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Explosions à Beyrouth: les vrais responsables seront-ils inquiétés?

 
 

Le Liban se donne 4 jours pour achever l'enquête sur la double explosion qui a saccagé Beyrouth. Mais dans ce pays gangrené par la corruption, des voix s’élèvent pour réclamer une enquête internationale, et donc impartiale.

Un "comité d'investigation" a immédiatement commencé ses investigations. Les enquêteurs vont devoir passer au crible les documents qu’ils ont pu saisir, multiplier les interrogatoires et établir les responsabilités, donc révéler des noms.

Le nitrate d'ammonium transporté par un bateau en 2013

Il faut remonter en novembre 2013. Un cargo, le Rhosus, battant pavillon moldave, attire l’attention des autorités portuaires lors d’une escale non prévue à Beyrouth, suite à une panne technique. Le bateau, parti de Batoumi (Géorgie) sur la Mer Noire, filait vers Beira au Mozambique. L’inspection révèle la présence dans ses cales des 2.750 tonnes de nitrate d’ammonium. L’affaire prend un tour judiciaire sur fond de banqueroute. L'équipage est contraint de rester à bord puis libéré un an plus tard avec à la clé le débarquement de la fameuse cargaison.

Elle est donc stockée dans l’entrepôt, le hangar n°12, celui qui sera pulvérisé. Mais cette véritable méga bombe à retardement ne donne pas lieu à des mesures de sécurité particulières, ni panneau, ni surveillance continue, comme si personne ne s’en inquiétait.

Plusieurs demandes de mesures de sécurité... jamais prises

Pourtant, la direction du port aurait dû en décembre 2017 transférer les produits à l’étranger comme le lui demandaient les douanes. Ou au moins, l’an dernier, les déplacer dans un lieu plus sûr en fonction d’un rapport de la Sûreté de l’Etat, alertée par des riverains incommodés par des odeurs nauséabondes émanant de l’entrepôt. Tout dernièrement, des ouvriers ont été envoyés pour colmater des lézardes dans les parois du bâtiment délabré. Trop tard…

Peur des Libanais de voir l'enquête protéger certains coupables

Alors, qui savait et n’a rien dit? Qui a menti ou préfère accuser le uns et les autres? Nul doute que les différentes administrations libanaises gangrenées par la corruption vont se renvoyer la balle. Les Libanais, qui se méfient de leurs responsables politiques, réclament une enquête internationale.

Le gouvernement répond qu'il a tous les moyens pour mener à bien cette recherche de vérité et qu'elle ne sera pas étouffée. C'est ce qu'a rappelé le chef de la diplomatie Charbel Wehbé, sur la radio française Europe 1: "Depuis ce matin, une décision été prise de créer un comité d'investigation, qui a quatre jours maximum pour donner un rapport détaillé sur les responsabilités. Comment, qui, quoi, où? Il y aura des décisions judiciaires, c'est grave et on prend ça au sérieux", a expliqué le ministre libanais des Affaires étrangères. "Les coupables de ce crime affreux de négligence seront punis par un comité de juges", a-t-il ajouté.

Le gouvernement avait réclamé hier l'assignation à résidence des personnes responsables du stockage dans le port. "C'est un accident (...), les rapports préliminaires indiquent que c'est une mauvaise gestion de produits explosifs. C'est une très grave négligence qui s'est poursuivie pendant six ans", a affirmé jeudi M. Wehbé.


 

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