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Calais: pour les associations, pas de disparition de la "jungle" sans garantie pour les migrants

 
 

Les associations humanitaires qui réclament un report de l'évacuation de la moitié de la "jungle" de Calais ne s'opposent pas à terme à la disparition du bidonville mais exigent davantage de garanties de l’État sur le sort réservé aux migrants.

"Nous ne défendons pas un bidonville qui, à bien des égards, reste dégradant. Nous souhaitons à terme sa disparition, mais ne pas l'envisager dans la durée n'est pas acceptable et ne fera que déplacer le problème", affirme Vincent De Coninck, chargé de mission au Secours Catholique.

Le 12 février, la préfecture a demandé aux "800 à 1.000" migrants de la moitié sud du bidonville, selon ses chiffres, d'évacuer les lieux, mais un référé introduit devant le tribunal administratif de Lille par 250 migrants et dix associations pour tenter d'obtenir un report de l'évacuation est venu suspendre mardi cette décision.

Pour reloger ces personnes, la préfecture propose trois solutions: le Centre d’accueil provisoire (CAP) où il restait 200 places dans des conteneurs mercredi (sur un total de 1.500) selon l'association La Vie active, des tentes situées sur la partie nord de la "jungle" (700 places) et les Centres d'accueil et d'orientation (CAO), disséminés partout en France.

Mais ces dispositifs ne sont ni suffisants, ni satisfaisants pour les associations.

Avant toute évacuation de la zone sud, elles réclament d'abord "plus de places" : "Nous avons recensé 3.500 personnes dans la zone sud alors que l’État propose 1.500 places au total", affirme François Guennoc bénévole à l'Auberge des Migrants.

D'autre part, de l'avis général "la qualité n'y est pas" : "Les conteneurs du CAP doivent être retravaillés pour en faire un véritable lieu de vie, avec ce qui existe aujourd'hui sur le bidonville: des lieux d'éducation et de culture -avec une école et une librairie- des lieux spirituels -avec une mosquée et une église- des lieux de rencontre ou encore des lieux où ils peuvent cuisiner", explique Vincent De Coninck.

"Ces personnes sont-là pour des mois, ils ne peuvent pas se contenter d'un lit ! Il faut une solution prenant en compte leurs besoins", renchérit Raphaël Etcheberry, chargé de communication à Médecins sans frontières.

-"Des solutions personnalisées pour tous"-

Quant au CAO, "le dispositif est intéressant et nous le saluons", affirme M. De Coninck, mais "nous réclamons plus de transparence".

Par exemple: "Certains CAO sont dans des centres de vacances qui ont vocation à accueillir des vacanciers. Quid des réfugiés une fois la saison arrivée?", s'interroge M. Guennoc.

"On souhaiterait plus d'explications sur leur fonctionnement et une harmonisation du dispositif. Dans certains centres, les réfugiés bénéficient d'un vrai suivi, et dans d'autres, pratiquement rien n'est fait, c'est un peu au petit bonheur la chance", estime pour sa part M. Etcheberry.

D'après lui, "si ce système ne prend pas", c'est parce que "pour beaucoup de migrants c'est aller vers l'inconnu. Du coup, nous n'avons pas vraiment de réponses viables à leur donner".

En outre, il faut selon lui préférer les solutions à proximité de Calais: "Une mise à l'abri en dehors de la région les éloigne de leur but qui est de passer en Angleterre, donc pour beaucoup, ça n'a aucun sens".

Les associations insistent aussi sur la nécessité de "régler le problème des mineurs isolés".

"Nous en comptons 400 sur le camp. Ces mineurs n'ont pas la capacité juridique à dire +oui ou non je vais en CAO+ et les conteneurs ne sont pas faits pour les accueillir", affirme M. Guennoc, même si une cinquantaine y vivent actuellement selon Stéphane Duval, le directeur du site.

Sur ce point, François Guennoc propose deux solutions outre les placements en foyers : "Leur trouver un tuteur légal et accélérer les démarches administratives pour permettre à ceux qui ont de la famille en Angleterre de la rejoindre rapidement".


 

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