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Ford et Volkswagen s'allient dans les fourgons et les pickups

Ford et Volkswagen s'allient dans les fourgons et les pickups
Ford et Volkswagen ont annulé le 14 janvier 2019 à la surprise générale une conférence de presse commune prévue à Detroit, au cours de laquelle ils devaient sceller en fanfare leur partenariatPatrik STOLLARZ
 
 

Volkswagen et Ford ont mis mardi de côté leur rivalité en annonçant s'allier pour construire ensemble des fourgons, utilitaires et pickups commerciaux afin d'être plus compétitifs dans une industrie automobile en pleine transformation.

Dans le cadre de cette alliance "mondiale", les deux groupes automobiles vont commencer à vendre en Amérique latine, en Europe et en Afrique des fourgonnettes et des utilitaires produits par Ford à partir de 2022.

Le constructeur américain va également fabriquer un pickup commercial pour les marchés européens pour le compte des deux groupes, tandis que l'allemand produira un fourgon urbain. Ces véhicules seront commercialisés en 2023.

Les deux groupes automobiles poursuivent en outre des discussions sur un possible partenariat dans le développement des véhicules autonomes et électriques et dans les services de mobilité. Ils pourraient également produire d'autres véhicules en commun.

"Nous excluons un échange croisé de participations", a néanmoins affirmé, lors d'une conférence téléphonique, Herbert Diess, le PDG de VW, dont le nouvel investissement de 800 millions de dollars dans son usine américaine de Chattanooga a été salué mardi par le président Donald Trump, qui y a vu "une grosse victoire" pour l'Etat du Tennessee, dans le sud du pays.

L'alliance VW-Ford intervient au moment où l'industrie automobile est lancée dans la course pour développer des technologies coûteuses censées définir les modes de transport de demain mais aux modèles économiques encore incertains.

- Risques d'échec -

Cette incertitude, la concurrence des géants de la Silicon Valley (Uber, Tesla, Waymo-Google) et les sommes en jeu incitent à des partenariats: Honda a par exemple investi récemment 2,5 milliards en échange d'une participation de 5,7% dans la filiale de technologies autonomes de General Motors. Toyota a ressuscité lundi son coupé sport populaire Supra, coproduit avec BMW.

Le partenariat VW-Ford devrait se traduire par des économies d'échelle "considérables" et permettre de doper les bénéfices opérationnels de l'un et l'autre à partir de 2023.

"Cette alliance est la pierre angulaire pour améliorer notre compétitivité", a souligné Herbert Diess, car elle permettra, selon lui, aux deux constructeurs d'optimiser les capacités dans leurs usines et de réduire nettement leurs budgets de recherche et enveloppes d'investissements réciproques.

"Nous allons essayer d'utiliser les usines existantes", a expliqué Jim Hackett, le PDG de Ford, lors d'une conférence téléphonique, mais "nous n'anticipons pas une réduction des effectifs dans nos usines".

Volkswagen pourrait produire une fourgonnette dans une usine Ford en Turquie et des discussions sont en cours avec les syndicats à Hanovre (Allemagne), a renchéri Herbert Diess, arrivé aux commandes du géant allemand l'an dernier.

Ford s'est engagé récemment à investir 15 milliards de dollars dans les véhicules électriques dans les prochaines années, contre 50 milliards pour VW.

"L'industrie va probablement voir de plus en plus ce type de collaboration car un constructeur ne peut proposer à lui seul toutes les gammes de produits aux consommateurs à travers le monde alors que le développement des voitures et des technologies devient de plus en plus coûteux", estime Michelle Krebs, analyste chez AutoTrader.

S'il juge nécessaires de tels partenariats, Karl Brauer n'exclut pas des échecs en raison des différences de culture.

"Comme le montrent actuellement les controverses autour de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, une collaboration n'est pas toujours facile et le succès n'est pas garanti", prévient M. Brauer.

Le partenariat VW-Suzuki Motors s'est terminé devant les tribunaux bien avant même que le premier véhicule en commun ait été produit mais M. Diess, arrivé aux commandes l'an dernier, a promis d'ouvrir le groupe allemand aux coopérations.

Et pour dissiper les doutes, VW et Ford soulignent avoir déjà travaillé ensemble en Amérique du Sud et au Portugal.

Le géant allemand pourrait aider Ford en Europe, marché où le groupe américain perd de l'argent depuis près d'une décennie et où il vient d'annoncer des suppressions d'emplois non encore chiffrées et une revue de son portefeuille de marques.

Ford de son côté aiderait VW à se renforcer aux Etats-Unis, marché où sa part de marché est faible et où sa réputation a été ternie par le scandale des moteurs diesel truqués.

Malgré le désamour pour le diesel à la suite de politiques environnementales strictes dans de nombreuses villes européennes et à Pékin, Volkswagen est en solide position en Europe et en Chine, tandis que Ford est le deuxième constructeur sur le marché américain en termes de ventes.


 

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