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La Chine poursuit la hausse de son budget militaire

 
 

La Chine a annoncé vendredi une légère décélération de ses dépenses militaires pour 2020: toujours loin derrière celles des Etats-Unis, elles restent toutefois solides (+6,6%) malgré le contexte économique morose hérité du Covid-19.

Le budget de la défense est scruté par de nombreux voisins asiatiques de Pékin, avec lesquels il entretient des différends territoriaux.

Malgré la baisse des recettes fiscales en raison du Covid-19, l'armée va dépenser cette année 1.268 milliards de yuans (178 milliards de dollars, 163 milliards d'euros), selon un rapport du ministère des Finances publié à l'ouverture de la session annuelle du Parlement.

Il s'agit seulement d'une légère décélération par rapport à l'an passé (+7,5%).

"Pékin montre ainsi que sa priorité, c'est d'avoir un budget militaire stable pour poursuivre la modernisation de l'armée", déclare Adam Ni, spécialiste de l'armée chinoise à l'université Macquarie de Sydney.

"Augmenter autant les dépenses de défense malgré la contraction de l'économie (-6,8% au premier trimestre) est le signe que la Chine glisse vers une course aux armements", juge Rory Medcalf, expert de la défense en Asie à l'Université nationale australienne.

Mais à quoi va servir cet argent?

La Chine insiste sur le besoin d'améliorer la solde des militaires et de multiplier leurs entraînements (ce qui demande davantage de munitions et de carburant).

La hausse du budget militaire suit généralement la croissance économique, pour laquelle, fait inhabituel, aucun objectif chiffré pour 2020 n'a été annoncé vendredi par le Premier ministre Li Keqiang. Il reflète également l'ambition du président Xi Jinping de créer une "armée de classe mondiale".

- Missile et porte-avions -

Celle-ci mène actuellement une grande réorganisation (pour améliorer la coordination terre-air-mer) et améliorer ses équipements.

Ces 12 derniers mois, l'armée chinoise a notamment présenté son nouveau missile balistique intercontinental DF-41 (multi-têtes nucléaires) réputé capable de frapper n'importe quel point des Etats-Unis.

La marine a pris officiellement possession en décembre du "Shandong", son deuxième porte-avions (le premier de conception 100% chinoise), et d'un nouveau destroyer de pointe (le Type 055).

Objectif: renforcer sa défense face à l'US Navy, qui croise près des côtes chinoises.

Plusieurs voisins de la Chine entretiennent avec elle des contentieux territoriaux – notamment l'Inde (au niveau des frontières himalayennes) et le Japon (en mer de Chine orientale).

Début mai, des soldats chinois et indiens se sont encore mesurés à la frontière et un bateau de pêche japonais a été pris en chasse par des navires chinois près des îles Diaoyu/Senkaku, contrôlées par Tokyo mais revendiquées par Pékin.

L'armée chinoise est également très surveillée par Taïwan, considérée par la République populaire comme une partie de son territoire, à reprendre par la force si nécessaire. Et aussi par les pays riverains de la mer de Chine méridionale.

Cette zone maritime, grande comme six fois la France, compte d'innombrables îles et des fonds riches en hydrocarbures.

La Chine et d'autres nations (Malaisie, Philippines, Vietnam) s'y disputent îlots et récifs et Washington envoie régulièrement des navires de guerre dans la zone pour contester les ambitions chinoises.

- Déjà une menace -

"En tant que plus grosse et sans doute plus forte puissance militaire d'Asie, la Chine est déjà une menace pour les États-Unis et d'autres nations de la région en termes d'équipements militaires", note James Char, expert de l'armée chinoise à l'Université de technologie de Nanyang, à Singapour.

"Mais cela ne signifie pas qu'elle s'apprête à entrer en guerre", nuance-t-il.

Hormis une base militaire à Djibouti et sa participation aux forces de maintien de la paix de l'ONU, l'armée chinoise est très peu présente à l'étranger - contrairement à son homologue américaine.

De fait, les dépenses militaires de Pékin restent environ trois fois inférieures à celles des Etats-Unis.

Ces dernières étaient en 2019 les premières mondiales (732 milliards de dollars), devant la Chine (261), l'Inde (71), la Russie (65), l'Arabie saoudite (62) et la France (50), selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri).

"Mais l'argent seul ne suffit pas", note James Char. "Les militaires chinois auront besoin de nombreuses années supplémentaires et de formations afin d'améliorer la cohésion, l'interopérabilité et l'intégration des différents services de l'armée".


 

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