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Après la faillite de son restaurant, Eric est sur le point de PERDRE SA MAISON familiale mise en garantie: aurait-il pu éviter ce drame?

Après la faillite de son restaurant, Eric est sur le point de PERDRE SA MAISON familiale mise en garantie: aurait-il pu éviter ce drame?
 
 

A 40 ans, il voulait réaliser son rêve, en devenant le patron de son propre restaurant. Mais pour se l'offrir, il a dû mettre sa maison en garantie. Et tout ne s'est pas passé comme prévu. Aujourd'hui, Eric fait un appel aux dons pour... sauver sa maison.

Si certains jouent toujours la carte de la sécurité en restant employé, d'autres préfèrent se lancer, prendre des risques pour devenir leur propre patron.

Après une carrière dans l'horeca qui l'a mené de Jauchelette à Namur en passant par Bruxelles, Eric, qui a également donné des cours à des apprentis, a décidé de lancer son propre restaurant en 2013. "Pour ma quarantaine, je me suis dit que j'allais tenter l'expérience, j'ai vu un restaurant à remettre sur le Namurois", nous a-t-il expliqué via le bouton orange Alertez-nous.

Mais tout ne s'est pas passé comme prévu et aujourd'hui, la maison familiale est en vente pour résorber les dettes. "On a besoin d'un capital de 100.000€ en crédit privé", explique-t-il. Une amie leur a ouvert un compte sur la plateforme Leetchi, une cagnotte solidaire en ligne ou chacun peut l'aider. Hélas, Eric est très loin du compte.

Un succès mal géré

On l'a dit, après des études et une carrière dans l'horeca, Eric a pris le risque d'ouvrir son propre établissement. Le rêve de sa vie. "34 places, une équipe de 5 personnes". Au début de sa nouvelle aventure en solo, tout s'est bien déroulé pour Eric, qui a dû laisser de côté ses autres activités. "J'ai arrêté de donner des cours, car le restaurant prenait tout mon temps".

Le succès fut au rendez-vous. "J'ai fait une fois et demi le chiffre d'affaire de mon prédécesseur". Ensuite, "aussi bizarre que ça puisse paraître", la situation s'est dégradée. "J'ai du engager plus de personnel, les charges étaient beaucoup plus importantes que ce que rapportait le restaurant à un moment".

Une spirale négative est apparue. Et autant de raisons qui ont précipité la chute du restaurant: "Prévisions financières irréalisables, suivi comptable limité, inexpérience en gestion, peu de ressource disponible, succession de trop nombreux imprévus comme du matériel vétuste, vouloir trop bien faire, etc…"

La suite est connue. "On a essayé de s'en sortir, on a fait un concordat judiciaire (une mesure juridique pour sauver une entreprise, en suspendant provisoirement ses dettes le temps qu'elle se redresse financièrement). Mais l'engrenage, une fois qu'il est en route… On a essayé de faire tout ce qu'on pouvait pour sauver le restaurant, mais ça n'était plus possible".

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Eric devant son restaurant, il y a quelques années

Sa maison en hypothèque

Hélas, Eric avait lancé son restaurant en tant qu'indépendant. Et on le sait, le travailleur qui choisit de développer son activité en nom propre et non sous couvert d’une société prend des risques financiers plus importants. Car les dettes issues de l’activité peuvent être récupérées sur le patrimoine du travailleur indépendant. Et ce patrimoine, c'est une maison, par exemple. Même si l'indépendant y vit avec une femme et deux enfants.

Le cas d'Eric, cependant, est assez complexe. "Ma maison a été mise en hypothèque au moment de l'achat du restaurant. C'était un montage financier assez complexe, et pour pouvoir avoir le crédit bancaire, on a dû mettre la maison en garantie. Et en même temps, on a fait un rachat de crédit hypothécaire, puisque les taux étaient très intéressants". En tout, les nouvelles mensualités s'élevaient à "entre 4 et 5.000 euros par mois".

