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Emilie nettoie les rivières polluées avec les cheveux de son salon de coiffure à Hannut: "C'est vraiment une grande aide avec pas grand-chose"

Emilie nettoie les rivières polluées avec les cheveux de son salon de coiffure à Hannut: "C'est vraiment une grande aide avec pas grand-chose"
 
 

Émilie a récemment ouvert son propre salon de coiffure, alors qu'elle n'a que 22 ans. Elle a décidé de nous en parler via le bouton orange Alertez-nous car son commerce est plutôt spécial : tous les produits y sont naturels et écoresponsables. Elle y pratique le zéro-déchet, notamment en recyclant les cheveux coupés de ses clients pour nettoyer les cours d'eau wallons.

Le salon de coiffure qu'a ouvert Émilie, à Moxhe (une section de la commune de Hannut, en province de Liège), est hors du commun. Du haut de ses 22 ans, la jeune femme a créé Natu'Racine, le premier salon écoresponsable de la région. Tout y a été pensé pour minimiser son impact sur la planète, et pour prendre soin de sa clientèle, grâce à des produits totalement naturels. Parmi ses spécificités : le recyclage de cheveux pour nettoyer les océans.

Après un an de coiffure à domicile, Émilie s'est décidée à lancer son propre salon de coiffure début mars 2022. "C'est parti de la marque que j'utilise depuis un an. J'utilisais déjà ces produits dans mes stages depuis trois ans, et je suis tombée totalement amoureuse de la marque" raconte-t-elle. Cette marque qu'elle aime tant se veut totalement naturelle, c'est ce qui a donné l'idée à Émilie de créer Natu'Racine : "Je me suis dit que j'allais essayer de tourner le salon entièrement là-dessus, parce que je me suis rendu compte que ça n'existait pas chez moi". Face à ce constat, la jeune coiffeuse s'est lancée dans l'aventure de l'entrepreneuriat.

Dans son salon, Émilie tient à se tenir à l'écart des produits classiques : "On essaye d'éviter tout ce qui peut endommager les cheveux, on va vraiment mettre l'accent sur un maximum de naturel". En un mois, la jeune femme s'est rendu compte que la demande est là, même dans son village. "Pendant le confinement, les gens ont recommencé à s'intéresser à tout ce qui est essentiel", se réjouit-elle. Parmi ses clients, elle dit rencontrer de nombreux profils qui viennent pour différentes raisons : "Des dames qui veulent éviter tout ce qui est chimique dans leurs cheveux, celles qui viennent avec leurs enfants et qui souhaitent les tenir à l'écart de toutes les émanations chimiques, ou les personnes qui veulent revenir au local".

Les cheveux ont une particularité vraiment formidable

Des cheveux pour sauver les rivières

La spécificité du salon ne se trouve pas seulement dans les produits utilisés. Émilie essaye de se rapprocher au plus près possible du "zéro déchet", en utilisant des produits réutilisables. Même les cheveux coupés de ses clients ne vont pas à la poubelle grâce à sa collaboration avec l'ASBL Hair Recycle. Cette association envoie des "sacs à cheveux" aux salons participants, destinés à être remplis de "tous les cheveux, qu'ils soient blancs, gras ou secs, tous peuvent y passer". Ces cheveux sont ensuite récupérés par l'association.

Patrick Janssen, son responsable, explique que "les cheveux ont une particularité vraiment formidable, ils sont lipophiles, c’est-à-dire qu'ils absorbent le gras et les huiles, d'ailleurs un kilo de cheveux peut absorber 8 litres d'huile". Hair Recycle les utilise donc pour fabriquer des boudins "avec des gaines en géotextiles, qui laissent passer les liquides d'un côté, mais pas de l'autre". Ces boudins sont ensuite placés dans des cours d'eau en Belgique, afin de les laver d'hydrocarbures qui s'y seraient déversés. "On est encore contactés aujourd'hui par des gens qui ont eu leurs caves inondées cet été, et cela a fait remonter le pétrole", raconte Patrick Janssen.

L'idée plaît beaucoup à la jeune coiffeuse, qui paye un abonnement à l'année pour pouvoir y participer : "C'est vraiment une grande aide avec pas-grand-chose. Payer ça ou mes poubelles, ça revient au même, j'aime autant le faire de cette façon-là". Plus encore, Émilie estime "que ça devrait être obligatoire en Belgique, parce que quand on voit les tonnes de cheveux que l'on jette dans les salons de coiffure, c'est énorme".

Je n'ai pas de doute par rapport à l'envie de la clientèle d'avancer vers quelque chose de mieux

Un franc succès

Le projet de Hair Recycle en est encore à ses prémisses et pourtant, cela semble très bien parti. L'association travaille avec près de 400 coiffeurs en Belgique, "chaque coiffeur nous fournit 2kg de cheveux par mois, soit une tonne par mois" précise Patrick Janssen. L'ASBL espère, à l'avenir, convaincre encore plus de coiffeurs de passer le cap.

De son côté, le salon d'Émilie se porte très bien, la clientèle est au rendez-vous et soutient le projet de la jeune coiffeuse, "c'est gai de se dire que même dans des petits villages, c'est possible". Elle espère que l'avenir sera tout aussi fructueux, et que bientôt son salon sera rempli, "mais je n'ai pas de doute par rapport à l'envie de la clientèle d'avancer vers quelque chose de mieux".


 

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