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Californie: soigner les enfants de la "maison de l'horreur" sera long

Californie: soigner les enfants de la "maison de l'horreur" sera long
 
 

Une longue prise en charge sera nécessaire pour reconstituer psychologiquement des enfants affamés et enchaînés par leurs parents à leur domicile en Californie, ont averti mardi des experts.

Ces spécialistes ont livré en conférence de presse quelques détails sur les treize frères et soeurs séquestrés dans une "maison de l'horreur" et libérés dimanche à Perris, une petite ville du sud de l'Etat.

Les victimes --dont une de deux ans à peine-- ont été hospitalisées. Sept membres de cette fratrie sont des adultes que les enquêteurs ont d'abord pris pour des mineurs, étant donnés leur fragilité et leur aspect chétif.

"Ils sont petits et il est très clair qu'ils sont dénutris", a décrit Mark Uffer, responsable d'un centre médical local. "Ils ont enduré un calvaire extrêmement traumatisant".

Les parents, Louise et David Turpin, âgés respectivement de 49 et 57 ans, ont été écroués après avoir été bien en peine d'expliquer la raison pour laquelle ils ont ligoté certains de leurs enfants à leur lit, avec l'aide de chaînes et de cadenas.

Ces enfants "vont requérir une prise en charge psychologique et psychiatrique sur le long terme, en raison des épisodes prolongés de mauvais traitements et de famine auxquels ils ont été soumis", a souligné la docteure Sophia Grant, à ce même point presse.

Le cauchemar aurait pu continuer longtemps si l'une des soeurs n'avait réussi tôt dimanche à se soustraire à sa détention implacable.


Visage émacié

L'adolescente de 17 ans est parvenue à s'emparer d'un téléphone portable dans la maison-prison, avec lequel elle a composé vers 06H00 locales le numéro d'urgence 911. A leur arrivée, les policiers ont cru que la jeune fille n'avait que 10 ans, vu son visage émacié. "Mes frères et soeurs sont prisonniers à l'intérieur", a-t-elle alors confié.

Là, dans l'obscurité et dans une odeur prenant à la gorge, les agents ont découvert une scène à faire frémir: les douze autres victimes, dont les membres étaient pour certaines entravés, livrées à l'abandon et à la saleté. Ils criaient famine.

Depuis combien de temps durait la séquestration? Comment celle-ci n'a pas suscité d'alertes chez les voisins, les milieux sociaux, ou les personnes en contact avec le couple Turpin? Quelle est l'histoire de cette famille, qui a quitté le Texas pour la Californie il y a plusieurs années et s'est retrouvée plongée dans les déboires financiers?

La police a offert mardi quelques réponses.

"Nous n'avions jusque-là jamais été alertés sur des soupçons d'abus d'enfants dans cette résidence", a affirmé Greg Fellows, chef de la police de Perris.

Il a précisé que les premiers éléments de l'enquête ne permettaient pas de savoir si des agressions sexuelles avaient été commises dans la maison, ni si les parents auraient fait partie d'une quelconque secte.

Kimberly Milligan, une voisine rencontrée par l'AFP vivant depuis plus de deux ans dans le quartier, se souvient d'avoir vu seulement trois enfants, un jour. "Ils étaient pâles comme des vampires et n'avaient que la peau sur les os", a-t-elle confié.

Les enfants étaient censés bénéficier d'une scolarisation à domicile, une pratique qui n'est pas rare aux Etats-Unis.

Le couple a été incarcéré pour torture et mise en danger d'enfants, avec une caution de neuf millions de dollars pour chacun fixée pour leur éventuelle remise en liberté conditionnelle, a annoncé la police du comté de Riverside, où est située Perris, à deux heures au sud-est de Los Angeles.

"Quand des jeunes de 17 ans en paraissent 10, quand ils sont enchaînés à un lit... comment ne pas qualifier cela de torture?", a relevé M. Fellows.

Les services de protection de l'enfance ont de leur côté ouvert une enquête.

Sur les photographies rendues publiques par le shérif local, Louise et David Turpin partagent un aspect négligé, elle les cheveux poivre et sel en bataille, un sourire énigmatique aux lèvres, lui avec une barbe de trois jours, une longue frange et des mèches jusqu'aux épaules.


"Bien élevés"

Sur une page Facebook au nom de David-Louise Turpin, on voit le couple lors d'une cérémonie.

Louise Turpin est en robe longue blanche, son époux en costume et ils sont entourés de treize personnes qui semblent toutes des enfants ou jeunes adultes, les filles aux cheveux longs et châtains portant toutes la même robe mauve à imprimé, sauf le bébé en robe rose.

Les garçons arborent la même coupe au bol que David Turpin.

Des clichés montrent le couple échangeant des alliances devant un homme habillé en Elvis Presley.

Cet imitateur, qui dit avoir renouvelé les voeux de mariage du couple trois fois dans une chapelle de Las Vegas - en 2013, 2015 et 2016 -, s'est dit "révulsé".

"J'étais choqué, et stupéfait, et très attristé", a déclaré Kent Ripley au journal New York Daily News. Il se souvient d'enfants "très doux et bien élevés".

"Quelque chose de récent a dû changer les circonstances, médical ou en lien avec le travail", a-t-il avancé. "Je ne veux pas croire que les enfants ont souffert aussi longtemps".

Sur l'une des photos de l'album des Turpin, sur Facebook, un bébé porte un tee-shirt où l'on lit "Maman m'aime".


 

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