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Les salons de massage doivent rester fermés mais les esthéticiennes peuvent masser: "C'est discriminatoire", juge Sandra

Les salons de massage doivent rester fermés mais les esthéticiennes peuvent masser: "C'est discriminatoire", juge Sandra
©RTL INFO
 
 

Plusieurs spécialistes des massages bien-être ne comprennent pas pourquoi leur activité n'a pas pu redémarrer le 18 mai dernier, avec les autres métiers de contacts, d'autant plus que certains centres d'esthétiques proposent des services similaires.

Sandra est massothérapeute, elle pratique des massages bien-être depuis deux ans mais son activité est mise sur pause depuis plus de deux mois en raison de l'épidémie de coronavirus. En colère, comme d'autres professionnels concernés, elle dénonce via le bouton orange Alertez-nous, une différence de traitement avec les centres d'esthétique, qu'elle juge non justifiée.

Les métiers de contact, notamment ceux liés à l'esthétique, les coiffeurs, les tatoueurs, ont en effet pu reprendre le travail, sous de strictes conditions à partir du 18 mai.

Des règles strictes dans les instituts

Les règles à observer sont les suivantes : 1 client par 10 m2 et maximum 2 clients si surface de moins ou égal à 20 m2. Chaque poste de travail doit être espacé de 1,5 m. Le port du masque est obligatoire pour le prestataire comme pour le client. Du gel désinfectant doit être mis à disposition à l’entrée du salon. Les clients doivent être accueillis uniquement sur rendez vous. Personne ne peut attendre dans la salle d’attente. Un enfant peut évidemment être accompagné par un adulte. Le salon peut être ouvert aux horaires habituels.

Par contre en ce qui concerne une autre profession dite de contacts et liée en général à l'esthétique, à savoir les professionnels du massage, la reprise n'est pas encore permise. Le site info-coronavirus.be détaille ainsi que "l’interdiction d’ouvrir les salons de massage a été prolongée pour cette deuxième phase de déconfinement à la demande des experts. L’activité de massage en elle-même posant encore des problèmes sanitaires". Il y est encore indiqué "qu'une concertation avec le secteur sera entamée par les experts pour identifier quand et à quelles conditions une réouverture pourrait être envisagée."

Seulement, les centres d'esthétique proposent aussi parfois des massages. Peuvent-ils accomplir à nouveau ces gestes ? Le porte-parole du centre de crise précise que ce n'est pas interdit dans les  nouvelles règles en application pour ces centres. Il faut donc en déduire que c'est autorisé, dans le respect des conditions précitées.

Sandra estime qu'il s'agit d'une discrimination, un deux poids deux mesures incompréhensible. La massothérapeute de Richelle en province de Liège développe : "Je peux comprendre la décision de ne pas reprendre les massages vu la distanciation difficile à respecter, mais quelle est la différence avec une esthéticienne qui va elle proposer par exemple un soin du dos ? On joue sur les mots, c'est honteux", déplore-t-elle.

Egalement via le bouton orange Alertez-nous, Suzanne dit ne pas comprendre non plus la différence de traitement avec les centres d'esthétique et les salons de tatouage, également autorisés à rouvrir, et parle "d'une incohérence manifeste".

Cette interdiction de réouverture maintenue pour les salons de massage est également considérée comme injustifiée par l'Uneb, l'Union nationale des esthéticiennes de Belgique. Sa présidente, Laurence Wuylens, dit avoir interpellé à plusieurs reprises les pouvoirs publics à ce sujet, en vain. "Si toutes les règles d'hygiène et de sécurité sont respectées, je ne vois pas de différence entre un massage du corps et un soin visage. Surtout que dans ce dernier cas, le praticien est en contact avec la bouche, le nez et les yeux du client". Elle pointe aussi la difficulté de vérifier quels soins sont effectivement prodigués en cabine.

Un massage du dos et un soin du dos, quelle différence ?

Sur l'aspect médical lié à la transmission du virus, l'infectiologue Yves Van Laethem, qui est également le porte-parole interfédéral coronavirus, estime qu'il y a peu de différences notables entre les deux en termes d'exposition au virus, "si ce n'est que dans un massage en bonne et due forme, on peut considérer que le contact entre le praticien et le client doit être plus proche que dans un simple soin et cela pourrait potentiellement poser problème". Est-ce cet aspect qui a été pris en compte ou est-ce une anomalie dans la prise de décisions qui sera bientôt rectifiée ? Difficile à dire.

Le secteur attend des clarifications

A défaut d'avoir pu dialoguer jusqu'à présent avec les autorités, le secteur espère obtenir des clarifications avant le Conseil national de sécurité du 3 juin, car "les règles pour les massages sont floues", juge-t-il. "On dirait qu'on a réfléchi en termes d'établissements et non en termes de prestations", regrette la présidente de l'Union des esthéticiennes qui affirme également comprendre "qu'il est difficile de distinguer chaque activité, chaque spécificité du métier". "Cette distinction un peu arbitraire pourrait aussi peut-être s'expliquer par un amalgame fait avec un autre type de salons de massage et à leur mauvaise réputation", avance Laurence Wuylens. La présidente de l'Uneb qui a été très sollicitée ces derniers jours par des massothérapeutes surpris de ne pas avoir été repris dans la liste des métiers de contacts autorisés à recevoir à nouveau des clients.

En Belgique, il y a au moins 7.000 professionnels de l'esthétique, toutes spécialités confondues. Les spécialistes du massage bien-être espèrent pouvoir reprendre au plus vite. Sandra touche le droit-passerelle mais n'a pas encore reçu l'indemnité wallonne de 5.000 euros pour les indépendants en difficulté. Et elle commence à trouver le temps long : "Ce ne sera pas évident de reprendre, les gens ont perdu du pouvoir d'achat... Heureusement, les clients fidèles reviendront".


 

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