En ce moment
 
 

Les deux consoles de jeux ne sont jamais arrivées, Audrey a été victime d'escrocs lors de la Saint-Nicolas: "Si je les ai en face de moi…"

 
arnaque
 

Un site un peu douteux mais soutenu par de la publicité sur Facebook, un virement bancaire et puis, plus rien. Audrey, une habitante de Bertrix, voulait gâter ses enfants pour le 6 décembre. Elle pensait faire une bonne affaire mais finalement, ça lui a coûté très cher. Plus que jamais en période de fêtes, il faut être vigilant aux fausses boutiques en ligne.

Saint-Nicolas, Noël, Nouvel-an: il est souvent tentant de dénicher le cadeau idéal, au meilleur prix, sur des boutiques en ligne. Mais si vous lisez régulièrement RTL INFO, vous savez que les arnaques ne manquent pas sur internet, et que l'e-commerce est souvent une porte d'entrée intéressante pour les escrocs. On en a parlé cette année avec les histoires de Filomena et Sarah, notamment.

Pour la Saint-Nicolas et la Noël 2019, des petits malins ont créé Elektro-shopping.com, un site web prétendant vendre un tas d'appareils, du smartphone au frigo en passant par la trottinette électrique et le rasoir. Méfiez-vous: ils encaissent l'argent mais n'envoient aucun produit.

La pratique est pourtant courante: un site marchand pas trop mal construit, des grosses promotions et de la publicité (avec de faux avis positifs) sur Facebook. Mais derrière, du vent. Quand il y a trop de mauvaises publicités sur les réseaux sociaux, tout est fermé et un nouveau nom/design remplace l'ancien.

Audrey a été victime de cette arnaque et a dû payer deux consoles, deux fois, pour le passage du grand Saint, le 6 décembre dernier. "On ne m'y reprendra plus, je ne commanderai plus jamais comme ça", nous a-t-elle confié après avoir contacté la rédaction de RTL INFO via le bouton orange Alertez-nous.

Deux consoles pour la Saint-Nicolas

A l'approche du 6 décembre, Audrey et son compagnon étaient à la recherche de cadeaux pour leurs enfants âgés de 5 ans et 12 ans. "Cette année, on voulait leur offrir des consoles", précise cette habitante de Bertrix âgée de 31 ans.

Et grâce aux cookies, internet sait exactement ce que vous avez en tête lorsque vous utilisez un navigateur ou un smartphone.

"Je n'ai même pas fait de recherche, c'est bêtement sur Facebook, le site est apparu dans les publicités". Audrey a "fait un tour sur la page Facebook" du magasin Elektro-shopping, et a jeté un œil au site. Tout lui "semblait sécurisé quoi qu'il arrive". Elle avoue cependant qu'elle "ne connaissait pas" ce site avant de l'apercevoir sur Facebook.

Une PlayStation 4 et une Switch pour environ 340€

En confiance, Audrey passe commande. "Une PlayStation 4 avec un jeu et une Switch avec des jeux, pour environ 340€ en tout". Ce qui est une trop belle affaire pour du matériel neuf :

La méthode de paiement est inhabituelle et aurait dû l'inquiéter. "On a reçu un email avec des détails pour faire un virement sur un numéro de compte allemand. On l'a fait à partir de nos comptes à vue".

C'est le 20 novembre que les parents ont passé commande. Début décembre, Audrey commence à s'inquiéter car rien ne bouge. "A ce moment-là, j'ai été voir sur Google. J'ai vu qu'il y avait beaucoup de commentaires négatifs, des achats qui ne sont jamais envoyés, etc. Et là je me dis 'mince', on ne les aura jamais en fait".

Nous avons tenté d'identifier un responsable mais il n'y a qu'une adresse email sur Elektro-shopping.com, et elle ne répond pas (c'est d'ailleurs un des critères d'un site commercial foireux). Sur le site d'identification des propriétaires d'un nom de domaine, on constate les faiblesses du système: la seule donnée est le nom d'une entreprise hébergeant des sites web.

