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Charlie Hebdo: "4,3 millions d'euros de dons", qui iront aux victimes de l'attentat

Charlie Hebdo: "4,3 millions d'euros de dons", qui iront aux victimes de l'attentat
Un numéro de Charlie Hebdo dans un kiosque à journaux le 25 février 2015 à LillePhilippe Huguen
 
 

Charlie Hebdo a reçu, depuis les attentats de janvier, "environ 4,3 millions d'euros" de dons auxquels l'hebdomadaire "a intégralement renoncé en faveur des victimes", a annoncé lundi la direction du journal satirique, en proie à des tensions internes, en particulier sur l'utilisation de cet argent.

Cette somme, recueillie notamment auprès de "36.000 donateurs venant de 84 pays différents", sera déposée "à la Caisse des dépôts et consignations", précise la direction du journal dans un communiqué.

"La répartition de ces dons sera confiée à une commission de sages", désignés à la demande du journal par la ministre de la Justice, ajoutent Riss et Eric Portheault, respectivement directeur de la publication et gérant du titre, théâtre de divisions depuis plusieurs semaines.

Dernier incident en date, une des journalistes de Charlie Hebdo, Zineb El Rhazoui, a fait savoir la semaine dernière qu'elle était convoquée pour un entretien préalable à un licenciement. La direction avait ensuite assuré qu'il s'agissait uniquement de lui rappeler ses "obligations" professionnelles.

"Elle n'assure pas les obligations de son contrat de travail de façon satisfaisante. Cela pose des problèmes concrets au fonctionnement de la rédaction (...) J'espère que le courrier envoyé remettra les choses sur les rails", justifie Riss lundi, dans un entretien au Monde, évoquant des difficultés liées à "sa présence aux conférences de rédaction" et aux "délais de rendu de ses articles".

La direction de Charlie a d'ailleurs depuis annulé la convocation et adressé à la journaliste franco­marocaine un simple courrier, selon le journal.

Ce différend intervient alors que la rédaction est divisée depuis les attentats. Quinze salariés - dont Mme Rhazoui - sur la vingtaine que compte le journal, ont réclamé en avril une nouvelle gouvernance et un statut d'"actionnaires salariés à part égale", contestant l'utilisation des fonds recueillis.

"Cet argent doit être redistribué aux victimes, c’était l’engagement qui avait été pris (...) par des membres de la direction ou des avocats", avait déclaré vendredi sur France Info l'urgentiste Patrick Pelloux, chroniqueur à Charlie Hebdo. "Or, à l’heure actuelle, on ne sait pas trop comment ça va se passer".

Dans son communiqué, la direction entend rectifier "les chiffres fantaisistes qui circulent sur les recettes du journal", pour répondre aux "déclarations inopportunes, inexactes, source de rumeurs malveillantes et de nouvelles tensions".

Au total, "la marge brute réalisée sur les ventes du journal depuis les attentats de janvier est estimée à environ 12 millions d’euros à ce jour, avant impôts sur les sociétés (33,33%)", précisent les actionnaires de Charlie qui rappellent "leur engagement absolu à ne percevoir aucun dividende sur ces sommes".

Après un "numéro des survivants" post-attentat, parti à 8 millions d'exemplaires, le dernier Charlie Hebdo s'est vendu "à 170.000 exemplaires", a précisé à l'AFP Me Christophe Thévenet, avocat de l'hebdomadaire. Les ventes devraient se stabiliser autour de 100.000 exemplaires, a-t-il estimé, à propos du titre qui totalise quelque 270.000 abonnements.

Charlie Hebdo est détenu actuellement à 40% par les parents de son ex-directeur de la rédaction, Charb, tué dans l'attaque du 7 janvier, à 40% par Riss et 20% par le directeur financier, Eric Portheault.

Dans Le Monde, Riss estime que Charlie "ne pourra pas rester à seulement deux actionnaires. Il y aura une ouverture du capital". Il se dit ouvert à la discussion, mais "en septembre, après la nouvelle formule du journal. Aujourd’hui, j'aurais peur que nous prenions des décisions sous le coup de l'émotion".


 

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