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Découverte des "formulaires d’embauche" de l’Etat islamique: "Important : il a une expérience de chimiste"

Découverte des "formulaires d’embauche" de l’Etat islamique: "Important : il a une expérience de chimiste"
Image d'illustration
 
 

Des journalistes sur le terrain ont mis la main sur les formulaires remplis lors de leur arrivée dans le groupe terroriste Etat islamique par 4.600 volontaires, entre début 2013 et fin 2014. Ils permettent pour la première fois de mieux comprendre qui ils sont. Ils viennent de 70 pays différents, ont en moyenne 26-27 ans, la moitié a fait des études et seuls 12% souhaitaient mener une attaque suicide. Les notes des "fonctionnaires" de l'EI sont également parlantes sur les intérêts du groupe terroriste pour ces nouvelles recrues.

Ces documents ont été récupérés sur le terrain par des journalistes de la chaîne américaine NBC, qui les a confiés pour analyse aux chercheurs du Combating terrorism center (CTC), basé à l'école militaire américaine de West Point, près de New York. Dans un premier rapport publié lundi, le CTC estime que ces formulaires, remplis en arabe et qui datent d'une période comprise entre le début de 2013 et la fin de 2014, ont été remplis par environ 30% des apprentis-djihadistes ayant grossi les rangs de l'EI à ce moment-là.

Les 23 questions des formulaires vont de: nom, surnom, nom de la mère, groupe sanguin, date de naissance et nationalité à "date et lieu de la mort" (laissé en blanc) et "notes diverses", en passant par "Par qui avez-vous été recommandé" ou "Avez-vous déjà mené le djihad, et où ? "


Saoudiens et Tunisiens en pôle

Ils sont venus de 70 pays différents. La nationalité la plus représentée dans cet échantillon est saoudienne, avec 579 personnes, puis viennent les Tunisiens (559), Marocains (240), Turcs (212), Egyptiens (151) et Russes (141). La liste compte notamment 49 Français, 38 Allemands, 30 Libanais, 26 Britanniques, 11 Australiens, 7 Canadiens, aucun Américain ou encore aucun belge.


Le plus jeune n’avait que 12 ans

L'âge moyen est de 26-27 ans, le plus âgé a près de 70 ans et le plus jeune 12 ans. 400 sur les 4.600 à avoir rempli ces formulaires étaient mineurs à leur entrée sur les terres du califat, proclamé en juin 2014. 61% des volontaires assurent être célibataires, 30% mariés tandis que 8% n'ont pas répondu.


Souvent éduqués

Le niveau moyen d'éducation est plutôt élevé, relève le rapport, avec 1.371 assurant avoir une éducation secondaire, et 1.028 supérieure, ce qui représente plus de la moitié des djihadistes ayant terminé des études. Des niveaux supérieurs à ceux de leurs classes d'âges dans leurs pays d'origine.


Les talents utiles au terrorisme recherchés

Les formulaires contiennent aussi les notes prises par les "fonctionnaires" de l'EI ayant mené les interrogatoires, à la recherche de talents particuliers qui pourraient leur être utiles. Ainsi, face à un nom est inscrit : "Important : il a une expérience de chimiste". Sur la fiche d'un Turc de 24 ans venu de la ville de Gaziantep, qui a précisé comme expérience professionnelle "Vendeur de drogue", est ajouté le commentaire : "Que Dieu nous pardonne ! "


Seuls 12% se disent prêts à mener des attentats-suicides

Les rédacteurs du rapport notent que près de 10% des inscrits assurent avoir une expérience djihadiste (un Français affirme avoir combattu au Mali) et que seuls 12% affirment être prêts à mener des attentats-suicide. "Bien que l'EI ait besoin de kamikazes", notent les auteurs du rapport, "il a également besoin de personnel pour remplir des fonctions plus conventionnelles, comme soldat, membres de la police religieuse, des services de sécurité ou fonctionnaires".


Des "réformés"… mais aussi des personnes chargées de mission à l’étranger

Les documents comprennent également 431 "fiches de sortie", remplies lors du départ des djihadistes. Les motifs pour quitter les terres du califat sont variés: cela va de "traitement médical" (le plus souvent en Turquie) à "raisons familiales", mais il y a aussi "A menti", "S'il revient, sera emprisonné", "Esprit confus", "Ne sait pas faire preuve de patience" ou "Réfractaire à la vie militaire et au djihad".

Plus inquiétant, certaines fiches de départ portent la mention "Parti en Libye pour organiser la création d'un Etat", "Une mission" ou "Omar al-Shishani (chef militaire de l'EI, récemment tué) l'a chargé d'une tâche en Turquie".


 

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