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La France "porte le deuil" des six jeunes humanitaires tués au Niger

La France "porte le deuil" des six jeunes humanitaires tués au Niger
L'entrée du bureau de l'ONG française Acted à Niamey, le 10 août 2020BOUREIMA HAMA
 

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"La France toute entière porte le deuil de vos enfants", a déclaré Jean Castex lors d'une cérémonie d'hommage aux six jeunes humanitaires français tués dimanche au Niger, devant leurs cercueils disposés côte à côte à l'aéroport d'Orly.

Myriam, Stella, Nadifa, Charline, Antonin et Léo "avaient entre 25 et 31 ans, ils étaient jeunes, généreux et brillants", a souligné le Premier ministre, visiblement ému, face à leurs familles rassemblées au pavillon d'honneur de l'aéroport.

Et, devant leurs six cercueils, recouverts d'un drap sombre et des portraits, "je veux avant tout exprimer la peine, la douleur, l'incompréhension, la colère de tous les Français", a ajouté Jean Castex, accompagné par le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti et le secrétaire d'Etat chargé des Français de l'étranger Jean-Baptiste Lemoyne.

Dans la matinée, les dépouilles des six jeunes - quatre femmes et deux hommes - avaient été rapatriées en France par avion depuis Niamey, cinq jours après le drame.

Ils ont été exécutés, avec leur chauffeur et leur guide nigériens, par des hommes armés à moto alors qu'ils visitaient la réserve de girafes de Kouré, à 60 km au sud-est de la capitale Niamey, où ils étaient basés.

Mais, a insisté Jean Castex, ces jeunes "n'étaient pas des soldats, n'étaient pas armés" et "étaient venus au Niger pour y faire le bien". Ils "y ont rencontré le mal".

Pour le chef du gouvernement, "ce crime odieux" "a tout d'une attaque terroriste" même s'il n'a jusqu'à présent pas été revendiqué.

Selon les premiers éléments de l'enquête antiterroriste ouverte à Paris, l'attaque "paraît avoir été préméditée" avec pour objectif de "cibler des Occidentaux", a indiqué vendredi une source judiciaire.

Les experts pointent du doigt l'Etat islamique au Grand Sahara (EIGS), actif dans la zone des "trois frontières" (Mali, Niger, Burkina Faso) où il est pourchassé par les armées nationales et la force française Barkhane, qui déploie plus de 5.000 hommes au Sahel.

- "Inhumanité" -

"Cette incarnation du mal, la France ne la connaît malheureusement que trop (...), c'est très vraisemblablement la même haine, la même lâcheté, la même inhumanité qui étaient à l'œuvre au Niger et au Bataclan", a dénoncé Jean Castex. Mais il n'"est pas question de céder un pouce de terrain au fanatisme criminel et aux ennemis de la liberté d'agir, de penser et de s'engager", a-t-il martelé au cours de la cérémonie.

Agées de 25 à 31 ans, les six victimes avaient été envoyées par l'ONG Acted au Niger, où elles venaient notamment en aide aux populations déplacées par le conflit.

Charline F. était une doctorante de 30 ans qui avait notamment passé deux ans au Nigeria. Stella G. s'était consacrée à partir de 2015 à l'humanitaire, notamment pour Oxfam en Centrafrique. Nadifa L. avait également travaillé à Bangui pour le ministère français des Armées et réalisait un doctorat sur "la responsabilité des entreprises exportatrices d'armes". Myriam D. avait rejoint Acted il y a deux ans et était passée par la Tunisie et le Tchad avant de rejoindre le Niger. Léo R., étudiant de 25 ans, avait rejoint Acted en tant que stagiaire en 2019 et venait d'être envoyé à Niamey comme "volontaire". Antonin G., 26 ans, était diplômé de la prestigieuse Ecole normale supérieure et chercheur en économie environnementale.

Les deux victimes nigériennes sont Boubacar G., employé d'Acted et chauffeur du 4X4, et Kadri A., 51 ans, président de l'Association des guides des girafes du parc de Kouré.

Après l'attaque, le ministère français des Affaires étrangères a placé l'ensemble du Niger à l'exception de la capitale Niamey en zone rouge, soit "formellement déconseillée".

Quant à l'ONG Acted, elle a décidé de suspendre temporairement ses activités au Niger mais "il n'est pas question de quitter le pays et la région", selon son président Frédéric de Saint-Sernin.

Partis mardi pour le Niger, l'équipe de onze enquêteurs français spécialisés, issus de la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure), de la Sous-direction antiterroriste et de la police technique scientifique, a terminé ses constatations sur place et doit rentrer en France samedi.


 

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