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"Je contacterai la famille quand j'arriverai en Angleterre, papa": l'insupportable attente des familles de migrants après la découverte du camion charnier

"Je contacterai la famille quand j'arriverai en Angleterre, papa": l'insupportable attente des familles de migrants après la découverte du camion charnier
© Image Belga
 
 

L'angoisse grandissait, dimanche au Vietnam, pour des familles de migrants attendant de savoir si leurs proches figurent parmi les 39 victimes du camion charnier retrouvé mercredi près de Londres.

Arrêté peu après la découverte du véhicule dans une zone industrielle à une trentaine de kilomètres de la capitale britannique, le chauffeur du poids lourd a été inculpé, notamment pour homicides involontaires.

Alors que les premières informations laissaient penser que les 31 hommes et huit femmes retrouvés morts étaient des Chinois, des doutes sont apparus quand de nombreuses familles vietnamiennes ont dit craindre que leurs proches ne figurent parmi les victimes.

Et l'on soupçonne la plupart de provenir de villages pauvres du centre du Vietnam, où de plus en plus de familles révèlent les détails des ultimes échanges avec leurs proches.

Tout ce que je veux, c'est le corps de mon fils.

Ainsi Le Minh Tuan qui n'a plus eu de nouvelles de son fils Le Van Ha depuis ce message envoyé sur Facebook il y a environ une semaine, et qui disait: "Je suis sur le point de monter dans une voiture pour la Grande-Bretagne. Je contacterai la famille quand j'arriverai en Angleterre, papa" .C'était deux jours avant que le camion frigorifique ne soit découvert.


"Je n'ai reçu aucune nouvelle de lui depuis", a déclaré à l'AFP Le Minh Tuan, les yeux rougis par les larmes. "Je suis sûr qu'il était dans ce camion. Tout ce que je veux, c'est le corps de mon fils", a-t-il dit dans le village de Yen Hoi, dans la province de Nghe An.

Il est parti pour payer ses dettes.

Le trentenaire avait quitté le Vietnam en juin, laissant derrière lui ses deux garçons et sa fille. Il cherchait à atteindre la Grande-Bretagne, via la Turquie, la Grèce et la France.


Le Van Ha espérait trouver en Grande-Bretagne du travail pour rembourser les 30.000 dollars (27.000 euros) dûs à ses passeurs, ainsi que les 8.500 dollars empruntés pour construire sa maison.

"Il est parti pour payer ses dettes (...) et renvoyer de l'argent pour que ses enfants aient une vie meilleure", a déclaré son père en pleurs, en serrant son petit-fils dans ses bras.

La mère de Vo Ngoc Nam, 28 ans, dit ne plus avoir de nouvelles de son fils, qui travaillait en Roumanie et comptait se rendre en Grande-Bretagne. "Cela fait plusieurs jours que j'attends des nouvelles dans l'angoisse, mais nous n'avons rien reçu", déplore-t-elle auprès de l'AFP. Des habitants comptaient dans la journée se rassembler pour la messe et prier pour les 39 victimes.

Cinq personnes arrêtées

La police de l'Essex a dit vouloir accélérer le processus d'identification des empreintes digitales des personnes retrouvées dans le camion, tout en affirmant que cela prendrait du temps. C'est des régions pauvres du centre du Vietnam que partent de nombreux migrants en quête d'une vie meilleure en Europe.

Ils cherchent souvent à rejoindre la Grande-Bretagne pour travailler dans des bars à ongles ou des fermes illégales de culture de cannabis, dans l'espoir de gagner de l'argent rapidement.

Cinq personnes ont à ce stade été arrêtés dans l'enquête en Grande-Bretagne. L'ambassadeur du Vietnam Tran Ngoc An a été reçu samedi par les enquêteurs. Il s'est aussi entretenu avec la ministre britannique de l'Intérieur Priti Patel.


 

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