Quand les bénéfices dégagés par le restaurant n'ont plus suffi, Eric n'a plus su payer les mensualités de son crédit. "J'avais un arriéré de crédit de 450.000€. Quand ça n'a plus été, un curateur est venu à la porte de la maison. J'ai été déclaré en faillite, j'ai dû arrêter de travailler".

Eric a rapidement repris un numéro d'entreprise, et est redevenu indépendant dans le commerce du vin, car "rester sans travailler, je ne sais pas le faire". Il avait donc à nouveau des revenus, mais "pas assez pour payer les mensualités".

Dès lors, un notaire est actuellement charger de vendre la maison. "Elle est en vente aux alentours des 200.000 euros. Mais après, on me réclame encore plus de 200.000 euros (car Eric a une dette, un crédit en cours, de 450.000€)".

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La maison d'Eric en vente sur Immoweb

Une campagne Leetchi pour faire appel aux dons

La maison de la famille est située à 400 mètres du manège où travaille Adeline, la femme d'Eric. Le couple fait donc tout son possible pour essayer de garder la maison. "Si on perd la maison, ma femme perd un avantage important dans son travail, car parfois ses élèves viennent se réchauffer dans la maison, l'hiver".

Il faut donc trouver de quoi racheter la maison, soit 200.000€. "Elle a un salaire, elle peut faire un crédit d'environ 100.000€". Reste 100.000€ à se procurer d'urgence. C'est là qu'est intervenue une amie d'Eric.

"Moi, je ne peux pas emprunter, car je suis fiché rouge. Une amie a lancé un appel aux dons sur internet pour nous aider. Si 100.000 personnes mettent un euro, on est plus ou moins sauvé, on peut garder la maison". Il s'agit d'une campagne sur Leetchi, un célèbre site pour ouvrir une cagnotte solidaire.

Si malgré tout la maison est vendue, "on se retrouve sans domicile en attendant". Eric et sa famille "devront louer ou acheter quelque chose, on verra au fur et à mesure, mais avec des moyens financiers qui sont faibles, car je suis interdit bancaire pour l'instant".

Heureusement, ils ont "encore des revenus, qui leur permettraient de vivre", mais dans une situation très inconfortable car son épouse perdrait des avantages au niveau de son travail.

Que faut-il faire pour éviter ce genre de drame?

Nous avons demandé à l'UCM, l'organisation patronale francophone engagée dans la défense des indépendants et des entreprises, comment de telles mésaventures pouvaient être évitées.

De manière générale, bien sûr, l'UCM déconseille le recours à la mise en garantie d'une habitation privée pour financer des projets. Un recours qui n'est "pas spécialement une tendance", mais plutôt "une constante", liée aux refus de crédit bancaire: "37,6% des refus sont motivés par une insuffisance de garantie", nous a répondu Clarisse Ramakers, directrice du service d'étude de l'UCM. Et ça pousse des indépendants à mettre leur propre patrimoine dans la balance…

Heureusement, "il existe beaucoup de manière de rencontrer les exigences en termes de garanties, souhaitées par une banque: des structures publiques telles que la Sowalfin en Wallonie proposent des outils publics intéressants. Par ailleurs, il est possible de protéger son habitation familiale par le biais d’un acte notarié ou alors de passer en société de manière à bien distinguer le patrimoine privé et le patrimoine professionnel".

Eric nous a confié "qu'il n'entrait pas dans les critères" pour recevoir des aides publiques, et "n'avaient jamais entendu parler d'un acte notarié" protégeant l'habitation familiale.

Cet acte notarié, expliqué sur le site notaire.be, coûte environ 1.000€. Si Eric l'avait fait avant d'acheter son restaurant, son habitation aurait été insaisissable. Précisons tout de même que "la protection ne concerne que les dettes liées à l'activité professionnelle postérieures à la déclaration d'insaisissabilité ; elle ne s'appliquera pas aux dettes privées".

Bref, le sujet est complexe, renseignez-vous auprès de votre notaire, de votre comptable, avant de prendre des décisions lourdes de conséquences.


 

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