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Malgré les difficultés, New York séduit toujours les musiciens de jazz

 
 

Ses notes peuvent donner l'impression d'appartenir à une époque lointaine et révolue, mais le jazz reste une musique contemporaine florissante et nombreux sont les musiciens qui continuent d'affluer vers New York dans l'espoir de percer.

Le coût de la vie dans la Grosse Pomme a obligé des artistes à partir vers des horizons plus cléments, mais beaucoup de musiciens de jazz considèrent toujours la métropole américaine comme étant essentielle à leur inspiration.

"Il y a une longue histoire" ici, dit Clovis Nicolas, 46 ans, un bassiste qui a grandi près de Marseille et s'est installé à New York il y a 16 ans après s'y être rendu à plusieurs reprises. "La scène musicale me donnait tellement d'informations et d'inspiration que ça me faisait mieux jouer".

A New York, "le niveau est plutôt élevé. C'est un endroit où les meilleurs musiciens des Etats-Unis et du monde se rencontrent", confie-t-il à l'AFP.

Comme Clovis Nicolas, le pianiste Jean-Michel Pilc a récemment participé au festival France Rocks, une série de concerts destinée à mettre en valeur la forte présence de musiciens français aux Etats-Unis.

"New York a une aura mythique", estime-t-il. Peu après son arrivée, en 1994, "tous les musiciens français venaient ici".

Il y a vécu pendant près de 20 ans, devenant même citoyen américain avant de déménager à Montréal en 2015 pour enseigner à l'université McGill. Mais Jean-Michel Pilc, qui a récemment joué dans le célèbre Blue Note club à Greenwich Village, n'oublie pas son ancienne ville.

"Je pense que les musiciens ont besoin d'énergie, et il y a ici une énergie très particulière", avance-t-il. "Il y a quelque chose de doux, de distinct, qui est parfois plus difficile à trouver en Europe. Ce sens du temps, ce sens du son... Il y a une tradition ici, qu'on le veuille ou non".

- Obstacles financiers -

Mais comment une ville de plus en plus onéreuse pour les jeunes et figurant constamment dans le Top 10 des villes les plus chères du monde peut-elle rester au centre de la créativité musicale?

Le loyer pour un trois-pièces à New York est passé en moyenne entre 2011 et 2019 de 1.900 à 2.800 dollars, selon des données de Rainmaker Insights.

"C'est difficile", reconnaît Clovis Nicolas. "Certains musiciens arrivent à faire des spectacles à Broadway, certains ont peut-être de l'argent venant de leur famille, certains enseignent, certains font beaucoup de concerts. Mon choix a été de faire tout mon possible pour donner beaucoup de représentations".

Ce stress financier est accentué par le fait que les Etats-Unis offrent très peu d'aides aux artistes, en contraste avec la France, où une assistance gouvernementale --généreuse en comparaison-- permet aux artistes de recevoir une allocation et d'être assurés pendant les périodes de chômage.

Pour Vincent Peirani, un accordéoniste de jazz basé à Paris, qui est souvent en tournée à New York et a lui aussi participé au festival France Rocks, recommencer à zéro aux Etats-Unis est intimidant, notamment pour des raisons financières.

"On est très soutenus en France... Même si on joue de l'accordéon", dit en riant le Français de 39 ans.

Mais malgré les barrières financières, New York peut toujours se vanter de compter plus d'artistes que jamais: 55.000 selon une étude de 2017 du Centre pour un avenir urbain.

Et il y a du travail, grâce au vaste réseau de musiciens à New York, affirme Clovis Nicolas. Sans oublier ceux parmi les vétérans qui n'hésitent pas à prêter main-forte aux nouveaux arrivants qui peinent.

"Dans cette ville, il faut survivre, faire du business et être professionnel. En France, ça peut être mal vu", note le bassiste. "Mais ici, nous devons tous travailler. Nous ne sommes pas aidés par le gouvernement. Quand vous avez une passion, vous trouvez un moyen d'y arriver".


 

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