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Séisme en Italie: à Accumoli, le temps s'est arrêté à 03h36

 
 

Le soleil est radieux, l'atmosphère lugubre. Dans les rues d'Illica, hameau qui dépend d'Accumoli, le temps est comme suspendu depuis 03H36, heure du tremblement de terre qui a frappé mercredi le centre de l'Italie.

Réveillés en pleine nuit, les habitants de ce petit village, à l'épicentre du séisme, ont attrapé ce qu'ils pouvaient avant de fuir, loin des murs qui s'ouvraient et des toits qui s'effondraient. Signe de leur panique, un enfant est emmitouflé comme en hiver, mais porte des sandales aux pieds.

Prostré sur un banc, Guido Bordo, 69 ans, attend que les secouristes retrouvent sa soeur et son beau-frère, disparus sous les décombres de leur maison. "Ils ne donnent aucun signe de vie, on n'entend que leurs chats" raconte-t-il en se tordant les mains d'angoisse.

"J'ai cru que c'était un coup de tonnerre, mais quand je me suis levée, j'ai senti des gravats sous mes pieds, le tremblement de la maison, et là j'ai compris", raconte Domenica, âgée d'une soixantaine d'années. "Nous sommes sortis, avec mes trois petits-enfants, par un trou dans le mur de la cuisine, la porte ne s'ouvrait pas", raconte-t-elle, assise à l'ombre d'un arbre.

Sergio Camosi, qui a réussi à s'échapper à temps avec sa femme et sa fille, explique aussi que chez lui, "les portes étaient bloquées par les pierres". "Alors on a du sortir par la fenêtre", raconte-t-il, les larmes aux yeux,

Autour de lui, des volets émergent d'un tas de gravats, un pot de fleurs pend encore à un balcon effondré. A travers un mur éventré, on aperçoit la couette bariolée d'un lit d'enfant abandonné à la hâte en pleine nuit. Dans les ruines, un téléphone sonne dans le vide.

- Répliques incessantes -

Sur la place principale du village, deux femmes sanglotent et se consolent l'une l'autre. La terre continue de trembler, les répliques sont incessantes, plus ou moins fortes.

Devant une maison en ruines, une ambulance décharge deux civières. Le bourdonnement d'un hélicoptère dans le ciel se mêle au bruit des pioches et des pelles des pompiers qui fouillent sans relâche les décombres.

Des secouristes escaladent les tas de gravats à la recherche d'éventuels survivants. Ils sont assistés de chiens sauveteurs, à l'affût de la moindre odeur qui puisse permettre de trouver un survivant pris au piège.

Un des chiens s'arrête soudain, puis revient en arrière. "Le chien vient à l'instant d'indiquer qu'il y a quelqu'un en dessous, mais vu qu'il n'aboie pas, nous avons peu de chances de retrouver la personne vivante", explique Daniela Romanato, responsable de l'unité cinofile de secours.

Le village déplore déjà cinq morts parmi les 73 déjà officiellement répertoriés. Deux corps, celui d'une Espagnole dont le fiancé était originaire d'Illica, ainsi que celui d'un autre homme ont été récupérés, tandis que ceux de trois personnes sont recherchés sous les décombres.

Certains ont eu de la chance. "Je suis un miraculé. Je suis rentré hier soir de Rome et me voilà ici, vivant par miracle", raconte Claudio, le tee-shirt taché de sang, un gros sparadrap lui barrant le front.

Les rescapés d'Illica ont trouvé refuge dans un champ hors du village. Dans les communes voisines, des camps de tentes sont en passe d'être montés par la protection civile pour accueillir les quelque 2.500 personnes qui ne pourront pas regagner leur domicile ce soir.

Certains, dont le véhicule n'a pas été enseveli sous les gravats, prévoient de dormir dedans, d'autres partent retrouver leurs familles, ailleurs en Italie. Les habitants du village partent peu à peu, laissant derrière eux la dévastation.

"Une vie de sacrifice a disparu en un clin d'oeil. Mon mari a travaillé toute sa vie à Rome pour restaurer la maison de ses parents ici, on a aménagé un grenier il y a deux ans, et rien... plus rien", murmure Domenica dont la maison semble littéralement rasée, comme après un bombardement.


 

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