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Le patron d'une brasserie mythique de Saint-Gilles fait bouger les aides Covid à Bruxelles: un nouveau prêt possible dès février

Le patron d'une brasserie mythique de Saint-Gilles fait bouger les aides Covid à Bruxelles: un nouveau prêt possible dès février
 
CORONAVIRUS
 

La Région bruxelloise avait jusqu'à aujourd'hui prévu des prêts de seulement 15.000€ pour les toutes petites entreprises et indépendants, ou de plus de 100.000€ pour les plus grosses structures. L'appel à l'aide du patron de la brasserie Verschueren, ainsi que la vague de générosité qui a suivi, ont fait prendre conscience aux autorités régionales que leur dispositif n'était pas adapté à la plupart des établissements horeca de Bruxelles. Dès février, ce sera chose faite. De quoi sauver, entre autres, la brasserie de Robert.

Le 9 décembre dernier, Robert Van Craen, patron de la célèbre brasserie Verschueren, une institution à Saint-Gilles, publiait un coup de gueule vidéo sur Facebook.

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Au bord de la faillite, il y dénonçait le manque d’aides dont il a pu bénéficier pour permettre à son établissement de survivre à la crise du coronavirus.

Propriétaire, banques, commune : personne pour l'aider

Son propriétaire lui a accordé 50% de réduction sur son loyer durant 2 mois : trop peu pour survivre sur la durée.

Les banques ne l’ont pas suivi, puisqu’elles estimaient que s’il avait de l’argent ou des biens personnels en réserve, il n’avait pas besoin d’un prêt. Et à contrario, que s’il n’avait plus d’argent, il représentait alors un trop gros risque.

La commune, même si elle ne propose pas d’aide, l’a menacé de fermeture après avoir commis 2 infractions dont celle d’avoir proposé du take away… réservé aux restaurants et non aux cafés.

Aucun emprunt adapté à la plupart des établissements horeca

Enfin, il expliquait que l’aide élaborée par la Région bruxelloise, sous forme d’un prêt, n’était pas adaptée à son établissement, ni à la plupart des cafés bruxellois.

D’un côté, "des emprunts de 15.000€ étaient prévus pour des toutes petites structures. Mais j’ai besoin de plus de 10.000€ par mois de fermeture pour des frais non-compressibles comme le loyer ou les assurances", explique-t-il. Ce prêt lui aurait donc permis de tenir un mois et demi, sans plus.

D’un autre côté, la Région propose "des emprunts à partir de 100.000€ pour 10 temps pleins. Et je n’avais que 8 temps pleins et pas de dérogation possible. On vend des boissons à 2€… Il faut déjà en vendre pour payer 8 temps plein", s’insurge-t-il.

La plupart des patrons de bars à Bruxelles étaient dans la même situation : trop gros pour avoir une utilité d’un petit prêt de 15.000€, trop petits pour prétendre à un plus gros prêt. "Un trou énorme d’aides pour des vraies PME", résume Robert Van Craen.

Vague de solidarité : 17.000€ grâce à un crowdfunding ...

Ce constat, il n’est pas passé inaperçu sur Facebook. Une énorme vague de solidarité s’est mise en place. "La vidéo n’était pas du tout prévue pour Facebook. Je l’ai faite avec mon fils dans ma cuisine. Le but était de la montrer à mon personnel. Ça a fait un petit buzz et un effet boule de neige."

Face à tous les messages de soutien qu’il a reçu, Robert a commencé par lancer une opération de crowdfunding le 12 décembre. IN  Quatre jours plus tard, il avait déjà récolté 11.000€. Après les 15 jours de l’opération, la somme de 17.000€ était disponible. "560 personnes ont donné un petit quelque chose : 10€, 20€. Merci merci merci toute la communauté", réagit-il.

