Claude prévient parking.brussels

Après une visite chez son assureur, Claude dépose le mardi matin les documents nécessaires à la DIV qui gère l’immatriculation des véhicules. Le lendemain, le 30 juin, il reçoit déjà ses nouvelles plaques à son domicile. Afin de mettre à jour sa carte de stationnement riverain, il contacte dans la foulée parking.brussels, l’agence régionale chargée du stationnement de nombreuses communes de la capitale. Anderlecht en fait partie. "J’ai tout de suite envoyé un email pour leur signaler le vol de mes plaques, en annexant les documents de la police. Et je leur ai demandé de changer mes données pour ma carte de riverain", indique le Bruxellois. Peu de temps après, il reçoit une réponse du service clientèle pour lui confirmer ce changement et lui assurer que "tout est en ordre". 

Une scan car a contrôlé mes plaques volées du côté de Molenbeek

Pourtant, le 11 juillet, Claude reçoit un courrier inattendu: une redevance de stationnement dans sa boîte aux lettres. "Une scan car a contrôlé mes plaques volées le 5 juillet du côté de Molenbeek. Comme sur le document il est mentionné que, si on veut faire une réclamation, il faut le faire par email, j’en envoie un en répétant qu’on m’a volé mes plaques et en ajoutant encore une fois les papiers de la police", précise le septuagénaire.

Son email de contestation ne règle toujours pas le problème

Cette fois, il se dit que la situation est réglée. Il n’en est rien. Le 31 juillet, il reçoit un rappel de paiement pour cette fameuse redevance. "Là, j’ai téléphoné. Après 1h30 d’attente, j’ai enfin pu parler à un responsable. Il m’a révélé que j’avais été verbalisé pour une infraction de stationnement à Molenbeek. Je lui ai dit que ce n’était pas ma voiture puisque c’était une Peugeot et moi j’ai une Kia. Je lui ai demandé quel véhicule m’avait été attribué et visiblement cela n’avait toujours pas été changé dans leur base de données", déplore Claude. "Mais il m’a assuré faire le nécessaire pour annuler cette amende et mettre mon dossier en ordre. J’ai d’ailleurs reçu un message le jour même pour me dire que mon numéro de plaque avait été modifié", ajoute-t-il.

De nouvelles redevances dans sa boîte aux lettres

Un répit de courte durée. Le 13 août, le scénario se répète avec une nouvelle redevance pour un contrôle établi le 6 août. Toujours à Molenbeek. De plus en plus exaspéré, le Bruxellois rappelle le service clientèle de parking.brussels.  "On m’a alors confirmé que les amendes étaient envoyées chez moi parce que j’étais le dernier propriétaire de cette plaque. Donc, dans 20 ans, je serai toujours le dernier proprio de cette plaque et cela va continuer", craint le septuagénaire qui renvoie un email. "J’ai utilisé des caractères taille 55 pour leur dire que je ne paierai rien et que cela ne sert à rien de me les envoyer, que je ne répondrai même plus. J’en ai marre. Je n’ai plus cette plaque. Point à la ligne", s’énerve-t-il.

Le 27 août, l’agence régionale lui envoie pourtant une nouvelle redevance pour une infraction au stationnement le 21 août, encore à Molenbeek.

Pour lui, cette situation absurde démontre que le système des véhicules scanners n’est pas optimal. "Finalement, leur scan car, c’est juste pour faire du pognon puisque quand il y a quelque chose d’important, comme des plaques volées, il n’y a apparemment rien qui les alerte pour dire qu’il faut saisir le véhicule ou récupérer les plaques", souligne Claude.

Système automatisé, service surchargé: les explications de parking.brussels

Selon le porte-parole de parking.brussels, le problème n’est pas forcément lié aux véhicules scanners. "Si le contrôle avait été réalisé par un steward, cela aurait été la même chose. Un agent se balade avec une tablette connectée dont les infos sont mises à jour automatiquement via notre système. Et ce sont les mêmes que pour les scan cars", indique Pierre Vassart.

D’après lui, le changement dans leur base de données a bien été effectué le 30 juin. "Toutes les redevances sont donc automatiquement annulées mais il est obligé de les contester par email. Ce qu’il a fait après la première redevance. Il n’aurait donc pas dû recevoir un rappel fin juillet", admet Pierre Vassart.

Nous avons eu un gros problème avec notre sous-traitant qui envoie les redevances par courrier

La cause ? Une saturation du service clientèle de l’agence. "C’est sûrement un oubli de notre service clientèle noyé. Nous avons eu un gros problème avec notre sous-traitant qui envoie les redevances par courrier. Pendant quatre semaines, il n’y a pas eu d’envoi et ensuite nous avons été confrontés à un afflux d’emails de contestation. Nous avons d’ailleurs envoyé une réponse automatique pour demander aux gens de faire preuve de patience et de compréhension, en évitant de renvoyer un email ou de nous appeler", souligne le porte-parole.

Pour pallier cet engorgement, engendré également par l’augmentation de nombres redevances suite à l’utilisation massive des véhicules scanners, l’agence a engagé de nombreuses personnes. "Depuis l’automne dernier, nous avons doublé notre service clientèle. On est passé de 45 à 90 personnes. Et ces dernières semaines, nous avons engagé 20 personnes et nous en recherchons encore 8 actuellement", énumère Pierre Vassart. A présent, la situation s’améliore. "Cela commence à se résorber. Le problème est résolu pour certaines zones, mais pour d’autres communes il y a encore un retard à rattraper comme à Anderlecht", ajoute le porte-parole.

