En ce moment
 
 

Entretien exclusif RTL Info: Manuel Valls et Charles Michel expliquent comment ils luttent, ensemble, contre le terrorisme

Entretien exclusif RTL Info: Manuel Valls et Charles Michel expliquent comment ils luttent, ensemble, contre le terrorisme
 
 

Le sommet France-Belgique qui a eu lieu ce lundi au Château de Val Duchesse s'est achevé vers 18h30. Les Premiers ministres français et belges étaient accompagnés de leurs ministres de l'Intérieur, Jan Jambon et Bernard Cazeneuve, ainsi que ceux de la Justice, Koen Geens et Jean-Jacques Urvoas. Dans un entretien exclusif et inédit, nous avons interrogé les chefs de gouvernement à l'issue de leur rencontre.

En direct après le RTL Info 19H, Laurent Haulotte a questionné les Premiers ministres Charles Michel et Manuel Valls sur les défis qui attendent la Belgique et la France en matière de lutte contre le terrorisme.


Belgique, base arrière du djihadisme? "Je n'ai jamais douté de la détermination du gouvernement belge"

Le directeur de la rédaction RTL Info, Laurent Haulotte, a lancé l'interview en interrogeant le Premier ministre français sur sa vision de la Belgique. Voit-il notre pays comme une base arrière pour les terroristes? "Non, les attentats ont d'abord été préparés en Syrie. C'est depuis là-bas que l'ordre a été donné par l'EI de frapper en France, en Belgique, et dans d'autres pays européens", répond Manuel Valls. "Je n'ai jamais douté de la force et de la détermination du gouvernement belge. Ce qui ne va pas, c'est qu'il faut améliorer les systèmes de renseignements. Pas seulement entre la Belgique et la France, mais en Europe de façon générale", ajoute le Premier ministre français.


À quoi a servi cette réunion France-Belgique au sommet?

À l'issue de la réunion entre les gouvernements belges et français, un poste de "magistrat de liaison" en Belgique sera notamment créé par le ministère français de la Justice. Il doit "fluidifier" l'entraide judiciaire entre nos deux pays.

De façon plus générale, "Nous avons surtout insisté sur l'échange d'informations. Pas seulement entre nos deux pays, bien sûr, mais d'abord au niveau européen", confie Manuel Valls. "Toutes les informations doivent être croisées au niveau européen et intégrées dans le Service d'Information de Schengen. Il faut contrôler les frontières, croiser les fichiers, et assurer la coopération entre les services de police, de renseignements et de la justice", précise-t-il.

Durant l'entretien exclusif, Charles Michel confirme son souhait de mieux contrôler les frontières de l'espace Schengen. Il précise également d'autres mesures à prendre. "Nous devons aussi mieux marquer les armes, lutter contre le trafic d'armes sur internet, le trafic de faux papiers d'identité, généraliser la biométrie pour savoir précisément qui se trouve sur le territoire européen", énumère-t-il.


"Il y a un problème au sein de l'islam"

Laurent Haulotte a interrogé les chefs de gouvernement sur les éléments qui n'ont pas permis de stopper la radicalisation et le terrorisme en France et en Belgique. "Il ne faut pas forcément accuser", rétorque Manuel Valls. "Même s'il faut bien sûr s'interroger et constater", admet-il. "Il faut agir avec la police, la justice et les services de renseignement, mais cette lutte contre la radicalisation qui touche une partie de notre société doit aussi être plus profonde, et passer par l'école, par nos valeurs", juge le Premier ministre français.

Manuel Valls va plus loin dans sa réponse et évoque les problèmes qui touchent, selon lui, l'islam. "Il faut opposer un projet d'espoir. Ce débat doit avoir lieu au sein de nos sociétés et au sein de l'islam. Il n'y a peut-être pas, au fond, un problème entre l'islam et nos sociétés seulement, il y a un problème au sein de l'islam, et il faut aider l'immense majorité des musulmans à lutter contre cette dérive", affirme-t-il.


Existe-t-il toujours des cellules comparables à celles qui ont perpétré les attentats de Paris?

Les Premiers ministres ont aussi été interrogés sur le niveau actuel de la menace terroriste. "Oui, la menace est devant nous", souligne Charles Michel. "Notre devoir est de ne pas tomber dans l'angoisse, dans la peur […] il faut agir et adapter nos mesures de sécurité. On doit adapter nos réponses sur le plan juridique, le plan pénal, le plan des procédures. On a élargi les possibilités d'écoutes téléphoniques. On a décidé d'interdire les cartes de téléphone prépayées et anonymes. On a étendu les capacités de perquisitions, on a rallongé les durées de garde à vue".

De son côté, Manuel Valls soutient que "nous sommes en guerre". "Pas comme nous en avons connu au XXe siècle, mais le terrorisme nous fait la guerre. Nous avons changé de monde, d'époque. L'Europe joue son destin, parce qu'il y a la menace terroriste, l'arrivée des migrants… Face à cela, l'Europe est un formidable projet pour la paix et la sécurité, et elle doit protéger le peuple et les citoyens", estime le Premier ministre français.


Un "pacte européen de sécurité" pour assurer l'avenir de l'Europe

Les mesures énoncées dans l'entretien par Manuel Valls et Charles Michel doivent consistuer un "pacte européen de sécurité", "indispensable à la survie de Schengen", estime le Premier ministre français. La France et la Belgique ont listé dans une déclaration conjointe un certain nombre de mesures à défendre au niveau européen, dont le "PNR européen" recensant les données concernant les passagers aériens. "Il faut de ce point de vue là que le Parlement européen prenne pleinement ses responsabilités", a prôné M. Valls, alors que le Parlement de Strasbourg a longtemps traîné sur l'adoption de cette mesure.


 

Vos commentaires