... pour payer ses étudiants jobistes qui n'ont droit à rien

Pas de quoi sauver l’établissement, mais assez pour aider certains travailleurs du Verschueren : les étudiants… "On a mis le point sur un problème. Les étudiants qui bossent chez moi, ils n’ont déjà pas facile économiquement en temps normal. Et eux n’ont eu droit à aucune aide contrairement aux travailleurs. On a donc continué de les soutenir pendant les mois de confinement en leur allouant une prime de Covid. Donc tout l’argent du crowdfunding va aller au personnel. Il ne va pas servir à payer les assurances ou le loyer, mais ça va permettre aux étudiants de sortir de l’impasse", explique le patron.

J'ai touché une corde sensible qui a vibré bien au-delà de la brasserie

La Région bruxelloise entend l'appel et transforme son prêt Recover en prêt Hivernage

Mais au-delà de la vague de solidarité, le crowdfunding "n’a pas seulement été utile en levant des fonds : il a envoyé un message fort aux diverses instances politiques et économiques. La Région nous a laissé entrevoir l’espoir d’un emprunt salvateur", écrivait Robert sur le Facebook de la brasserie le 26 décembre.

Et effectivement, son appel à l’aide a été entendu. "Effectivement, le dispositif précédent dont parle le patron du Verschueren qui concernait des prêts jusqu’à 15.000€ (le prêt Recover) touche à sa fin. Il est remplacé par le prêt Hivernage qui pourra aller jusqu’à des montants de 100.000€ et sera disponible chez Brusoc dès le 1er février", confirme le porte-parole de la secrétaire d’Etat bruxelloise de la Transition économique Barbara Trachte, qui gère ce dossier.

Il sera accessible aux TPE (très petites entreprises) de moins de 10 équivalents temps plein et aux indépendants, pour autant qu’ils comptent déjà au moins 12 mois d’activité, avec un taux fixe de 1,75% et un remboursement en 3 à 6 ans.

74 millions d'euros de primes dès fin janvier

Une autre mesure a été prise par le gouvernement bruxellois et annoncée hier: de nouvelles primes pour les secteurs à l'arrêt ou impactés par les mesures de lutte contre le coronavirus. Une enveloppe de 74 millions d'euros a été prévue. Elle doit compenser la perte de chiffre d'affaire sur les 3 derniers mois de 2020 par rapport aux 3 derniers mois de 2019 en fonction du nombre d'équivalents temps plein. Pour les cafés comme le Verschueren, le montant de la prime ira de 5.000€ à 36.000€.

Un livre d'or pour remercier tous ceux qui l'ont soutenu

Robert Van Craen se réjouit d’avoir pu faire bouger les choses, pour lui, son équipe, mais aussi ses collègues de l’horeca bruxellois. Mais ce qu’il retient de cette histoire, c’est qu’au pire moment, il a pu compter sur le soutien des clients d’aujourd’hui comme d’hier. "La réaction de la communauté ça a été le plus important pour moi. C’est ce qui nous a tous touché. Tout le monde a donné une petite histoire en rapport avec le Verschueren. Parfois datant de bien avant qu’on soit là. Comme cette dame qui se rappelait que son grand-père l’emmenait là avant la 2ème guerre mondiale. C’est ce que moi j'appelle la mémoire collective. C'est quelque chose qui fait partie d'un établissement.

Pour remercier tous ses donateurs, un livre d’or est désormais en préparation.

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Comme il l’explique dans ce post, avec ce nouveau prêt possible, la brasserie devrait être sauvée. Et Robert se réjouit de retrouver un jour sa passion. "Je n’ai pas de télévision mais moi, ce café c'est ma télévision de tous les jours. Ça fait depuis 16 années que c'est dans mes tripes et ça me surprend combien je peux encore être étonné de la vie qui défile sous mes yeux ou des histoires qu’on me partage." La vague de solidarité, "ça a été un réconfort énorme. J'ai touché une corde sensible qui a vibré bien au-delà de la brasserie. Les gens se rendent compte que les cafés sont importants pour le lien social."


 

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