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Une Commission européenne plus verte et high tech, ternie par deux couacs

 
 

La Danoise Margrethe Vestager, en première ligne pour affronter les Gafa, le Néerlandais Frans Timmermans au front pour sauver le climat: les portefeuilles des 26 membres de la nouvelle Commission européenne ont été dévoilés mardi, une distribution des rôles plombée par deux couacs.

Quelques heures à peine après la présentation de cette nouvelle équipe - avec un nombre record de femmes (13)- par l'Allemande Ursula von der Leyen, qui doit succéder au Luxembourgeois Jean-Claude Juncker le 1er novembre pour cinq ans, deux fausses notes ont terni la fête.

La volonté de Mme von der Leyen d'intégrer le dossier de la migration à un portefeuille plus large intitulé "Protection de notre mode de vie européen", a provoqué un début de polémique.

- "Inquiétant" -

Ce poste est attribué au Grec Margaritis Schinas, dont le pays est en première ligne des arrivées de migrants. "C'est inquiétant de voir une telle expression associée à la migration et à la protection des frontières", remarquait sur twitter l'Allemande Ska Keller, co-chef du groupe parlementaire des Verts européens.

Pressée d'expliquer le lien entre l'intitulé du poste et le dossier migratoire, Mme von der Leyen a expliqué aux journalistes: "notre mode de vie européen, c'est s'accrocher à nos valeurs. La beauté de la dignité de chaque être humain est l'une des plus précieuses valeurs".

Deuxième fausse note de la journée, la Française Sylvie Goulard, qui s'est vu confier un vaste portefeuille économique au sein de la prochaine Commission européenne, a été entendue en France par la police judiciaire dans l'affaire d'emplois fictifs présumés des eurodéputés du parti français MoDem.

La nouvelle équipe de Mme von der Leyen, où chaque commissaire représente un pays de l'Union, sauf le Royaume-Uni qui doit quitter l'UE fin octobre, compte deux poids lourds, déjà membres de la Commission Juncker.

Il s'agit du social-démocrate néerlandais Frans Timmermans et de la libérale danoise Margrethe Vestager. Ils étaient eux-mêmes candidats à la succession de M. Juncker et donc rivaux de Mme von der Leyen, et sont en charge de dossiers présentés comme prioritaires par la présidente de la Commission.

- "Vigilante" -

A la surprise générale, la Danoise, qui s'était attiré les foudres du président américain Donald Trump après avoir infligé des amendes records aux Gafa, a conservé la Concurrence, un portefeuille très convoité, en plus de ses nouvelles prérogatives sur l'économie numérique.

Dans un court entretien à l'AFP, elle a promis de "rester vigilante" face aux actions de la high tech américaine ces cinq prochaines années.

Elle a aussi dit vouloir d'abord "écouter très attentivement les différentes opinions" avant d'entamer une réforme des règles européenne de la concurrence, réclamée par Paris et Berlin après le veto de Bruxelles à la fusion Siemens/Alstom en février.

L'autre poids lourds de la Commission, M. Timmermans, coordonnera les travaux consacrés au "pacte vert" promis par Mme von der Leyen en juillet, pour concrétiser sa promesse de la neutralité carbone à l'horizon 2050 pour l'UE.

Au total, l'équipe von der Leyen compte huit anciens de la team Juncker, dont l'Irlandais Phil Hogan, nommé au Commerce. A ce poste sensible, il aura la responsabilité de gérer les tensions commerciales avec les Etats-Unis et de négocier un accord de libre-échange avec le Royaume-Uni après le Brexit.

Dans le groupe des nouveaux venus, l'Italien social-démocrate Paolo Gentiloni, ex-Premier ministre, est en charge de l'Economie, à un moment où Rome, qui doit relancer un pays à l'arrêt, espère plus de souplesse de Bruxelles sur ses finances publiques.

Il devra toutefois travailler en collaboration avec le Letton Valdis Dombrovkis (PPE), vice-président chargé de la coordination des politiques économiques.

Après la présentation mardi de la nouvelle équipe, tous ses membres seront auditionnés par le Parlement européen entre le 30 septembre et le 8 octobre. Par le passé, des prétendants mis sur le gril par les eurodéputés ont été écartés.

Après les auditions, le nouvel exécutif bruxellois doit encore passer le vote d'investiture le 22 octobre, pendant la session plénière à Strasbourg (France).


 

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