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Voyage au pays de Tolkien à la BnF

Voyage au pays de Tolkien à la BnF
La Bibliothèque Nationale de France à ParisLIONEL BONAVENTURE
 
 

Un voyage de la verte Comté jusqu'aux terres ténébreuses du Mordor : la plus grande exposition jamais consacrée à l'oeuvre de JRR Tolkien s'ouvre ce mardi à la BnF, avec de nombreux manuscrits, dessins, cartes et autres documents, pour certains jamais montrés au public, de la main du célèbre créateur de la "Terre du Milieu".

La Bibliothèque nationale de France a réuni 300 pièces sur 1.000 m2 de galeries, retraçant l'oeuvre et la vie de John Ronald Reuel Tolkien, ce professeur de langue et de littérature anglo-saxonne à Oxford qui avait inventé tout un monde peuplé d'elfes, de nains et d'hommes, obligés de s'allier pour lutter contre le maléfique Sauron.

L'exposition intitulée "Tolkien, voyage en Terre du Milieu" comporte une première partie consacrée aux différents peuples qui occupent son univers et à leurs territoires et langues, la deuxième se concentrant sur le parcours de l'auteur anglais (né en 1892 et décédé en 1973).

L'occasion de voir jusqu'au 16 février à quel point l'oeuvre de Tolkien plonge ses racines dans les mythes et traditions les plus variés : sagas nordiques, légendes germaniques (comme l'Anneau des Nibelungen), cycle arthurien, mythes de l'Atlantide et de la Tour de Babel, et même Saint-Georges terrassant le dragon.

Des objets, armures et autres enluminures aident à contextualiser ces liens, comme le "Cor de Roland", un cor de chasse en ivoire qui vient rappeler les similitudes entre la "Chanson de Roland", poème épique du XIe siècle, et le personnage de Boromir dans "Le Seigneur des Anneaux".

"Tolkien a une connaissance très profonde de la littérature, et notamment de toute la littérature épique, de Homère à Dante, et jusqu'à Milton... Parfois il s'amuse même à faire des clins d'oeil" à certains auteurs, explique à l'AFP Frédéric Manfrin, co-commissaire de l'exposition.

La profondeur de l'oeuvre de Tolkien -- qui invente des millénaires d'histoire, des langues et des alphabets pour les principaux peuples de la Terre du Milieu et des lignées entières de personnages -- s'impose au visiteur.

- Aquarelles et calligraphies -

Au-delà de la littérature, il s'inspire du monde qui l'entoure. "Il n'a pas voulu construire une mythologie pour l'Angleterre, mais il rêvait de pouvoir un jour retrouver une série d'histoires propres au pays qu'il aimait, et il avait des attaches très profondes avec la région des Midlands (le centre de l'Angleterre, dont le nom signifie littéralement terres du milieu)", décrypte Vincent Ferré, co-commissaire.

Cette exposition, conçue avec les descendants de Tolkien, la bibliothèque Bodleian d'Oxford et l'Université Marquette à Milwaukee, met en outre en valeur le talent de dessinateur de l'auteur, largement écrasé par les illustrations d'Alan Lee, postérieures à son décès, et les films de Peter Jackson.

On se laisse surprendre par la fraîcheur et le style naïf des aquarelles de "Bilbo le Hobbit", qui rappellent que ce roman avait été écrit par Tolkien pour divertir ses enfants, et dont la douceur contraste avec la force des dessins plus expérimentaux de sa jeunesse. Certaines de ces aquarelles ont inspiré des tapisseries d'Aubusson, prêtées à la BnF. On s'étonne aussi de la multitude de cartes, jaquettes de livres, et jusqu'aux calligraphies dans les langues elfique et naine dessinées par Tolkien.

"Faire une exposition sur un écrivain du XXe siècle, c'est toujours compliqué car les manuscrits sont rarement spectaculaires. Avec Tolkien, on a la chance d'avoir non seulement les illustrations, mais aussi des manuscrits qui sont graphiquement magnifiques", souligne Frédéric Manfrin.

Plusieurs sujets controversés sont abordés, comme la place jugée trop réduite des femmes chez Tolkien, le manichéisme apparent des personnages ou sa vision du pouvoir supposée ultra monarchiste, et l'exposition tente d'y répondre via l'étude des oeuvres.

Enfin, la BnF rend hommage à l'infatigable Christopher Tolkien, le fils aîné, qui a publié tous les textes postérieurs au "Hobbit" et au "Seigneur des Anneaux", en déchiffrant les manuscrits laissés par son père, dont l'imposant "Silmarilion". Un travail de transmission suivi par plusieurs générations de lecteurs.


 

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