Le système automatique ne peut pas repérer et identifier des plaques volées, radiées ou même copiées

Même si le service clientèle sort un peu la tête hors de l’eau, cela ne change rien au fait que Claude va continuer de recevoir des amendes, vu que tout le processus est automatisé. "Tant que cette voiture n’est pas identifiée par la police, il recevra des redevances. Le système automatique ne peut pas repérer et identifier des plaques volées, radiées ou même copiées. Que ce soit un véhicule scanner ou un steward avec sa tablette connectée, ce sera le même problème. Cette immatriculation est donc toujours associée à ce monsieur qui continuera à recevoir des redevances tant que cette voiture circule avec ses plaques volées. C’est rare mais cela arrive", confirme Pierre Vassart, en ajoutant que le problème est identique avec des fausses plaques. "Des personnes qui habitent dans les Ardennes ont déjà reçu des redevances alors qu’elles n’étaient même pas à Bruxelles".

Pourtant, il assure que l’agence est connectée à la DIV qui gère les immatriculations des véhicules. "Quand une plaque est radiée, normalement l’information arrive instantanément dans notre système",  indique le porte-parole de l’agence.

Un email de contestation obligatoire pour annuler chaque redevance 

En tout cas, le septuagénaire n’a visiblement pas d’autre option que de contester chaque amende. "Il devra envoyer un email à chaque fois pour contester la redevance qui sera annulée. C’est absurde mais il n’y a pas d’intervention humaine lors de l’envoi automatique de milliers de redevances chaque semaine. Il n’y a pas quelqu’un qui pourrait retirer une lettre et ne pas l’envoyer. Le système ne le permet pas", confie le porte-parole.

"En gros, leur système soi-disant à la pointe ne l’est pas du tout", s'insurge le Bruxellois.

Et s’il ne conteste pas, Claude risque d’avoir des problèmes. "Le mieux, c’est d’envoyer un email type en changeant juste le numéro de redevance. Sinon, il va recevoir un rappel sans frais puis payant et, après 45 jours, un huissier. C’est la procédure automatique. Ce sera alors plus compliqué à régler. Je comprends qu’il se sente comme une victime mais c’est un problème qui nous dépasse", assure Pierre Vassart.

Comment arrêter cette situation ?

Mais quelles sont alors les solutions ? Comment mettre un terme à cette situation surréaliste ?

"Il faudrait que la police intercepte ces plaques ou que le voleur arrête de les utiliser", répond le porte-parole de parking.brussels.

"Bonne chance", rétorque Claude qui a envoyé des emails à la police de la zone Midi, où il réside. "Je les ai prévenus pour leur dire à quel endroit le véhicule avec mes plaques avait été verbalisé dans l’espoir que des policiers s’y rendent. J’ai envoyé toutes les infos et j’ai juste reçu des messages de retour automatiques", souffle-t-il.

Les policiers de la zone Midi ne semblent donc pas avoir réagi. Nous n’avons pas réussi à les joindre. Mais la porte-parole de la zone ouest, qui comprend la commune de Molenbeek, nous explique ce que la police peut entreprendre comme démarches.

La police peut repérer les plaques volées et saisir le véhicule

"Si on nous communique toutes les informations pertinentes figurant sur la redevance comme l’adresse, la marque de la voiture et le numéro de plaque, on peut demander au responsable du quartier concerné d'avoir une plus grande vigilance pour repérer les plaques volées", explique Cécile Kruczynski.

D’après elle, la majorité des véhicules de leur zone sont équipés de caméras qui reconnaissent les plaques radiées ou volées. "Notre écran s'affiche en rouge. Le système avertit donc la patrouille directement", explique-t-elle. 

Les agents appellent alors une dépanneuse pour retirer le véhicule. "C'est une saisie administrative. Le propriétaire devra expliquer pourquoi il utilise des plaques radiées. Pour le vol, c'est difficile d'apporter une preuve de responsabilité. En tout cas, il risque d'avoir une amende pour recel et ne pas s'en sortir à bon compte", indique Cécile Kruczynski qui s’étonne toutefois de cette situation."C'est la première fois que j'entends parler d'un tel problème. Selon moi, c'est surtout un souci avec parking.brussels".

Une bonne nouvelle "par hasard"

En cherchant l’ancien numéro de plaque de Claude, elle nous confie ensuite une bonne nouvelle. "Le 21 août,  des policiers ont saisi cette voiture un peu par hasard, suite à une alarme intrusion dans un bâtiment. Deux plaques de voitures ont été contrôlées et celle de monsieur a été repérée. Le véhicule a donc été dépanné. Comme la plaque ne circule plus, il n'aura plus de problèmes", assure la porte-parole.

Et qui va lui transmettre cette information ? "Nous ne l’avons pas contacté puisque cette plaque n’est plus liée à ce monsieur dans notre système", répond Cécile Kruczynski. Nous l’avons donc appelé nous-même. "C’est une excellente nouvelle", s’est réjoui le septuagénaire, parti se détendre au soleil.


 

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