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L'île de Kos, un bout de terre loin de la guerre pour les migrants

 
 

En Irak, Tayib et Mustafa ont été aux premières loges des exactions de l'organisation Etat islamique (EI). L'île grecque de Kos est aussi une halte loin des conflits armés pour les migrants qui y débarquent, même si tous ne sont pas logés à la même enseigne.

La nuit d'octobre 2014 où ils ont fui leur pays restera dans leur mémoire: "un Syrien nous a conduits d'Al-Qaim (Irak) à Abu Kamal (Syrie) et nous portions le voile (intégrale islamique)" pour ne pas être arrêtés aux barrages des jihadistes de l'organisation Etat islamique (EI), raconte Tayib, 18 ans.

Dix mois plus tard, après une longue traversée de la Turquie payée 1.000 euros à un passeur et une traversée nocturne depuis une plage de Bodrum (Turquie) vers l'île de Kos pour 1.200 euros chacun, les deux frères espèrent prendre le plus vite possible un ferry pour Athènes.

Depuis janvier, "environ 5.600 Irakiens sont arrivés sur les îles grecques", selon Stella Nanou, porte-parole du Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) à Kos, sur un total d'environ 124.000 migrants ayant traversé la mer Egée au cours de cette période, dont une majorité de Syriens fuyant la guerre dans leur pays.

Tayib et Mustasfa, son frère de 17 ans, ont fui leur ville de Mossoul tombée entre les mains de l'organisation de l'EI en juin dernier: "notre mère a refusé de leur donner 1.000 euros qu'ils avaient exigés et ils ont brûlé la maison". Le reste de la famille est aujourd'hui réfugié à Bagdad.

Pour la représentante du HCR, tous ceux qui fuient des conflits, les Irakiens, comme les Syriens, devraient se voir accorder une protection.

"Ces gens fuient des violations des droits de l'homme très graves et beaucoup arrivent ici avec de sérieux traumatismes", assure Mme Nanou.

- Echapper à une mort 'certaine' -

Mais à la différence des Syriens, les Irakiens sont considérés par les services de l'immigration comme "immigrants, pas comme réfugiés", selon le brigadier général Zacharoula Tsirigoti, responsable du service chargé des étrangers à la police grecque, en renfort à Kos.

Ainsi, le ferry qui accosté sur l'île vendredi pour accélérer les enregistrements auprès des autorités grecques ne sera accessible qu'aux seuls Syriens, jusqu'à présent obligés de patienter des heures en plein soleil dans un stade, a-t-elle précisé.

Les autres nationalités -dont des Afghans, Somaliens, Erythréens- continuent de faire la queue à l'extérieur du poste de police de l'île.

Plusieurs Irakiens interrogés par l'AFP ont ainsi reconnu dissimuler leur nationalité et se faire passer pour Syriens.

Selon l'agence de presse grecque ANA, les procédures d'enregistrement sur le ferry devraient débuter dans la soirée, le temps que l'organisation se mette en place à l'intérieur du bateau avec du personnel en nombre suffisant.

Tayib et Mustafa ont déjà tracé la suite de leur périple: "Macédoine, Serbie, Bulgarie puis Autriche. En fonction de la situation, nous choisirons le meilleur pays" pour demander l'asile.

Jaber, un ancien militaire irakien de 35 ans qui sirote un café, sait juste "que la route sera encore longue, on ne sait même pas à quel point elle sera longue".

Il a fui Mossoul l'été dernier avec sa femme, ses trois enfants, "cachés dans des bottes de foin dans un camion".

"Daesh a massacré beaucoup de soldats irakiens", explique Jaber, "certain" que les jihadistes de l'organisation Etat islamique l'auraient tué s'il était resté.

Même s'il est contraint d'héberger sa famille dans une tente sur la plage de Kos, qui ne dispose d'aucun centre d'accueil, arriver sur l'île fut pour lui "comme une renaissance".

Le peur, les violence de l'EI, encore et toujours, ont également poussé Leila une mère de famille de 35 ans à sortir ses quatre enfants de l'enfer de Kobane, cette ville du nord de la Syrie, frontalière de la Turquie, théâtre d'affrontements entre l'EI et les combattants kurdes syriens.

Elle a dû emprunter 10.000 euros pour payer les passeurs mais "à Kobane, il n'y a plus rien, plus d'école, de sécurité, rien"


 

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