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Les tests de Mathieu: le nouveau roi du smartphone pliable est-il une F1 ou une Ferrari ?

Les tests de Mathieu: le nouveau roi du smartphone pliable est-il une F1 ou une Ferrari ?
 
Les tests de Mathieu
 

Le Galaxy Z Fold 2 de Samsung est sans conteste le smartphone pliable le plus abouti du marché, qui n'en compte pas beaucoup. Mais pour autant, cet appareil incongru a-t-il du sens. Est-il vraiment, comme le prétend l'entreprise, à la fois un smartphone, une tablette et un laptop ? Voici mon avis.

Depuis pratiquement deux ans, quelques marques s'essayent au smartphone pliable. Samsung, Huawei et Motorola sont les plus connues, mais il y a d'autres acteurs plus exotiques et moins connus en Europe, comme Royole et TCL.

Soyons clairs, c'est le N.1 d'Android qui est le plus avancé dans ce domaine très niche. Logique: Samsung en est en à son troisième essai, après un Galaxy Z Fold dont la sortie a été chaotique en 2019 (voir explications), et un Z Flip moins ambitieux mais plus accessible (je l'avais bien aimé, voir mon test) sorti en 2020.

Place donc au Z Fold 2, sorti en septembre, et dont vous avez déjà entendu parler. J'ai passé quelques jours à l'utiliser et voici mon ressenti.

Une œuvre d'art a ses limites

Autant par son emballage dessiné que par son design luxueux et sa finition soignée, le Z Fold 2 de Samsung fait penser à une œuvre d'art. Sa couleur Mystic Brown, qui fait penser à une variante de bronze, lui va à ravir. Plié ou déplié, on voit désormais très bien que le concept a mûri, que ce n'est plus un écran pliable au dos duquel on a casé des composants, une coque et une charnière. La prise en main est bonne, rassurante ; et même en position 'tablette', ça ne cliquote pas, c'est solide. Ça n'a l'air de rien, mais c'est déjà une prouesse de la part du géant sud-coréen de l'électronique.

Il est également question d'art lorsqu'on évoque la charnière, cruciale, qui va supporter les milliers d'ouvertures au fil de la vie du Z Fold 2. Samsung m'a dit avoir passé des mois entiers à fabriquer des dizaines de prototypes avant de trouver le mécanisme idéal, à la fois discret, solide et empêchant la poussière de rentrer grâce à de minuscules brossettes. Et au final, comme son nom l'indique (Hideaway), cette charnière disparaît lorsque l'écran principal est déplié. Magnifique.



On n'est pas là pour parler technique, mais vous l'imaginez, un téléphone à 2.000 euros est forcément équipé de ce qu'il y a de mieux au niveau des capacités de calcul (un Snapdragon 865+ compatible 5G et équipé de 12 GB de RAM), du stockage interne (256 GB) et des écrans AMOLED (la spécialité de Samsung).

Pour le reste, le coréen doit composer avec les lois de la physique et quand on veut un appareil pliable, il y a quelques limites à accepter. Il n'y a ni charge sans fil ni étanchéité certifiée, et sa batterie de 4.500 mAh, bien qu'honorable, souffre quand elle doit alimenter l'écran principal de 7,6" (2208 x 1768 pixels) au taux de rafraîchissement élevé (jusqu'à 120 Hz). Sans oublier l'absence de capteur d'empreinte sous l'écran: il faut placer le pouce droit sur la tranche pour déverrouiller l'appareil.

Rien de dingue, mais ces options se trouvent désormais sur des appareils vendu quatre fois moins chers. Mais cela a-t-il du sens de parler d'argent quand on évoque une œuvre d'art ?

La question qui compte: est-ce utile, pratique, agréable à utiliser ?

D'après Samsung, le smartphone pliable, c'est l'avenir. Très cher aujourd'hui, il devrait, selon le porte-parole de l'entreprise que j'ai rencontré récemment, devenir plus abordable au fil des ans. Mais il deviendrait la norme.

Faudrait-il encore que le public adhère. Autant j'ai apprécié mon test du Z Flip, un smartphone 'normal' que l'on peut plier en deux ; il devient plus petit et rentre dans toutes les poches, ça a du sens. Autant le concept de la tablette carrée (ouvert, le Z Fold 2 mesure 16 x 12 x 0,7 cm) que l'on peut plier en deux continue de me laisser assez perplexe.

Je vais être honnête: je ne l'ai pas utilisé à 100% pendant deux semaines. Pour une raison très simple: sans protection et avec 3 petits enfants curieux à la maison, le Fold 2 aurait sans doute pris cher. C'est anecdote est révélatrice de la manière dont on appréhende ce bijou de technologies: avec méfiance.