La banque et la police ne peuvent rien pour elle

Son premier réflexe est de se retourner vers Elektro-shopping.com, via l'email disponible sur le site et via Facebook Messenger, où de manière automatique lorsqu'on visite cette page, "ils me demandent comment ils peuvent m'aider". Et là, forcément, Audrey fait part de ses inquiétudes et demande un remboursement. Mais la discussion tourne court: "J'ai voulu leur dire que c'étaient des voleurs, et ils m'ont bloqué, donc je ne sais plus rien faire".

Elle passe alors à la vitesse supérieure. "J'ai été voir ma banque, j'ai trouvé le numéro spécial fraude sur le site d'Axa". Ensuite, "tout s'est passé par email". Axa a pris la peine d'enquêter sur la transaction: "ils ont pris contact avec la banque allemande, mais dès que l'argent est rentré, il a été retiré automatiquement du compte", en liquide. Donc la banque de l'escroc ne peut pas transférer l'argent dans l'autre sens (alors que dans le cas de Géraldine, ING, prévenu directement, a eu le temps de bloquer le virement). Concernant le titulaire du compte allemand, forcément identifié par les banques, il n'est pas une preuve suffisante car le phénomène des "mules financières" est partout: un jeune sur dix est disposé à prêter son compte et sa carte bancaire en échange d'argent (à des escrocs et parfois sans le savoir) - c'est un fléau contre lequel lutte Febelfin, la Fédération belge du secteur financier.

Quoi qu'il en soit, Audrey a été à la police porter plainte pour avoir un procès-verbal, à la demande de la banque. "J'ai vite compris qu'ils ne pourraient rien faire pour moi. Pour eux, c'est de l'argent perdu". La justice prend parfois la peine d'enquêter mais il faut une convergence de dossiers, donc plusieurs plaintes identiques et simultanées. Le but sera alors de démonter un réseau et non de résoudre chaque petit cas individuellement, et ce principalement à cause du manque moyen.

"On a été chercher des consoles en magasin"

Comprenant qu'elle ne reverrait pas son argent et qu'elle n'aurait pas de consoles, Audrey et son compagnon n'ont pas eu le choix. "Pour nos enfants, c'est ce qui était prévu pour la Saint-Nicolas, donc on a ressorti la somme et on a été les chercher en magasin, et ça a coûté bien plus cher".

Les conséquences se font rapidement ressentir. "Nos consoles, on les a payées deux fois. Ça a mis la crise dans la maison, car on avait prévu cet argent pour autre chose". Clairement, Audrey a la rage. "Si je les ai en face de moi, je ne sais pas ce que j'en ferais, mais ils voleraient. On travaille tous les jours et cette année, oui, on a voulu vraiment faire plaisir aux enfants… Et voilà. On a du mal à le digérer".

Ce qui l'enrage d'autant plus, c'est que "ils continuent, mais avec un autre nom, la page My shop sur Facebook, qui renvoie vers le site euros-shop.com. Ce sont les mêmes promos, les mêmes consoles". Audrey "signale dès qu'elle peut sur cette page Facebook que c'est une arnaque, mais je suis bloquée, donc ils continuent d'arnaquer des gens":

Nos conseils pour un shopping sécurisé

Ils ne changent pas, mais il est toujours bon de les rappeler. N'achetez des objets de grande valeur que sur des sites de confiance. L'idéal, c'est le site d'une enseigne bien implantée en Belgique, comme Vanden Borre, Carrefour, Dreamland, MediaMarkt, Fnac, etc.

Acheter sur des sites qui ne font que du commerce en ligne est une option, mais il faut alors se limiter à des enseignes renommées, comme Amazon, avec le "risque" qu'il s'agisse d'un modèle de console non belge, ce qui pourrait poser problème en cas de garantie (mais normalement, les garanties sont européennes). 

Si vous osez des sites inconnus, vérifiez impérativement leur réputation sur trustpilot, par exemple. Il faut également être capable d'identifier et de vérifier qui exploite le site (un nom d'entreprise, une adresse, que vous taperez dans Google pour voir s'ils sont authentiques).

Dans tous les cas, privilégiez toujours une option de paiement sécurisée, et pas le virement bancaire de compte à compte effectué par Audrey. PayPal permet de récupérer la somme assez facilement dans les 14 jours. MasterCard et Visa ont des options de protection des achats en ligne si vous utilisez leurs cartes de crédit, mais il faut vérifier votre contrat avec la banque.


 

Vos commentaires