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Christel, diplômée en comptabilité depuis 3 ans, ne trouve pas de travail: "Je suis toujours à la CASE DÉPART"

Christel, diplômée en comptabilité depuis 3 ans, ne trouve pas de travail: "Je suis toujours à la CASE DÉPART"
 
 

Christel a 24 ans, diplômée d'un bachelier depuis trois ans. Alors qu'elle enchaîne les candidatures, toutes les portes se ferment, prétextant la méconnaissance du néerlandais ou encore le manque d'expérience professionnelle.

En désespoir de cause, Christel (prénom d'emprunt car elle souhaite garder l'anonymat) nous a interpellé via le bouton orange Alertez-nous: "J’ai terminé mes études en comptabilité en 2014 avec mention. J’étais toute heureuse de pouvoir entrer dans le monde professionnel. Après plusieurs CV envoyés, je ne recevais même pas de réponse." nous disait-elle dans son message. Et au bout des trois ans de recherche, son constat est sans appel: "Je suis toujours à la case départ". 

Née au Cameroun, Christel est arrivée à Bruxelles avec son père en 2008, alors qu’elle avait 16 ans. Dans la capitale, elle termine ses études secondaires au lycée La Retraite, avant de s’inscrire en bachelier de comptabilité à l’EPFC (Enseignement de promotion et de formation continue). Elle est diplômée en 2014, et s’inscrit en master en finances à la Haute Ecole Fransisco Ferrer, en 2015. Ses cours, elle les suit le soir, de 17h à 21h. Une façon pour elle de libérer ses journées pour un éventuel emploi.


"Tous les matins, la première chose que je fais c'est de consulter les dernières offres"

Et travailler, Christel ne demande que ça: "Moi tout ce que je veux c’est travailler, c’est sortir de chez moi le matin et rentrer le soir crevée" dit-elle.

Motivée, la jeune femme répond à des offres d’emplois et envoie une petite dizaine de CV chaque jour. Mais depuis la fin de son bachelier, aucun employeur ne lui laisse entrevoir d’espoir. La principale raison avancée: Christel ne parle pas néerlandais. Au cours de ses trois années de quête, elle n’aura obtenu qu’un seul contrat: un remplacement de 4 mois à la communauté française. Un emploi qui a pris fin au mois de janvier dernier. "Depuis, tous les matins la première chose que je fais c’est de consulter mes mails et les dernières offres" confie-t-elle.


Le refus des employeurs

Réceptive aux remarques des employeurs: "pas assez d’expérience", "vous ne parlez pas néerlandais", Christel s’adapte. Elle suit des cours de néerlandais et s’inscrit dans des associations pour l’aider dans sa recherche d’emploi où on la conseille dans l’écriture de son CV et de ses lettres de motivation.

Pour le néerlandais malheureusement, l’apprentissage s’avère compliqué. "Je suivais des cours le soir, mais mes journées étaient remplies à cause de stages ou de formations. Et puis je suis à Bruxelles et mon environnement ne s’exprime pas en néerlandais. Dès que je sors de mon cours, je parle français". Depuis ces efforts sur ses candidatures, les réponses des employeurs ont d’ailleurs changé. Maintenant, c’est son profil qui ne "correspond pas".


"A la fin ils m'ont dit qu'ils n'avaient pas le budget"

En parallèle de ses recherches, la jeune femme décide de faire des stages non rémunérés. Elle y voit une façon de se faire une expérience professionnelle, mais garde surtout l’espoir d’être embauchée à la fin. Sortie de son bachelier, elle réalise un stage de trois mois dans un cabinet de comptable. Elle en fait un second dans une société de titre-service, pendant six mois cette fois. Cette fois-là, Christel y croit: elle a rencontré les employeurs sur un salon de l’emploi, qui lui avaient parlé d’une opportunité d’embauche à la clé. "Ils cherchaient quelqu’un pour renforcer l’équipe, alors j’ai décidé de faire un stage de six mois pour leur montrer que j’étais motivée, et qu’à la fin je serais facilement productive pour eux. Ça n’a pas marché, ils m’ont dit qu’ils n’avaient pas le budget pour m’embaucher" raconte l’étudiante.


Elle refuse les petits boulots alimentaires

Les petits boulots alimentaires, Christel s'y refuse. "J'ai du mal, je me dis je connais des gens qui n'ont pas de diplôme mais qui font des boulots que moi je pourrais faire, qui sont dans mon domaine, je me dis pourquoi pas moi ? Ce n'est pas que je ne me vois dans ces petits boulots, mais j'ai fait des sacrifices pour arriver où j'en suis". Parallèlement, certains de ses amis sont déjà dans la vie active. "Je vois mes amis travailler, je n'envie pas les gens, mais bosser pour moi c'est un rêve" affirme-t-elle.


"Je tourne en rond et puis vers 16h je me prépare pour mes cours du soir"

Du coup, la jeune femme perd espoir, mais continue inlassablement ses recherches. Elle donne priorité à la comptabilité, mais élargit tout de même ses horizons : "Je cherche dans tout, les banques, le conseil clientèle… Mais les réponses sont toujours négatives". Chaque jour, Christel reprend la même routine. "Je me lève à 7h du matin et je check mes mails et les nouvelles offres d’emplois, je vois si je peux envoyer des CV. Ensuite je tourne en rond, je me morfonds sur moi-même, et puis vers 15-16h je commence à me préparer pour mes cours du soir."


Un sentiment d'inutilité

Des habitudes qui commencent à lui peser: "Je me concentre sur mon master parce que je pense que c'est ma dernière option, mais je me sens inutile... Je n'apporte rien à personne"

Quand on lui demande combien de CV elle a envoyé depuis trois ans, Christel ne sait pas répondre : "Oh, je ne pourrais même pas vous le dire ! Par jour, je dois envoyer 8 à 10 CV. Et j’en envoie plusieurs aux mêmes employeurs, parfois trois. J’ai déjà changé d’adresse mail, et j’ai même pensé à postuler sous un autre nom pour que mon CV soit lu" confie-elle. L’étudiante, qui terminera son master en juin prochain, ne baisse pas les bras. Le mois prochain, elle verra un coach spécialisé dans la recherche d’emploi.


 

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