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Nicole, 72 ans, et son mari, deux héros discrets de Frasnes-lez-Anvaing: pour le sourire des enfants de Tchernobyl

Nicole, 72 ans, et son mari, deux héros discrets de Frasnes-lez-Anvaing: pour le sourire des enfants de Tchernobyl
 
 

Nicole Arbon a 72 ans et dédie sa vie aux enfants. Une véritable vocation. À Frasnes-lez-Anvaing, en province du Hainaut, des générations de parents ont confié leur progéniture à la garderie de Nicole tandis qu'ils partaient au travail. "J’ai élevé plus ou moins 150 enfants dans ma carrière", compte Nicole. En 1994, le bien-être des enfants devient un véritable combat qu'elle va mener bien au-delà des frontières de sa région. Elle et son conjoint font la rencontre du Docteur Guisset, un médecin de la commune qui organise des convois en direction de Gomel, une ville de Biélorussie fortement touchée par les radiations nucléaires de Tchernobyl. Denrées alimentaires et produits de premières nécessités sont acheminés aux familles. Le couple décide d'apporter son aide au docteur. Nicole commence par profiter de son carnet d’adresses de parents pour collecter jouets et vêtements. Un an plus tard, elle fonde l’association Les enfants de de Gomel, avec un entrepôt trouvé à Bruxelles grâce à l'intervention de Bel RTL.


Colis personnalisés

Dès les premiers convois vers la Biélorussie auxquels ils participent, Nicole et ses compagnons conçoivent une base de données pour personnaliser les colis selon les besoins des familles, des enfants, des orphelinats et des infirmes. Pour faciliter la communication, Nicole entre en partenariat avec une association biélorusse sur place. Ils coopèrent ensemble pour réceptionner les colis dans un dépôt à Gomel et gérer la communication avec la douane. Chaque voyage permet de livrer plus de 1600 colis particuliers. Cette gestion au cas par cas par une association n’est pas commune et cette démarche demande un travail titanesque de tri.

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L'investissement de Nicole grandit et devient total. Elle met un terme à sa garderie de Frasne pour se consacrer pleinement aux enfants de Gomel. Trois ans après sa création, l'asbl se lance dans l'accueil des enfants biélorusses en Belgique pendant les vacances scolaires. Des familles se sont portées volontaires pour accueillir ces enfants à Noël, à Pâques ou pendant les vacances d’été. L’association a également contacté des orphelinats de la région pour prendre des enfants sous leurs ailes pendant les vacances.

"Les enfants de Gomel portent du Césium 137 (NDLR: élément radioactif provenant de la fission de l’uranium, le combustible d'une centrale nucléaire) dans leur corps, notamment à cause d'aliments qu’ils consomment là-bas et qui sont contaminés. Lorsqu’ils viennent un mois chez nous et qu’ils mangent bien, leur taux de césium diminue de moitié", assure Nicole. Mais la radioactivité n'est pas la seule cause des difficultés subies par des enfants à Gomel. Des difficultés sociales se superposent selon Nicole qui évoque notamment l'alcoolisme de parents ou encore la démission de pères qui quittent le foyer.

Le transport des enfants en bus vers la Belgique est entièrement pris en charge par l’asbl, les associations partenaires et les familles d’accueil. "Pour les bus, faut compter un budget entre 8 et 10 000 euros", évalue Nicole. Ce programme est un vrai succès. Au début du projet, les enfants biélorusses qui venaient passer leurs vacances en Belgique n’était qu’au nombre de 12, aujourd’hui ils sont plus de 53: "Les enfants sont comme chez eux, ils ont beaucoup de contacts avec leur famille d’accueil grâce à la correspondance papier et à Skype. Pour eux, c’est leur deuxième famille."

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Pour financer cette logistique importante, Nicole et ses bénévoles organisent des fêtes, des tombolas et des marchés de Noël en Belgique. Mais ces gains ne suffisent plus depuis que, au mois de décembre, le loyer mensuel de l’entrepôt, localisé au port de Bruxelles, est passé de 250 à 700 euros. Impayable pour l'association contrainte de quitter les lieux. "Il n’y a que l’argent qui les intéresse" déplore la septuagénaire. "Actuellement, une partie des denrées est chez moi mais je n’ai pas la place de tout entreposer, il me faudrait une surface d’au moins 70 m²", estime notre interlocutrice qui a envoyé une lettre au président du port de Bruxelles mais elle est restée, jusqu'à présent, sans réponse. Pour une association humanitaire, un entrepôt est primordial: "Je reçois tous les jours des lettres de familles et de personnes handicapés, mais je ne sais pas quand nous pourrons envoyer les colis sans entrepôt."

Nicole Arbon lance un cri du cœur. Ces jours sont rythmés par l’angoisse de ne pas retrouver d’entrepôt, elle en appelle donc à la générosité des Bruxellois pour trouver un espace capable d’accueillir ses denrées humanitaires dédiées aux enfants de Gomel.


 
 


 

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