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Attentat de Nice: un possible complice albanais et un SMS évoquant des "armes"… L'enquête progresse

Attentat de Nice: un possible complice albanais et un SMS évoquant des "armes"… L'enquête progresse
 
Nice
 

Un SMS évoquant des "armes" envoyé avant la tuerie, trois nouvelles interpellations: l'enquête a progressé dimanche pour cerner les éventuelles complicités de l'auteur de l'attentat sanglant de Nice, qui a relancé la polémique sur la politique antiterroriste du gouvernement. C'est dans ce contexte qu'une minute de silence sera observée ce lundi dans toute la France.

L'enquête évolue, quatre jours après l'attentat de Nice: de nouvelles interpellations sont intervenues ces dernières 24 heures. Ce lundi, six personnes étaient toujours interrogées sous le régime de la garde à vue, a indiqué une source judiciaire. Une des personnes interrogées a été libérée durant la nuit de dimanche à lundi.

Trois des six personnes ont été transférées à Levallois-Perret, près de Paris, pour être interrogées dans les locaux de Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), a précisé cette source.

Dimanche, la garde à vue de l'épouse de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, dont il était séparé, avait également été levée. Parmi les personnes interrogées figure un Albanais de 38 ans, arrêté dimanche, et soupçonné d'avoir fourni le pistolet 7,65. 

Un SMS important dans l'enquête   

Jeudi soir, peu avant de foncer au volant d'un camion dans la foule qui venait d'assister au feu d'artifice de la fête nationale sur la Promenade des Anglais, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel avait envoyé un SMS "se félicitant de s'être procuré un pistolet 7.65 et évoquant la fourniture d'autres armes", selon des sources proches du dossier.

Le chauffeur-livreur tunisien de 31 ans "s'est également pris en photo au volant du camion" entre sa location le 11 juillet et le soir du carnage, avant de l'envoyer par SMS. Les enquêteurs s'attèlent à "identifier l'ensemble des destinataires" des messages.

Un couple d'Albanais interpellé

Un homme de 37 ans, membre de l'entourage du tueur, et un couple d'Albanais ont été arrêtés dimanche à Nice. D'après un témoignage qui doit encore être étayé, l'homme de ce couple, âgé de 38 ans, est soupçonné d'avoir fourni le pistolet. Un des quatre hommes de l'entourage du tueur arrêtés vendredi et samedi, âgé de 22 ans, est aussi soupçonné d'avoir fourni un soutien logistique, ce qu'il conteste.

Selon des sources policières, au moins une personne a évoqué en garde à vue un basculement "récent" vers "l'islam radical" de Lahouaiej-Bouhlel, un homme violent qui n'affichait jusqu'il y a peu aucun intérêt particulier pour la religion. L'attaque de Nice a été revendiquée par les jihadistes de l'État islamique, comme les attentats parisiens du 13 novembre, les plus meurtriers jamais commis en France avec 130 morts.

Les 12 et 13 juillet, le tueur, jamais signalé pour radicalisation mais connu pour des violences, avait fait des repérages sur la Promenade des Anglais avec le camion, réservé dès le 4 juillet.

Pas de lien établi "pour l'instant" entre le tueur de Nice et "les réseaux terroristes" 

Les liens entre le tueur de Nice Mohamed Lahouaiej-Bouhlel et "les réseaux terroristes", et notamment le groupe jihadiste Etat islamique qui a revendiqué l'attaque "pour l'instant ne sont pas établis par l'enquête", a déclaré lundi le ministre de l'Intérieur.

"Le mode opératoire emprunte totalement à ce que sont les messages de Daech", l'Etat islamique, a toutefois ajouté Bernard Cazeneuve sur RTL. "On ne peut pas exclure qu'un individu déséquilibré et très violent, et il semble que sa psychologie témoigne de ces traits de caractère, ait été à un moment, dans une radicalisation rapide, engagé dans ce crime absolument épouvantable."

