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Charleroi: les poursuites dans un vaste procès pour trafic de drogue pourraient être annulées à cause d'un petit détail (vidéo)

 
 

Une nouvelle audience dans le vaste procès pour trafic de drogue s'est tenue au tribunal correctionnel de Charleroi ce jeudi matin. 37 personnes sont jugées pour avoir organisé un réseau de vente de cocaïne et d'héroïne. La plupart des prévenus nient leur implication, et l'avocat d'un des prévenus demande l'annulation du procès. En cause: des écoutes de police qui ne correspondent pas à ce qui est écrit dans le dossier.

Muni d'un petit baffle portable, Maître Mayence, l'avocat du principal prévenu fait entendre au tribunal des extraits des écoutes policières qui avaient disparues... avant de réapparaître juste avant le procès. Il pointe des erreurs de retranscription qui se trouvent dans le dossier. Par exemple, une question posée est transformée en affirmation sur le papier.

"J'ai fait moi-même l'analyse des retranscriptions qui disent, en fait, le contraire de ce qui est indiqué et qui est assez illustratif, me semble-t-il, de la volonté des enquêteurs d'avoir une hypothèse de culpabilité de départ et c'est, évidemment, extrêmement grave en ce qui concerne les droits de la défense", a confié Jean-Philippe Mayence, avocat de plusieurs prévenus, au micro de nos journalistes Benjamin Samyn et Damien Loumaye.

Furieux de constater des erreurs de retranscriptions, le président Moulard signale directement son mécontentement aux enquêteurs qui sont présents dans la salle pour suivre les débats.

"La retranscription ne correspond absolument pas à la réalité de ce qui a été entendu", a confirmé de son côté Michel Bouchat, avocat d'un prévenu. "Il y a de quoi être en colère, effectivement, dans le chef d'un magistrat qui le sentiment, l'impression et qui constate avoir été trompé".

"On peut se poser la question, si on va lire l'ensemble des fichiers qui ont été communiqués et déposés que tardivement, que va-t-on retrouver?", s'est demandé Olivier Martins, avocat d'un prévenu.

L'irrecevabilité des poursuites va être plaidée

Vu la situation, l'irrecevabilité des poursuites va être plaidée. "A partir du moment où un dossier répressif n'est pas complet où la défense n'a pas tous les éléments, on peut dire que nous n'avons pas pu préparé une défense utile puisque il est fait état d'éléments à décharge des prévenus", a justifié Ornela Ciccarone, avocate de plusieurs prévenus.

Même son de cloche pour Fabian Lauvaux, avocat de plusieurs prévenus: "Si l'ensemble des preuves ont été récoltées de cette manière, le tribunal doit, à tout le moins, les écarter. Si les choses sont flagrantes, le tribunal doit considérer que toutes les poursuites sont irrecevables, ce qui sera demandé".

La problématique des écoutes éclipse, pour l'instant, le fond du dossier et les peines lourdes demandées par le ministère public, qui vont jusqu'à 15 ans de prison.


 

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