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Risque de Black-out: on s'éclairera à la bouse de vache et au lisier de porc

Risque de Black-out: on s'éclairera à la bouse de vache et au lisier de porc
 
 

Si par malheur le délestage devait frapper cette commune du Hainaut, les habitants des rues atteintes pourraient toujours se rassembler dans le hall des sport. Là-bas, la lumière et la chaleur persisteront grâce aux... déjections des vaches et cochons des environs. Explications.

Alain utilise un appareil électrique pendant la nuit pour pouvoir dormir et craint donc que le délestage (coupure d'électricité de quelques heures visant à éviter un black-out) n'atteigne sa rue (lire notre article). En cherchant à savoir si des mesures étaient prévues pour lui, ou d'autres personnes dans son cas, lors d'un éventuel délestage, nous avons contacté Jean Fersini, le bourgmestre d'Aiseau-Presles, sa commune. Le hasard a voulu que nous tombions sur des autorités particulièrement actives dans la prévention contre la pénurie d'électricité.

Un courrier déjà envoyé aux commerçants l'année passée 

À Aiseau-Presles dans la province du Hainaut, on n'a pas attendu l'annonce du risque de black-out et du plan de délestage faite il y a quelques semaines, pour agir. L'année dernière déjà, un courrier a été envoyé aux indépendants et commerçants pour leur conseiller de s'équiper d'un groupe électrogène afin de pallier à des coupures d'électricité ou pire un black-out. Un groupe électrogène est un dispositif autonome qui permet de générer de l'électricité à partir d'un carburant comme de l'essence ou du gaz. La plupart des grandes entreprises en sont équipées mais généralement pas les plus petites, d'où cette lettre de sensibilisation.

Un hall des sports éclairé et chauffé au fumier

Si la commune devait être atteinte par une opération de délestage (voir la liste des rues qui pourraient être concernées à Aiseau-Presles mais aussi dans toutes les autres communes de Wallonie), un événement peu probable selon le bourgmestre qui indique qu'il faudrait "vraiment vraiment une catastrophe", les habitants des rues plongées dans le noir pourraient, s'ils le souhaitent, rejoindre le hall des sports.

D'ici peu, cette grande salle, de même que plusieurs autres bâtiments de la ville recevront chaleur et électricité directement en provenance d'une unité de biométhanisation construite sur le territoire d'Aiseau-Presles et inaugurée prochainement. Il existe une dizaine d'installations comme celle-ci en Wallonie. Elle permet de créer de la chaleur et de l'électricité à partir de gaz produit par la fermentation du fumier, du lisier ou des déchets végétaux issus des exploitations agricoles. En se décomposant dans des cuves étanches, ces matières produisent de la chaleur et du gaz qui est ensuite transformé en électricité (on parle d'unité de cogénération puisqu'elle génère deux formes d'énergie: chaleur et électricité). Quant aux résidus, appelé digestat, il peut resservir aux exploitants agricoles comme engrais à épandre sur leurs champs. L'unité a été construite avec l'aide de la région wallonne et de l'Union européenne. Elle constitue une source d'énergie renouvelable particulièrement utile puisqu'elle permet de valoriser des déchets agricoles, tout en permettant de continuer à alimenter en électricité certains bâtiments en cas de coupures.

Réunion-clef, le 29 septembre

Comme tous ses homologues des autres communes du Hainaut, Jean Fersini attend l'importante réunion du 29 septembre. Ce jour-là, le gouverneur de la province rencontrera tous les bourgmestres pour discuter des mesures destinées à lutter contre la pénurie d'électricité cet hiver. "Tout sera analysé et pris en compte", nous a confié Jean Fersini. Cette réunion permettra aussi aux communes de se concerter pour mettre éventuellement en place des actions communes. On peut effectivement logiquement penser que si des efforts sont demandés aux habitants d'une commune (par exemple, ne pas utiliser telle ou telle machine gourmande en électricité), autant que ceux-ci soient aussi réclamés aux riverains de la commune voisine.

Rappel sur le fonctionnement du plan de délestage et de ses 6 tranches

Concernant le délestage, soit la toute dernière mesure qui sera prise en cas de pénurie, le plan de délestage comprend 6 tranches. Chaque tranche représente une consommation d'électricité de 500 mégawatts qui seront déconnectés en cas de délestage (Pour avoir une idée de l'ordre de grandeur, sachez que 1 mégawatt correspond à la consommation d'environ 10 000 ampoules de 100 watt ou 5 000 systèmes informatiques). Les tranches sont réparties sur les différentes provinces ou régions belges. S'il y a une pénurie et que les mesures de réduction de la consommation sont insuffisantes, une première tranche va être délestée. Cela permettra de maintenir la stabilité du réseau. Si cela ne suffit pas, une deuxième tranche pourrait alors être délestée. Un délestage dure au maximum 2 à 3 heures. S'il faut à nouveau délester plus tard, on commencera par une autre tranche. Un système de rotation est prévu pour ne pas toujours affecter les mêmes personnes.

> En savoir plus sur le risque de pénurie et le plan de délestage

> En savoir plus sur la biométhanisation

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