Certes, comme je l'ai dit, tout paraît plus solide et mieux construit que la première génération. Il n'en demeure pas moins que l'écran principal est un assemblage de couches relativement souples, et donc fragiles. D'ailleurs, sous certains angles on remarque très bien un pli au milieu de l'écran, là où se trouve la charnière :

Passé cette prudence, il y a le côté pratique. Soit on a la flemme et on se contente d'utiliser le Fold 2 replié. Samsung l'a doté d'un écran nettement plus utilisable que l'an dernier: de 6,2", il est de bonne facture mais son format très allongé (25:9) complique un peu les choses. Les applications n'ont pas été conçues pour ça, et c'est normal: beaucoup de gens ont encore des formats traditionnels 16:9. Dès lors, certaines zones seront peu ou mal affichées, ou alors le texte sera tellement étiré qu'il occupera la moitié de l'écran. Rien de très pratique, finalement, sauf pour dépanner. De plus, plié, c'est très épais et pas spécialement agréable à prendre en main (1,7 cm au niveau de la charnière, 1,4 cm au niveau de la bordure opposée, le tout pesant 282 grammes):

Donc, on a cette inévitable envie de le déplier. On se retrouve alors avec une dalle carrée de presque 20 cm de diagonale ! C'est beau et impressionnant, car Samsung est parvenu à insérer un écran pratiquement Infinity View, une notion chère à la marque qui signifie que les bordures sont très réduites. Bien entendu, on n'a pas l'habitude de manipuler un tel écran tactile, qui est trop petit (ou fragile) pour être utilisé comme une tablette, et trop grand pour être utilisé comme un smartphone. Donc on compose entre les deux, on joue des poignets et des pouces. Samsung a revu son interface maison et on peut faire du multifenêtres assez facilement, et même lancer un groupe d'applications (2 ou 3) en une seule fois, avec un petit raccourci latéral quand on touche le bord droit. Assurément, c'est unique au monde de pouvoir utiliser autant d'applications en même temps. Cependant, à nouveau, rien n'a été conçu pour des affichages carrés: en plein écran, vos applications favorites sont forcément étirées (sur les côtés, cette fois). Pour Instagram, ça passe, car les photos carrées deviennent juste plus grandes (mais les story sont tronquées). Pour le reste, ce grand format carré 22;5:18 est soit contreproductif (Netflix, YouTube), soit inutile (Facebook, Gmail). Reste la navigation sur internet, si les pages s'affichent en format ordinateur et non mobile, on y trouvera son compte :


 

Samsung a également améliorer son Flex Mode. Certaines applications détectent quand l'écran est plié de moitié, et se met en mode 'laptop'. On peut regarder une vidéo Netflix avec le smartphone déposé (mais un peu bancal à cause de la grosse protubérance du bloc photo), faire des visioconférences facilement, (essayer de) taper un document Word, si on s'habitue à ce clavier tactile et qu'on a les doigts fins. C'est sans doute l'option la plus cool du Galaxy Fold 2:


 

Conclusions

Samsung (et même une émission bien connue du service public) prétend que le Galaxy Fold 2 n'est pas si cher car à 2.000 euros, il est à la fois un smartphone, une tablette et un ordinateur. Je ne partage pas cet avis.

Je définirais le Galaxy Z Fold 2 avant tout comme un bijou, une vitrine technologique qui montre tout le savoir-faire de Samsung au niveau de la conception et de la fabrication de matériel électronique. Ensuite, je dirais que c'est une tablette carrée assez fragile qu'on peut plier en deux pour en faire un smartphone à l'écran trop étroit.

Alors oui, il y a de bonnes idées est de belles promesses, notamment au niveau de la capacité d'afficher 3 applications en même temps, d'avoir un mode "moitié plié" qui permet de lire une vidéo ou taper un texte en mode 'laptop'.

Mais en 2020, soyons lucide: le Galaxy Z Fold 2 est une F1 que l'on conduira très peu, par peur de l'abîmer, ou simplement par manque de facilité d'utilisation. Ce n'est donc pas une Ferrari qu'on sortirait tous les jours et qu'on prendrait sans crainte pour aller faire des courses. Si vous avez 2.000 euros à consacrer à de nouveaux appareils, achetez-vous un bon smartphone à 700€, un bon laptop à 800€ et éventuellement, si vous en avez besoin, une tablette à 500€.


 
 
 
 
 
 


 

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