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Le calvaire de Zarina, 23 ans, dont les oreilles ont été coupées par son mari: "Je veux divorcer et qu'il aille en prison"

Le calvaire de Zarina, 23 ans, dont les oreilles ont été coupées par son mari: "Je veux divorcer et qu'il aille en prison"
 
 

Le calvaire que vit Zarina, une jeune Afghane de 23 ans, illustre les nombreuses souffrances infligées aux femmes en Afghanistan, quinze ans après le régime des Talibans.

Tête bandée, traits tirés, Zarina, 23 ans, implore de se faire soigner à l'étranger: dans un accès de fureur, son mari lui a tranché les deux oreilles, un outrage qui illustre la difficile condition des femmes dans les campagnes afghanes. "Pourquoi a-t-il fait ça? on ne s'était pas disputé, je n'ai refusé aucune de ses exigences, je n'allais même pas voir ma mère parce qu'il disait: 'Tu vas rencontrer des garçons'", confie-t-elle à l'AFP.

Outre les grosses poupées qui masquent ses oreilles mutilées, la jeune femme allongée sur son lit d'hôpital à Mazar-i-Charif, la grande ville du nord de l'Afghanistan, présente un visage tuméfié, la pommette droite barrée d'un large pansement et tout l'avant-bras gauche bandé. Elle ne s'explique pas ce geste commis au coeur de la nuit mardi, dans un district reculé de la province de Balkh, frontalière de l'Ouzbékistan.

"Mon mari est arrivé vers 3h00 du matin, il m'a attaché les mains et les pieds avec mon voile, les a liés ensemble, je l'ai supplié mais il ne m'écoutait pas". Son époux lui a donné plusieurs coups et lui a tranché les deux oreilles avec un couteau affûté avant de prendre la fuite.
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Elle a abondamment saigné avant d'être emmenée à l'hôpital

Toute la nuit Zarina a saigné, avant que son oncle et sa tante l'acheminent jusqu'aux urgences de la capitale provinciale. "Elle est arrivée ici à 9H30 dans un état critique, imaginez le sang qu'elle avait perdu", raconte le Dr Shafir Shayek, directeur de l'établissement. Zarina a été fiancée à 13 ans à cet homme qui a attendu sept ans pour l'épouser, il y a trois ans. "Après deux mois de mariage, il est parti travailler en Iran. Il est rentré il y a deux mois", raconte la tante de la victime.


Une enquête est ouverte

Selon le responsable de l'équipe médicale de l'hôpital, le Dr Noor Mohhamd Faiz, le mari serait un consommateur de drogue. Il n'en a pas précisé la nature mais nombre d'Afghans partis travailler en Iran voisin y contractent une addiction à l'héroïne, facile à alimenter une fois rentrés puisque l'Afghanistan est le premier producteur d'opium du monde.

Jeudi, l'homme était toujours en fuite mais "nous avons ouvert une enquête pour l'arrêter" a assuré le porte-parole du gouverneur de Balkh, SherJan Durrani.

Violence barbare

Ces assurances sont loin de tranquilliser Fahima Rahimi, militante féministe de Balkh: "Nous avons perdu confiance dans notre gouvernement, totalement corrompu, tempête-t-elle. On a déjà vu les auteurs de tels crimes relâchés après avoir versé des pots-de-vin à la police et au procureur, accuse Mme Rahimi. Et de nombreux cas de violences contre les femmes restent tus".

Plus de quinze ans après la fin du régime des talibans, l'Afghanistan reste le théâtre d'abus réguliers contre les femmes, souvent perpétrés par les époux (ou la belle-famille) qui sont rarement arrêtés.


Un homme immole sa femme de 14 ans enceinte, un autre coupe le nez de son épouse

En janvier 2016, un mari avait coupé le nez de son épouse, Reza Gul, après une dispute dans la province reculée de Faryab (nord), puis s'était réfugié dans une zone sous contrôle des talibans pour échapper aux poursuites. L'été dernier, dans la province de Ghor (centre), un homme a immolé par le feu son épouse de 14 ans, enceinte, qui est décédée à l'hôpital de Kaboul quelques jours plus tard.

La loi afghane interdit officiellement le mariage des jeunes filles avant 16 ans, mais la Commission indépendante des droits humains en Afghanistan (AIHRC) a enregistré, en 2015, 235 mariages précoces.

De même, à plusieurs reprises depuis 2014 le Parlement afghan a adopté des lois protégeant les femmes contre les abus - mais ces textes attendent toujours leur décret d'application.


"J'implore les responsables afghans d'organiser mes soins à l'étranger"

Zarina espère divorcer. "Je ne veux plus vivre avec lui, je veux divorcer et qu'il aille en prison". Et bénéficier de soins adaptés à l'étranger, comme Reza Gul l'an dernier. "Je me tourne vers les commerçants et si personne ne peut m'aider, j'implore les responsables afghans d'organiser mon traitement à l'étranger", dit-elle.


 

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