Premiers permis d'inhumer

Pour contrer la menace, Bernard Cazeneuve a appelé samedi soir "tous les Français patriotes" à rejoindre la "réserve opérationnelle" qui compte 12.000 volontaires (9.000 de la gendarmerie nationale, 3.000 de la police). Évoquant un "attentat d'un type nouveau" qui "montre l'extrême difficulté de la lutte antiterroriste", le ministre de l'Intérieur a aussi promis de "renforcer la présence des forces de sécurité" sur le terrain.

Les 34 premiers permis d'inhumer ont été délivrés dimanche, a annoncé le parquet de Paris, ce qui permettra d'engager la restitution des corps. Et les premières indemnisations interviendront "dès la fin de la semaine prochaine", a déclaré la secrétaire d'État à l'Aide aux victimes, Juliette Méadel.

Devant un mémorial improvisé sur la Promenade des Anglais, des passants ont continué à déposer fleurs et messages: "Je penserai à vous le reste de mes jours", dit l'un. "Pourquoi nous?", s'interroge un autre.

Les messes dominicales ont aussi permis à des fidèles fortement marqués par l'attentat d'exprimer une "douleur impossible à panser", mais aussi de prononcer "des mots de paix"

Le vicaire général du diocèse de Paris Mgr Denis Jachiet, lors d'une messe en hommage aux victimes en la cathédrale Notre-Dame de Paris, a appelé à ne pas "céder à l'esprit de haine ou de jugement" pour mieux "relever le défi de la fraternité" notamment à l'égard de "nos frères musulmans".

Une minute de silence dans toute la France 

Le deuil national de trois jours, entamé samedi, culminera lundi midi avec une minute de silence. Les cloches sonneront le glas à midi heure locale dans toute la France pour cette minute de recueillement.

François Hollande la suivra au ministère de l'Intérieur, après un nouveau conseil de Défense et de Sécurité à 9 heures à l'Élysée.

A Nice, les autorités prévoient pour cette minute de silence des "moyens exceptionnels supplémentaires" de sécurité sur la Promenade des Anglais, où s'est déroulé le massacre. La célèbre avenue sera totalement rouverte dans la foulée.

La gestion antiterroriste du gouvernement controversée

Un nouveau conseil de défense et de sécurité est prévu lundi pour tirer les leçons de cet attentat alors que l'exécutif français continue d'être critiqué sur sa gestion antiterroriste.    

L'appel du ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, à rejoindre les réservistes de la police et la gendarmerie est la seule proposition nouvelle lancée par le pouvoir, acculé à réagir trois jours après le carnage.     

L'ancien Premier ministre Alain Juppé, candidat à la primaire de droite pour l'élection présidentielle de 2017, a de nouveau appelé le gouvernement à "passer à la vitesse supérieure" contre le terrorisme.     

Le président du parti Les Républicains (droite), Nicolas Sarkozy, a jugé que "tout ce qui aurait dû être fait depuis 18 mois ne l'a pas été". "Nous sommes en guerre, une guerre totale (...) Donc, je vais employer des mots forts: ça sera eux ou nous", a déclaré l'ex-chef de l'Etat dans le journal télévisé du soir sur TF1, très regardé.      

En réponse, le Premier ministre Manuel Valls a mis en garde contre toute surenchère: "Remettre en cause l'État de droit, remettre en cause nos valeurs, serait le plus grand renoncement". Selon les autorités, "100.000 policiers, gendarmes et militaires sont mobilisés pour assurer la sécurité" en France. MM. Valls et Cazeneuve ont également affirmé, dans un communiqué commun, que l'action "résolue" de l'exécutif "donne des résultats", déclarant que "16 attentats ont été déjoués sur notre sol depuis 2013".     

Le bilan de l'attentat à Nice de 84 morts, dont dix mineurs, pourrait encore s'alourdir. Le pronostic vital de 18 blessés, dont un enfant, était toujours engagé dimanche. Au total, 85 personnes restaient hospitalisées.       


 

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