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Pour l'Ukraine, son documentaire oscarisé sur Marioupol montre "le terrorisme russe"

Pour l'Ukraine, son documentaire oscarisé sur Marioupol montre "le terrorisme russe"
Le réalisateur ukrainien du film "20 jours à Marioupol" Mstyslav Chernov (c) à la cérémonie des Oscar flanqué de (G) Raney Aronson-Rath, Vasilisa Stepanenko et Evgeniy Maloletka à Hollywood, le 10 maPatrick T. Fallon
 
UKRAINE
 

L'Ukraine s'est félicitée lundi de son premier Oscar remporté par un documentaire sur le sanglant siège de la ville Marioupol, un film qui "montre la vérité sur le terrorisme russe", selon le président Volodymyr Zelensky.

"Il y a plus de deux ans, la Russie a brutalement attaqué Marioupol. +20 jours à Marioupol+ est un film qui montre la vérité sur le terrorisme russe", a salué M. Zelensky sur Telegram.

"Je remercie l'équipe qui a travaillé sur ce film et qui a remporté un Oscar si important, qui nous permet de parler haut et fort de la guerre de la Russie contre l'Ukraine", a appuyé le président ukrainien. "La vérité triomphe de tout".

Lors d'une cérémonie organisée à Hollywood dimanche, le film a reçu le prix du "meilleur documentaire" qui s'est ajouté à une série de récompenses internationales dont le Pulitzer et le Bafta, équivalent des Césars britanniques.

"20 jours à Marioupol" a été produit par des journalistes ukrainiens --le cameraman Mstyslav Chernov, le photographe Evgeniy Maloletka et la productrice Vasilisa Stepanenko-- travaillant pour l'agence Associated Press (AP).

Le documentaire montre l'agonie de cette grande ville portuaire, située dans l'est de l'Ukraine, cible des forces russes dès le premier jour de l'invasion le 24 février 2022, et tombée sous leur contrôle 86 jours plus tard, au prix de dizaines de milliers de morts et d'une destruction quasi totale.

"Je suis probablement le premier réalisateur sur cette scène à dire que j'aurais préféré ne jamais faire ce film, si en échange la Russie n'avait pas attaqué l'Ukraine, ni occupé nos villes", a lancé dimanche Mstyslav Chernov, le réalisateur, lors de la remise du prix.

Les journalistes d'AP qui ont passé trois semaines dans la cité assiégée, pilonnée sans répit par l'armée russe, privée d'électricité et du réseau mobile et où la nourriture et l'eau sont devenues de plus en plus difficiles à trouver.

Ils ont réussi à survivre et à faire sortir leurs images documentant d'innombrables victimes civiles, des fosses communes creusées pour les enterrer ou encore le bombardement d'une maternité, que la Russie a nié en affirmant qu'il s'agissait d'un trucage.

- Exfiltrés par l'armée -

"Au début il y avait un besoin urgent de montrer au monde l'ampleur de la destruction, le véritable visage de l'invasion russe. Mais au fur et à mesure que le temps a passé, Marioupol est devenue le symbole de toutes ces cités anéanties par les bombes russes", a déclaré M. Chernov dans un entretien à l'AFP en février.

Ces 20 jours "étaient comme 100 ans d'horreur", a témoigné de son côté Vasilisa Stepanenko dans une interview récente. "Je ne croyais pas que nous allions pouvoir sortir".

L'équipe a été exfiltrée de Marioupol par l'armée ukrainienne. Un policier local a aussi risqué sa vie en transportant les journalistes dans sa voiture pour les évacuer à travers 15 check-points russes, selon Mme Stepanenko.

Les journalistes n'ont pu transmettre depuis Marioupol que 40 minutes sur plus de 30 heures d'images enregistrées. Il était donc crucial de les sortir de la ville dévastée alors que, selon M. Chernov, "les Russes traquaient" déjà son équipe, derniers journalistes internationaux encore sur place.

Début avril 2022, quelques semaines après leur départ, le cinéaste lituanien Mantas Kvedaravicius avait été tué par balle alors qu'il tentait de quitter Marioupol, dont il documentait le siège.

Le succès de "20 jours à Marioupol", a suscité une vague d'émotion sur les réseaux sociaux en Ukraine.

"Événement historique et triste à la fois", a ainsi commenté sur Facebook une députée d'opposition pro-occidentale Iryna Guerachtchenko.

Interrogé par la presse lundi sur le sujet, le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, a lui assuré "n'avoir rien à dire".

Cette récompense arrive au moment où l'armée ukrainienne est en difficulté sur le front alors que l'aide occidentale s'effrite.

Aux Etats-Unis, l'allié militaire le plus important de Kiev face à la Russie, une enveloppe d'aide de 60 milliards de dollars est ainsi bloquée depuis des mois au Congrès sur fond de divisions entre républicains et démocrates.


 

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