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"Ça fait très peur": une maman raconte l'effrayante transformation de son fils allergique piqué par une guêpe à Sugny

"Ça fait très peur": une maman raconte l'effrayante transformation de son fils allergique piqué par une guêpe à Sugny
 
 

En quelques minutes, Louis, 15 ans, présentait des gonflements impressionnants au niveau du tronc et des lèvres. Sa peau avait viré au bleu et il ne pouvait presque plus respirer. Par miracle, un médecin se trouvait à proximité et a permis au garçon d'échapper à une issue peut-être fatale.

L'été, en particulier au mois d'août, il faut s'accommoder des guêpes qui alléchées par le sucre de nos boissons et aliments tournoient autour de nous comme les abeilles autour des fleurs riches en doux nectar. Parfois, il arrive que l'une d'entre elles nous pique de son dard qui, au contraire de sa cousine l'abeille, ne reste pas dans notre peau, ce qui lui permet de répéter son forfait à d'autres occasions. Une piqûre de guêpe est douloureuse, mais pour les personnes qui sont allergiques au venin de l'insecte (1 à 4% de la population selon une estimation citée dans une étude de l'université de Liège), elle peut s'avérer mortelle. Cette issue fatale aurait pu s'abattre sur Louis, 15 ans, piqué ce lundi 12 août vers midi lors de la fête du bois à Sugny dans la commune de Vresse-sur-Semois. La maman, Virginie, nous a raconté la transformation fulgurante de son fils après la piqûre. Son récit donne froid dans le dos. La fin est cependant heureuse grâce à l'intervention providentielle d'un médecin qui, par hasard, passait non loin de là.

Il avait le bras tout bleu, son corps a gonflé à partir des hanches et ça remontait. Ses lèvres semblaient sur le point d'exploser

Une réaction folle du système immunitaire

Ils étaient une trentaine de bénévoles occupés à nettoyer un champ, lors de la traditionnelle fête du bois, quand une guêpe a donc piqué Louis au-dessus du coude. À cet instant, l'adolescent ne savait pas encore qu'il était allergique, c'est-à-dire que son système immunitaire allait réagir de façon démesurée aux substances étrangères contenues dans le venin. Cette réaction folle a démarré quelques minutes à peine après l'injection. Elle a été amorcée par un anticorps, l'immunoglobuline IgE. Celle-ci est fixée sur des cellules spécialisées (mastocytes) qui se trouvent dans la peau, les intestins et les voies respiratoires. Lorsque les molécules du venin, qu'on rassemble sous le terme d'antigènes, entrent en contact avec ces anticorps, les mastocytes libèrent d'énormes quantités d'histamines et de substances vasoactives (des substances qui vont élargir ou rétrécir les vaisseaux sanguins). Les conséquences de cette libération sont effrayantes. "Cela fait très très peur", confirme la maman de Louis qui a assisté aux effets de cet emballement dans le corps de son fils.


Une respiration menacée

"Il avait le bras tout bleu, son corps a gonflé à partir des hanches et ça remontait. Ses lèvres semblaient sur le point d'exploser", décrit la mère. La cyanose (bleuissement de la peau) et les oedèmes (gonflement) sont des symptômes caractéristiques d'une allergie au venin de guêpe renseignés par le centre anti-poison sur son site internet. Mais les symptômes les plus angoissants concernent la respiration et la tension. "Louis m'a dit qu'il avait l'impression de respirer par une paille", nous rapporte Virginie qui était "à deux doigts de lui percer la gorge, comme dans les films", pour sauver son fils. Ces changements radicaux se produisent en quelques minutes à peine. "Quelques minutes après la piqûre, il était par terre et ne pouvait plus respirer. Il fallait garder son calme, ce n'était pas évident", se rappelle Virginie qui cherche à aider son enfant à se concentrer sur sa respiration.


Un petit miracle

Autour d'elle, on se mobilise rapidement. Le 112 est appelé. Mais l'ambulance tarde. Un médecin des environs est aussi appelé. Vu la dégradation rapide de l'état de Louis, on a peur que les secours arrivent trop tard. Mais le destin de l'adolescent ne devait pas l'amener à s'éteindre dans un champ en plein été. Par chance, un collègue du médecin contacté circule dans sa voiture non loin de là. "Coup de bol pour nous, il a pu intervenir de suite", témoigne Virginie. Le docteur arrive rapidement sur les lieux. Il prend la tension, elle est à 12.6. Il la reprend moins d'une minute plus tard, elle est tombée à 5.3, se souvient la maman. Le médecin procède à une piqûre d'adrénaline. Une piqûre a failli tuer Louis. Une autre le sauve. Le dégonflement survient très vite et il peut à nouveau respirer normalement. Le garçon est tiré d'affaire. L'ambulance arrive et l'emmène à l'hôpital de Libramont.


Désensibilisation

Dès le lendemain, plus rien sur Louis ne laisse deviner ce que son corps a vécu. Seule trace, une petite plaque rouge, décrit sa maman. Désormais, son fils se promène avec une seringue d'adrénaline sur lui au cas où une guêpe le piquerait à nouveau. Pas question de prendre cette allergie à la légère. "Le médecin nous a dit que la deuxième fois, on a encore moins de temps pour réagir", nous raconte la maman. D'ici deux mois, son fils commencera une désensibilisation au venin de guêpe chez un allergologue. Dans une étude de l'université de Liège datant de 2008, on estimait à quelques milliers le nombre d'individus en traitement. Celui-ci consiste à injecter des doses croissantes de venin purifié jusqu'à atteindre une dose d'entretien qui, elle, sera administrée à certains intervalles pendant 3 à 5 ans.

Virginie tient à remercier tous les bénévoles autour d'elles qui l'ont aidée et se sont montrés "super efficaces". Quant au médecin providentiel, le lendemain de l'incident, la famille lui a apporté une boîte de pralines. Nous l'avons appelé. Le sauveur de Louis, homme remarquable, veut rester dans l'ombre et garder l'anonymat. Il a par ailleurs refusé d'exposer son intervention, invoquant le secret médical.


 

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