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Les ravages de la pyrale du buis dans la forêt drômoise

 
 

"On a rarement vu invasion aussi rapide". Apparu en France en 2008, un papillon ravageur du buis, la pyrale, sévit particulièrement dans le sud de la Drôme, perturbant le quotidien des habitants et menaçant la forêt.

"Quand on pense qu'on l'a détectée il n'y a que huit ans en Alsace et qu'on a ces dégâts-là dans la Drôme", se désole Vincent Didier, correspondant observateur de la santé des forêts à l’Office national des forêts (ONF).

Face à lui, du buis devenu tout sec, ravagé par un lépidoptère qui a colonisé presque tout l'Hexagone depuis son arrivée via l'importation de plants asiatiques. La pyrale (Cydalima perspectalis) pond sur les feuilles du buis qui sont ensuite dévorées par les chenilles.

"Si la population est importante comme cette année dans la Drôme, elles attaquent l'écorce et provoquent le dessèchement de la tige, ce qui perturbe les vaisseaux conducteurs de sève et ça peut entraîner la mort de l'arbre", explique le technicien forestier.

A terme, la disparition de l'arbuste, très présent dans les forêts méridionales et sur les terrains calcaires des autres régions, aura des conséquences sur l'érosion des sols et l'écosystème.

A Grignan, dans les jardins au pied du château où séjourna Madame de Sévigné, seuls quelques plants taillés en labyrinthe ont été épargnés, malgré un traitement au Bacillus thuringiensis, une bactérie.

"C'est efficace mais pas radical, il suffit de rater un cycle pour que les résultats soient médiocres", indique l’agent de l’ONF. Car la bestiole, qui n'a pas de prédateur, se reproduit jusqu'à quatre fois par an.

"La pyrale va plus vite que nous, on a été dépassé par sa rapidité", peste Élisabeth Tabone, responsable de l'Unité expérimentale Entomologie et forêt méditerranéenne à l'Institut national de la recherche agronomique (Inra).

- Solutions inapplicables en forêt -

Depuis 2014, le programme national SaveBuxus, coordonné par l'association Plante et Cité, basée à Angers, l'Institut technique de l'horticulture, la société Koppert et l’Inra vise à trouver des solutions de biocontrôle pour lutter contre le ravageur.

"On a des résultats encourageants avec un parasitoïde, un insecte qui pond dans les œufs de la pyrale, et l'année prochaine on sera opérationnel", espère Élisabeth Tabone.

Outre les insecticides, peuvent être installés des pièges à phéromones pour capturer les adultes mâles ou des nichoirs pour les mésanges et les moineaux qui nourrissent leurs oisillons avec des chenilles. Mais toutes ces solutions sont inapplicables dans les forêts, désormais conquises par le parasite.

"Il faudrait traiter des centaines de milliers d’hectares, c’est techniquement et économiquement impensable", reconnaît Vincent Didier.

Dans la forêt communale de Grignan, une multitude de papillons aux ailes blanches bordées de marron vole au-dessus du sous-bois dont le buis en bordure est asséché, ce qui accroît le risque d’incendie en cette fin d’été sans pluie.

"Ils sont en train de pondre et on ne peut rien faire", constate, impuissant, l'agent de l'ONF. Il refuse néanmoins de céder à "la psychose" qui semble, selon lui, gagner la population: "il faut laisser le temps à la nature de réagir et de trouver un équilibre, on pourrait finir par avoir un prédateur de la pyrale". Il compte surtout sur un épisode de gel durable cet hiver pour tuer les chenilles dans leurs cocons et "calmer la propagation".

En attendant, le papillon, attiré par la lumière et la fumée, perturbe grandement toute activité nocturne. Les dîners en terrasse et barbecues sont proscrits, les maisons envahies et les pare-brise assaillis. Et chacun se débrouille: une bassine d’eau savonneuse pour attirer les papillons ou des jets d’eau à haute puissance sur les buis pour en faire tomber les chenilles.


 

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