Double coup de tonnerre dès le premier tour de la primaire de la droite: François Fillon est arrivé largement en tête, loin devant Alain Juppé, son adversaire au second tour dimanche prochain. Nicolas Sarkozy, sèchement éliminé, s'est retiré de la vie politique.
Revenu du fin fond des sondages où il était coincé il y a encore quelques semaines, l'ex-Premier ministre a recueilli un triomphal score de 44,2%, loin devant Alain Juppé (28,5%) et Nicolas Sarkozy (20,6%), selon les chiffres fournis à 00H45 par l'entité organisatrice du scrutin, portant sur plus de 3,9 millions de votants et 92% des 10.229 bureaux de vote.
Malgré ce retard très conséquent, "j'ai décidé de continuer le combat", un "combat projet contre projet" contre M. Fillon, a affirmé le maire de Bordeaux, confronté à la surprise générale à l'hypothèse de renoncer à un second tour.
Loin derrière suivent Nathalie Kosciusko-Morizet (2,5%), qui a rallié M. Juppé, Bruno Le Maire (2,4%), qui a appelé à voter Fillon, puis Jean-Frédéric Poisson (1,4%) et Jean-François Copé (0,3%), encore non alignés.
Arrivé en tête dans 87 départements, François Fillon réalise donc la première sensation de cette primaire. L'ancien Premier ministre, longtemps placé en quatrième position dans la plupart des enquêtes d'opinion, prend une éclatante revanche sur Nicolas Sarkozy qui l'avait ravalé au rang de "collaborateur" après l'avoir nommé à Matignon en 2007.
"Une vague", "une dynamique puissante est enclenchée". "Ma campagne va encore s'accélérer, s'amplifier", a déclaré M. Fillon depuis son QG de campagne, avec "une pensée particulière" pour Nicolas Sarkozy qui lui a immédiatement apporté son soutien.
L'ancien président, battu d'une courte tête par François Hollande en 2012, sorti de sa retraite en 2014, subit l'une des plus retentissantes défaites de sa carrière: celui qui avait prédit un "blast" après son entrée en campagne est éliminé dès le premier tour d'un scrutin organisé par son propre parti, dont il avait reconquis la présidence en 2014.
"J'ai beaucoup d'estime pour Alain Juppé, mais les choix politiques de François Fillon sont plus proches (...) Je voterai François Fillon", a annoncé M. Sarkozy dans une déclaration teintée d'émotion depuis son QG.
L'ancien président a également demandé à ses électeurs de "ne jamais emprunter la voie des extrêmes" pour la présidentielle 2017, ciblant le Front national, et a annoncé à mots couverts son retrait de la vie politique: "il est temps pour moi maintenant d'aborder une vie avec moins de passions publiques et plus de passions privées".
Alain Juppé, longtemps donné largement en tête par tous les instituts, se qualifie finalement en distançant Nicolas Sarkozy d'environ 300.000 voix, selon les chiffres de fin de soirée.
- 'Thatchérisation de la droite' -
Un sondage Opinionway diffusé mardi donnait M. Fillon vainqueur à 54% face à M. Juppé (46%) en cas de duel au second tour. Un autre, réalisé par Ifop Fiducial et diffusé jeudi, donnait les deux concurrents à égalité (50-50). Mais l'ampleur de la victoire de M. Fillon laisse à penser que ces enquêtes sont dépassées.
Bonne nouvelle pour la droite française en vue de 2017, la première primaire ouverte de son histoire est déjà un succès de participation. Cette dernière devrait dépasser les 4 millions d'électeurs, près de 10% du corps électoral français.
Deux heures avant la fermeture des bureaux de vote, la primaire avait déjà égalé le premier tour de la primaire socialiste de 2011 (2,66 millions de participants).
Selon l'institut de sondage Elabe, 63% des votants sont des sympathisants de la droite et du centre, contre 15% de sympathisants de gauche, 14% affirmant n'avoir aucune sympathie particulière et 8% de sympathisants du Front national.
Les sondeurs ont donné longtemps et régulièrement Alain Juppé favori, devant Nicolas Sarkozy. Mais le duel était devenu un match à trois avec la spectaculaire remontée dans les sondages ces derniers jours de François Fillon, crédité de très bonnes prestations télévisées, notamment lors des trois débats organisés entre les sept candidats.
A gauche, la riposte se prépare sur un adversaire inattendu. Le secrétaire d'Etat Jean-Marie Le Guen a évoqué une "thatchérisation de la droite française" incarnée selon lui par François Fillon, qui risque de faire repoussoir à gauche en cas de duel de second tour face à Marine Le Pen.
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