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Migrants: un camp installé en urgence aux Pays-Bas au fond des bois

 
 

Dans une immense clairière au fond des bois, les semi-remorques vont et viennent sous le regard intrigué des promeneurs: à plus de mille kilomètres des échauffourées qui secouent l'Europe de l'Est, les Pays-Bas construisent en urgence leur plus grand camp pour migrants.

Quelque 3.000 demandeurs d'asile seront bientôt logés dans des pavillons blancs de métal et de plastique sur cette étendue de 5,5 hectares située près de Nimègue, à quelques encablures de la frontière allemande.

Par rapport à la Hongrie, l'Allemagne ou l'Autriche, les Pays-Bas ont jusqu'à présent été relativement peu touchés par la migration de centaines de milliers de réfugiés fuyant la guerre, mais le pays n'arrive malgré tout plus à suivre le nombre exponentiel de migrants venus chercher asile.

Les autorités ont dès lors décidé l'installation d'urgence de ce campement, à un endroit ayant déjà fait ses preuves : la clairière avait été utilisée deux fois pour accueillir des camps de réfugiés dans les années 90 et accueille chaque année le campement de 5.000 militaires pour une randonnée de plusieurs jours.

"On doit donner un toit à ces réfugiés, on ne peut pas les laisser dans la rue, surtout avec l'hiver qui arrive", assure à l'AFP Gerard Brans, casque de cycliste sur la tête, au détour d'une balade à vélo dans la forêt.

A travers la grille haute de deux mètres qui encercle désormais la clairière, il observe les ouvriers qui plantent des pieux en métal dans le sol, placent des murs en plastique sur les structures en métal déjà montées ou déplacent des toilettes portables.

Les migrants bénéficieront dans ce cadre champêtre d'installations "sobres, mais humaines", selon les autorités : lits, douches, sanitaires, électricité, internet.

Les premiers demandeurs d'asile devraient arriver vers la fin de la semaine dans ce camp provisoire : il devra être démantelé au plus tard pour juin, le terrain devant être utilisé pour des Jeux paralympiques, notamment.

- 'Shopping de l'asile' -

Dans un pays chantre du multiculturalisme - le maire de Rotterdam, la deuxième ville du pays, est musulman et d'origine marocaine -, la mobilisation est de bon ton, et ce malgré un durcissement des règles d'immigration au tournant du millénaire et les déclarations incendiaires du populiste Geert Wilders.

Alors que le nombre de demandes d'asile dépassait régulièrement 40.000 par an dans les années 90, théâtre de nombreuses crises, notamment en Yougoslavie, il n'a plus dépassé les 20.000 entre 2002 et 2013 aux Pays-Bas.

Mais comme ailleurs en Europe, la migration de centaines de milliers de Syriens, Libyens, Irakiens et Erythréens, principalement, a changé la donne.

Au second trimestre de 2015, le nombre de nouvelles demandes d'asile a augmenté de 159% aux Pays-Bas, plus que dans aucun autre pays de l'UE, selon Eurostat. Le nombre total de demandes (6.270) reste modeste par rapport à la Hongrie (32.675) et l'Allemagne (80.935), mais il n'en fallait pas plus pour mettre le pays en branle.

Casernes militaires, halls sportifs, prison inutilisée: des milliers de places sont mises à disposition.

D'autant que les chiffres augmentent: plus de 7.000 demandes d'asile ont été enregistrées en août et ce chiffre a atteint dernièrement 3.100 sur une semaine.

Face à cet afflux, le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a appelé les pays de l'Union européenne à se mettre d'accord sur une répartition contraignante des migrants au sein des pays de l'Union européenne.

Il souhaite "mettre un terme au shopping de l'asile, le fait que les migrants se rendent dans les pays les plus prospères".

Les Pays-Bas, rappelle-t-il, sont un des principaux contributeurs, malgré la taille du pays, pour l'accueil des réfugiés aux frontières de la Syrie.

"Les Pays-Bas ne veulent pas d’une islamisation du pays. Nous serons bientôt le ++Hollandistan++", a pour sa part estimé le populiste Geert Wilders la semaine passée devant le parlement.

A Nimègue, Frits van Loosen, 57 ans, compte bien continuer à se promener dans les bois, et il hausse les épaules quand on lui parle des éventuelles nuisances que pourrait causer la présence de 3.000 demandeurs d'asile.

"Avoir peur du futur, ça n'a aucun sens", assure-t-il, d'un ton décidé : "pour le moment, rien ne montre qu'il y aura des nuisances".


 

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