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Non, les boissons light ne triplent pas le risque d’AVC: pourquoi avez-vous vu passer cette "info" sur internet?

Non, les boissons light ne triplent pas le risque d’AVC: pourquoi avez-vous vu passer cette "info" sur internet?
 
 

Quand la presse tire des conclusions hâtives d'une étude scientifique, elle peut faire peur et désinformer. C'est ce que dénonce un statisticien belge dont RTLinfo.be vous a déjà parlé.

Le 20 avril dernier, la revue scientifique Stroke publiait une étude appelée Sugar- and Artificially Sweetened Beverages and the Risks of Incident Stroke and Dementia. Elle tentait de savoir si les boissons sucrées ou édulcorées avaient une influence sur les accidents vasculaires cérébraux (AVC ou communément appelés thromboses) et sur la démence. Pour la partie AVC, les données ont été récoltées sur 2.888 personnes pendant 10 ans. L’étude conclut que les sodas contenant des édulcorants ont été associés à un plus grand risque d’AVC ou de démence.

Partant de là, plusieurs sites d’information (parfois de presse traditionnelle mais souvent de presse magazine type "tendance / people / santé") ont relayé l’information… mais en la généralisant trop.


Attention: corrélation n'est pas relation de cause à effet

C’est ce que dénonce la dernière vidéo des Belges de La statistique expliquée à mon chat, dont RTLinfo.be vous a déjà fait le portrait.

Dans celle-ci (à voir au bas de cet article), le statisticien Nathan Uyttendaele relève un problème dans l’étude qu’il a disséquée. Les chercheurs ont effectivement pu prouver, via leur méthode de recherche, une corrélation entre la consommation de boissons light et la survenance des AVC.

Mais cela ne prouve en rien que ces boissons sont la cause de ces AVC plus fréquents. En effet, une corrélation du même type a déjà été observée entre le nombre de magasins Ikea par habitants et le nombre de prix Nobel par habitants, ou entre la quantité de CO² mesurée dans l’atmosphère et le pourcentage de personnes en surpoids sur la planète. Mais l’un n’est pas forcément la cause ou la conséquence de l’autre.

Voilà pourquoi, tout au plus, peut-on dire que l’étude publiée dans Stroke indique qu’il pourrait y avoir un lien entre la consommation de boissons édulcorées, qu’il y a là une piste à creuser. Mais on ne peut pas l’affirmer en se basant sur cette seule étude.


Beaucoup d'études ne vont pas plus loin

Et aller plus loin dans la recherche scientifique "est malheureusement l’étape la plus difficile par manque de temps, de moyens" ou d’envie, note M. Uyttendaele. "De nombreux scientifiques" ne vont jamais plus loin que la recherche d’une corrélation.

L’étude le dit d’ailleurs, dans ses toutes dernières lignes : "De futures recherches sont nécessaires pour confirmer" leurs résultats "et enquêter sur les mécanismes sous-jacents" qui expliqueraient la corrélation.

Mais ce type de recherche prend du temps et coûte cher car il faut des cobayes humains. Idéalement, il faudrait, est-il expliqué dans la vidéo, prendre un groupes avec beaucoup de personnes pour être représentatif et le diviser en deux. Il serait imposé à un groupe d’arrêter toute consommation de boissons édulcorées, et à l’autre d’en boire tous. Après plusieurs années, peut-être qu’une différence apparaîtrait entre les deux groupes et viendrait prouver la relation directe entre boire du light et faire un AVC.

Les chances de voir la science mener cette recherche sont donc assez minces.

Mais en attendant, la presse doit veiller à bien faire la distinction entre une simple corrélation qui ne prouve rien à elle seule et une vraie relation de cause à effet. (Et nous ne nous prétendons pas à l’abri d’une erreur de ce type sur RTLinfo.be). Le besoin de rapidité ou simplement la méconnaissance d’un sujet pousse parfois un journaliste à livrer une information biaisée. Sachez simplement qu’on rectifiera toujours toute erreur éventuelle de notre part.

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