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Energies renouvelables: l'Espagnol Abengoa veut éviter la faillite

Energies renouvelables: l'Espagnol Abengoa veut éviter la faillite
Une usine de production d'énergie solaire d'Abengoa, à Sanlucar La Mayor, en Andalousie, le 27 novembre 2015CRISTINA QUICLER
 
 

Le spécialiste espagnol des énergies renouvelables Abengoa examine lundi un plan de redressement destiné à lui éviter la faillite en donnant naissance à une nouvelle entité plus petite et moins endettée.

Son conseil d'administration doit se réunir en fin de journée pour examiner ce plan élaboré par la direction, selon une source proche du dossier. Une fois approuvé, il sera soumis aux banques, fonds d'investissement et fournisseurs d'Abengoa, selon cette source.

A la Bourse de Madrid, cette perspective faisait s'envoler l'action de 45,95% à 0,54 euro à 12H56 (11H56 GMT).

Ancien fleuron de l'économie verte en Espagne, Abengoa est lancé dans une course contre la montre pour éviter la faillite, qui serait une des plus retentissantes de l'histoire du pays.

Il est plombé par une lourde dette brute, près de neuf milliards d'euros, et s'est déclaré le 25 novembre en pré-dépôt de bilan, ce qui lui laisse jusqu'au 28 mars pour trouver un accord avec ses créanciers.

Ses principales banques et l'institut public de crédit ICO lui ont accordé il y a un mois un sursis de quelques semaines, avec l'apport de 106 millions d'euros pour payer les salaires de décembre. Mais elles exigent que le groupe se désendette et réduise la voilure.

Selon la presse espagnole, le "nouvel Abengoa" verrait son chiffre d'affaires, de 7 milliards en 2014, réduit de 60% et son excédent brut d'exploitation (1,4 milliard en 2014), de moitié.

Pour cela le groupe envisage de se séparer d'actifs pour un montant de 1,5 milliard d'euros, tout en conservant son ingénierie et son savoir-faire, indique le quotidien économique Expansion.

Il s'agirait d'immeubles, d'installations de panneaux solaires, d'usines de dessalement ou encore de ses activités dans les biocarburants, rapportent plusieurs journaux.

Les pays en première ligne seraient le Brésil, le Costa Rica ou encore la Turquie, selon la presse. Abengoa réalise 87% de son chiffre d'affaires hors d'Espagne et est très présent sur le continent américain.

Pas question en revanche de toucher à son joyau, sa filiale américaine Abengoa Yield, renommée récemment Atlantica Yield, qui a ouvert une centrale solaire géante en Arizona.

Le groupe andalou contrôle 41,9% du capital de cette filiale cotée à la Bourse de New York et valorisée 1,8 milliard de dollars. Il peut d'autant moins le lacher, qu'il a apporté une grande partie de cette participation en garantie à des crédits.

- Réduction d'emplois -

Le recentrage s'accompagnerait d'une renégociation de la dette permettant de la faire passer de 8,9 milliards d'euros à environ trois milliards, selon plusieurs médias. La famille fondatrice Benjumea verrait son poids réduit entre 5 et 10%.

"Par le passé, l'entreprise n'arrivait pas à financer ses investissements avec ses bénéfices ni son besoin en fond de roulement (décalage entre ses dépenses et ses recettes) et il n'est pas sûr qu'elle arrive à le faire avec une réduction de dettes", estime cependant Maxime Kogge, analyste chez ISM capital.

Cette réduction de taille se traduira par des suppressions d'emplois, selon le journal Expansion. Abengoa employait 28.700 personnes à fin septembre dont environ 7.000 en Espagne.

L'entreprise a commencé à tailler dans les contrats temporaires en Espagne - 500 ont été supprimés depuis le mois de novembre selon les syndicats - et à réduire ses équipes brésiliennes, selon le syndicat brésilien Sintepav.

"Le plan contiendra des mesures concernant des projets qui ne sont pas viables et cela aura une conséquence sur l'emploi", assure à l'AFP Juan Manuel Moreno, secrétaire général de la fédération industrie du syndicat CCOO.

Le gouvernement espagnol, de son côté, souhaite qu'Abengoa puisse être épaulé par un partenaire industriel solide, mais les candidats ne se bousculent pas au portillon. Le groupe de BTP espagnol Ferrovial a fait savoir en décembre qu'il n'était pas intéressé.

Le groupe de BTP français Vinci a aussi été cité. Selon une source proche des négociations, il a examiné le dossier mais l'a refermé en raison de l'endettement d'Abengoa.

Reste à savoir comment les banques créancières vont accueillir ce plan et si elles seront prêtes à lui accorder un nouveau prêt nécessaire à Abengoa pour continuer à fonctionner.


 

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