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Jean-François, handipêcheur de Malmedy, pousse un coup de gueule: "Marre qu’on parle toujours de foot"

Jean-François, handipêcheur de Malmedy, pousse un coup de gueule: "Marre qu’on parle toujours de foot"
 
 

La compétition approche à grand pas. Le 21 mai prochain aura lieu à Malines le championnat de Belgique pour pêcheurs handicapés. Un rendez-vous que Jean-François Beghon, un habitant de Malmedy ne raterait pour rien au monde. Devenu invalide il y a une quinzaine d'années, il s’entraîne toute l'année pour participer à la compétition.

"J’en ai marre qu’on parle toujours de football, de tennis, de Formule 1 alors qu’il existe aussi le championnat de Belgique de pêche pour personnes à mobilité réduite". C’est un cri du cœur de Jean-François Beghon, handicapé, qui nous contacte via le bouton orange Alertez-nous. En joignant notre rédaction, cet habitant de Malmedy de 44 ans souhaite mettre en lumière sa passion, son sport: la pêche. "Personne n’en parle. Il existe même un championnat du monde pourtant", poursuit-il.


Une compétition à oublier 

Le compte à rebours a déjà commencé. Le 21 mai prochain a lieu le 20e championnat de Belgique de handipêche. Cette année, il prend ses quartiers à Malines dans la province d’Anvers. L’an passé, il avait eu lieu en province du Luxembourg à Erezée. Un mauvais souvenir pour Jean-François. Il a fini 14e sur 25. "Je pouvais faire mieux. C’était dans un étang que je connaissais très bien où je vais souvent pour passer du temps. Je suis parti sur de mauvaises bases dans cette compétition." On le sent, l’expérience lui est restée au travers de la gorge. Alors le 21 mai prochain, ce sera une autre limonade. Le pêcheur de Malmedy en veut plus et met toutes les chances de son côté: "Le samedi avant la compétition, je vais aller sur place pour voir comment le poisson réagit, sur quel appât, quelle farine, quelle graine, etc."

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Comme un poisson dans l’eau

Son handicap, Jean-François a appris à vivre avec. Valide de naissance, son parcours professionnel débute en 1994. "J’ai commencé ma carrière dans l’administration pénitentiaire." Mais peu à peu sa santé va se dégrader. "J’ai commencé à faiblir. J’ai été voir médecin sur médecin." Et en 2002, l’annonce tombe. Il souffre d’un emphysème lié à de l'asthme. Il est déclaré inapte au travail par la 'Direction générale des personnes handicapées'. Depuis, Jean-François, "essaie de vivre comme tout le monde, normalement." Et la pêche, c’est son échappatoire. "La pêche m’aide dans mon handicap. Ça me fait passer les idées. Ça me fait changer de comportements, au lieu de rester enfermé chez moi. Je m’entraine une à deux fois par semaine et le dimanche j’ai même un petit concours."

Mais le sommet pour Jean-François c’est la pêche aux carnassiers. Un vrai combat. "C’est celle où je m’amuse le mieux. Le brochet, la carpe et le silure sont des poissons très combattifs."

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 Un vainqueur par kilo

La pêche, c’est "une passion et un sport". Un virus que Jean-François, sportif dans l'âme et fan du Standard, attrape dès sa tendre enfance à l’âge de 5 ans. "J’ai commencé avec mon papa et mon grand-père. Je pêchais la truite dans les étangs et dans les pêcheries. Après, j’ai démarré seul dans les rivières, les ruisseaux. J’ai gravi peu à peu les échelons." Les concours arrivent plus tard dans le parcours: "J’ai commencé la compétition, il y a 17 ans." En 2010, il prend place à son premier championnat de Belgique d’handipêche. "Il y a une bonne ambiance. On rigole entre nous. Mais attention, ça reste une compétition on ne peut pas s’entraider". Le ton est donné.

Trois heures. C’est le temps qu’ont les handipêcheurs pour remonter un maximum de poissons dans leur filet. Le poids final de la pêche sera capital pour le décompte final. Les participants sont répartis en trois catégories en fonction de leur handicap. Jean-François fait partie de la Catégorie C, car il peut marcher normalement. "Mon handicap ne se voit pas. Je peux me permettre de faire des concours de 5 heures même. D’autres ne sauraient pas, c’est impossible pour eux." Les pêcheurs avec un handicap lourd peuvent être accompagnés d’un aidant. Exemple, si une personne présente une déficience aux bras, un aidant peut venir lui apporter un soutien. En fin de journée, c’est la pesée et les résultats sont décernés dans les trois catégories. Détail qui a son importance: les poissons sont remis dans l’eau. Et "tout le monde se retrouve pour boire un verre en fin de journée."

Rendez-vous pris dans quelques jours, le 21 mai, à Malines. Jean-François ne se veut pas se louper comme l’an dernier. Il mettra toutes les chances de son côté pour être frais comme un gardon. 

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