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Feldup, jeune prodige du YouTube français confronté à la part sombre d'internet

 

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Deux albums et une chaine YouTube à succès: à tout juste 22 ans, Feldup est l'un des créateurs de contenu français les plus atypiques, avec ses vidéos décortiquant les mystères d'internet. Une exposition précoce qui n'a pas été sans danger.

Dans un décor sombre et minimaliste, le jeune homme aux lunettes rondes et aux cheveux ébouriffés présente à ses abonnés les vidéos les plus troublantes qu'il a trouvées en ligne. Des oeuvres artistiques étranges, des vidéos amateur, mais aussi des affaires criminelles liées au web.

"On est curieux de ce qui nous terrifie, par pur besoin d'anticiper au cas où ces choses-là nous arriveraient", explique Feldup, Felix Dupuis de son vrai nom, à l'AFP.

Sa chaîne YouTube cumule près d'1,5 million d'abonnés et 150 millions de vues. Un mois après sa sortie, le centième numéro de "Findings", son émission phare, compte 3,5 millions de vues.

Les bugs et messages cryptiques qui parsèment ses créations constituent, pour plusieurs milliers de ses fans qui échangent notamment sur Reddit, un jeu de piste autour duquel le créateur maintient le mystère.

- YouTubeur à l'ancienne -

Si les vidéos les plus populaires de YouTube sont désormais produites avec des budgets conséquents et multiplient les apparitions de personnalités, Feldup fait le pari contraire.

"Quand j'ai commencé, j'ai vu des gens qui faisaient des trucs avec des bouts de ficelle et, pour moi, c'est ça qu'amenait YouTube à internet", dit-il. "Je voulais que, quand les gens regardent mes vidéos, ils se disent +moi aussi je pourrais les faire+".

Né en 2002 (3 ans seulement avant la plateforme), Félix Dupuis grandit en Franche-Comté et passe beaucoup de temps derrière son écran. Après deux essais infructueux, il lance en 2014, à 12 ans, "Feldup", la chaine qui connaitra le succès quelques années plus tard.

"J'étais très solitaire", raconte le jeune homme, "et les seuls amis que je trouvais étaient sur internet."

Bon élève, il intègre un lycée parisien "très strict" à 15 ans, où il ne se sent pas du tout à l'aise. Il abandonne ensuite sa première année d'ingénierie sonore pour se consacrer à sa chaine, au moment où celle-ci décolle.

"Je vis extrêmement bien de YouTube" reconnaît Feldup, qui dit se satisfaire de l'argent généré par la monétisation de ses contenus.

Il refuse "par pur principe" les partenariats commerciaux, alors qu'ils sont devenus très courants chez les créateurs de contenu.

"En vrai, soyons raisonnables, je fais partie d'un 0,0001%" qui ont réussi à tenir sur la durée et en vivre en commençant aussi jeune. Il estime aujourd'hui s'être lancé trop tôt.

- "Thérapie audio" -

"Internet n'est pas tendre avec les gosses", regrette Félix Dupuis, qui a connu des vagues de cyberharcèlement sur les réseaux sociaux. "Tu t'attires énormément de gens qui peuvent te vouloir du mal (...) les conséquences de l'attention négative, c'est désastreux sur la santé mentale."

Sur sa chaîne, il invite régulièrement les spectateurs à se protéger de ce qu'ils voient en ligne et à ne pas hésiter à se tourner vers des professionnels de santé. "J'ai un passé touffu avec la psychiatrie", dit-il, "j'ai une nature compliquée à traiter et des difficultés au quotidien". A plusieurs reprises, il a évoqué des périodes de dépression.

Ses angoisses, c'est par la musique rock qu'il les exorcise. Après un premier album édité en 2020, il publie "Stared At from a Distance", avec le label Talitres fin 2023, qu'il décrit comme une "thérapie audio". "Ca parle de choses très personnelles et très dures, d'expériences affreuses qui me sont arrivées en 2020", confie-t-il. "Ca parle d'agressions sexuelles que j'ai vécues".

En avril, il faisait salle comble au Petit bain, à Paris, pour un premier concert avant d'entamer une tournée. "C'était une décision qui m'a valu beaucoup de stress et de peur mais, finalement, j'ai reçu des messages qui me font dire que ça a peut-être aidé des gens".


 

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