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Contrôle technique: pour Hakan, vendeur de voitures, le délai minimum de 15 jours est ingérable

"Il faut attendre 15 jours!": pour Hakan, vendeur de voitures, le délai pour passer au contrôle technique est ingérable
© Image d'illustration Pixabay
 
 

Hakan a enfin pu retrouver son garage. Après plusieurs semaines d’interruption forcée, ce vendeur de voitures d’occasions relance son activité. "En tant qu’indépendant, c’est compliqué. On a eu beaucoup de pertes", déplore-t-il. 

Les clients reviennent peu à peu et l’espoir renaît pour ce vendeur à Charleroi. Mais on est encore loin d’un retour à la normale. Du côté des stations de contrôle technique, passage obligé pour Hakan, les mesures sont strictes. Afin d'éviter un afflux massif de clients, il est désormais obligatoire de prendre un rendez-vous au préalable. Une condition qui complique le travail des revendeurs de véhicules d'occasion.

Lorsque Hakan trouve un acheteur, celui-ci lui verse un acompte. Après cela, Hakan doit présenter le véhicule au contrôle technique. Le but étant de vérifier que la voiture qui s’apprête à être vendue est en ordre d’un point de vue légal (pneus, freins, phares, gaz d’échappement, etc). Avant l’apparition de la pandémie, Hakan se ruait dans une station de contrôle technique dès qu’un acheteur se présentait. En quelques jours seulement, la transaction était effectuée et la voiture quittait le garage d’Hakan. Or la crise du coronavirus a tout bouleversé.

Je ne vois pas pourquoi on doit prendre rendez-vous car même avec ça, il y a des immenses files devant les stations

L'obligation de prendre un rendez-vous

Le 4 mai dernier, le gouvernement wallon a décidé de rouvrir toutes les stations de contrôle technique à l'ensemble des prestations d'inspection et pour tous les véhicules. Mais cette réouverture est soumise à plusieurs conditions. Parmi elles, l’obligation de prendre un rendez-vous au préalable.

Pour Hakan, c’en est trop. "Maintenant, il faut attendre 15 jours avant de passer le contrôle technique !", s’exclame l’habitant de Charleroi. Avant d’ajouter : "Ce qui fait que j’ai des voitures qui doivent rester au garage en attendant. Et je ne peux pas en accueillir d’autres par manque de place". 

Le vendeur peine à comprendre de telles règles. "Je ne vois pas pourquoi on doit prendre rendez-vous car même avec ça, il y a des immenses files devant les stations", lâche-t-il.

Pour Hakan, cette condition n'est pas acceptable, d'autant plus qu'en Flandre, les règles ne sont pas les mêmes. En Région flamande, pas besoin de prendre de rendez-vous. Le 20 avril dernier, les autorités ont décidé de permettre aux revendeurs de véhicules de passer les contrôles techniques sans rendez-vous préalables. "C’est de la concurrence déloyale. Si mes clients doivent attendre pour avoir leur voiture, ils vont aller en Flandre où l’on attend pas", dénonce Hakan.

Pour ce vendeur, l’enjeu est grand. Coûte que coûte, il faut renflouer les caisses de son entreprise. "J’ai déjà fait 100 bornes pour faire des contrôles en Flandre. Je perds du temps et de l’argent mais au moins, je ne rate pas le client", nous confie-t-il.

Des mesures sanitaires imposées

Effectivement, le gouvernement wallon a décidé de rouvrir sous conditions toutes les stations de contrôle technique à l'ensemble des prestations d'inspection et pour tous les véhicules.

Toutefois, les contrôles techniques doivent s'effectuer uniquement sur rendez-vous. Deux organismes centralisent et attribuent les rendez-vous: AIBV et le groupe Autosécurité. Aujourd'hui, les délais se situent à 3 semaines, comme nous l'indique Christophe Blerot, porte-parole du SPW Mobilité et Infrastructures. "Nous sommes conscients que ces délais ne sont pas confortables pour les professionnels", concède le porte-parole. 

Car un problème se pose aujourd'hui dans les stations de contrôle technique.  Afin de réguler l'affluence, la période de validité des certificats arrivant à échéance entre le 4 et le 31 mai 2020 est prolongée d'un mois. "Les personnes qui devaient faire leur contrôle en mai se retrouvent à le faire en juin, avec celles dont le certificat s'achève en juin. Et on retrouve aussi des personnes dont le certificat est arrivé à échéance entre mars et mai", nous éclaire Christophe Blerot. Résultat: les stations de contrôle croulent actuellement sous les demandes. 

Une capacité d'accueil de 120% 

En comparaison à une période normale, la capacité d'accueil des centres est actuellement de 120%. Pour faire face à cet afflux de clients important, les stations s'organisent. Un élargissement des horaires d'ouverture a été mis en place, certaines stations pratiquent d'ailleurs durant une partie de la nuit. Le but étant de proposer une plus grande plage horaire aux clients. "On pense aussi à la santé des personnes qui travaillent dans les centres de contrôle. Il a fallu penser l'organisation des équipes autrement. Il faut rappeler que la crise est toujours en cours et que l'on est pas encore totalement déconfinés", souligne le porte-parole du SPW.

Afin de contrôler au mieux la situation, les autorités demandent aux personnes dont le certificat est arrivé à échéance entre mars et mai de reporter leur rendez-vous. Un délai de six mois leur a été accordé. 

Pour des professionnels comme Hakan, le SPW nous précise que des centres de contrôle leur permettent de réserver périodiquement des créneaux afin de faire contrôler un certain nombre de véhicules. "On peut imaginer que le vendeur vienne tous les mardis entre 8 et 10h par exemple", indique Christophe Blerot. Avant d'admettre: "Bien sûr, ce processus est valable uniquement pour les professionnels dont le nombre de véhicules est suffisant pour permettre un rendez-vous régulier".

Impossible de savoir jusqu'à quand la prise de rendez-vous sera obligatoire en Wallonie. "Cela relève de la compétence de Mme Valérie de Bue. Pour l'instant, un arrêté ministériel ordonne la prise de rendez-vous préalable", conclut le porte-parole.


 

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