L'ex-militant anticapitaliste italien Vincenzo Vecchi, arrêté le 8 août dans le Morbihan, a dénoncé jeudi une "politique de la traque et de la vengeance" devant la cour d'appel de Rennes qui examinait la demande de remise aux autorités italiennes et annoncera sa décision le 14 novembre.
Lors de l'audience, les avocats ont invoqué de nombreux vices de procédure remettant en cause, selon eux, la demande de remise aux autorités italiennes, fondée sur deux mandats d'arrêt européens.
Vincenzo Vecchi, actuellement en détention, a été condamné à douze ans et demi de prison en 2009 par la cour d'appel de Gênes "pour complicité de vol avec violence, incendie volontaire, complicité de dévastation et pillage, dommage volontaire et usage d'armes prohibées dans un lieu public" lors du sommet du G8 à Gênes en 2001, selon le parquet général.
Ce sommet avait été marqué par de violents affrontements entre groupuscules autonomes et forces de l'ordre.
"J'ai été condamné à 12 ans et demi de prison pour une manifestation au cours de laquelle il y a eu des vitrines cassées et des voitures brûlées alors que la police n'a pas hésité à tirer à balles réelles, tuant un manifestant, et a été condamnée pour tortures par la Cour européenne des droits de l'homme", a déclaré M. Vecchi, lunettes noires et teint pâle, évoquant une "politique de la traque et de la vengeance".
Il a également été condamné en 2007 par la cour d'appel de Milan à quatre ans de prison pour "complicité de dévastation continue", "complicité de violence continue", "menaces contre fonctionnaire", et "port d’armes dans des lieux publics", lors d'une manifestation contre l'extrême droite à Milan en 2006.
En début d'audience, l'un des deux mandats d'arrêt a été remis en cause, la peine liée au dossier milanais s'étant révélée "entièrement purgée", selon Me Catherine Glon, avocate de la défense, dénonçant une "désinvolture dans le traitement de la procédure".
- Pas de motif de refus -
L'avocat général a estimé qu'il n'y "avait pas lieu de refuser la remise", rappelant que M. Vecchi devait encore exécuter une peine de 11 ans et demi de prison et qu'il serait emprisonné sous le régime du droit commun et non d'un régime spécial réservé aux détenus condamnés pour terrorisme.
Se succédant à la barre, les trois avocats de la défense ont développé ce qu'ils estiment être des vices de procédure.
"La question est de savoir si l'on doit remettre une personne qui est depuis des années un citoyen paisible sur le territoire français, à qui l'on reproche simplement d'avoir participé à des manifestations", avait déclaré Me Glon avant l'audience.
Outre un mandat émis pour une peine déjà exécutée, les avocats ont plaidé l'erreur de mandat, côté français, dans la notification faite à M. Vecchi le jour de son arrestation, portant atteinte à sa défense. A cela s'ajoutent un mandat fondé sur une décision de justice non définitive ou encore l'absence de M. Vecchi à son procès.
La défense a également fait valoir l'absence de qualification pénale en France pour certaines infractions, notamment celle de "dévastation et pillage". "C'est un crime créé sous Mussolini par le ministre Rocco qui prévoit des peines criminelles pour des actes qui, soit ne sont pas réprimés en France, soit entraînent des condamnations mineures", a expliqué à l'AFP Me Maxime Tessier.
Dans un communiqué, la Ligue des droits de l'Homme (LDH) a demandé "la libération de Vincenzo Vecchi", dénonçant "l’instrumentalisation de la procédure du mandat d’arrêt européen à l’encontre d’opposants politiques".
Une soixantaine de personnes membres de son comité de soutien s'étaient rassemblées devant le tribunal.
Vincenzo Vecchi vivait depuis plusieurs années dans la clandestinité à Rochefort-en-Terre (Morbihan) où il travaillait comme peintre en bâtiment.
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