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Débat enflammé sur l'affaire Polanski: "Laissez-moi parler s'il vous plait", "Ça suffit" (vidéo)

 
 

Le film "J'accuse" de Roman Polanski est sorti en pleine polémique, après une nouvelle accusation de viol contre le cinéaste franco-polonais de 86 ans. La photographe Valentine Monnier dit avoir été "rouée de coups" et violée par le réalisateur en 1975 à l'âge de 18 ans, en Suisse. La polémique s'est étendue à la Belgique. Pour ou contre, les invités de Christophe Deborsu ont échangé leurs arguments sur le plateau de C'est pas tous les jours dimanche.

Pour rappel, Valentine Monnier dit avoir été "rouée de coups" et violée par le réalisateur Roman Polanski en 1975 à l'âge de 18 ans, en Suisse. La photographe, dont les accusations s'ajoutent à celles d'autres femmes ces dernières années, indique ne pas avoir déposé plainte pour ces faits, prescrits. Mais elle affirme avoir décidé de porter publiquement cette accusation en raison de la sortie en France du film "J'accuse", qui porte sur une erreur judiciaire, l'affaire Dreyfus. 



L'avocat du cinéaste, Hervé Temime, affirme au Parisien que Roman Polanski "conteste fermement toute accusation de viol" et observe que ces faits allégués datant d'il y a 45 ans "n'ont jamais été portés à la connaissance de l'autorité judiciaire".


 
Valentine Monnier précise dans ce témoignage avoir raconté plus tard cette nuit dans le chalet du réalisateur à sa meilleure amie, puis à celui qui deviendra son petit ami pendant quatre ans. Tous deux, joints par le Parisien, confirment sa version.

Roman Polanski est en outre poursuivi depuis plus de 40 ans par la justice américaine pour des relations sexuelles illégales avec une mineure en 1977. Depuis, il a fait l'objet de plusieurs autres accusations de viol, qu'il a réfutées.


Le mouvement s’étend

Ces accusations faites à quelques jours de la sortie du dernier film du réalisateur, J’accuse, ont provoqué un mouvement de protestation en France. Et depuis cette semaine, il s’étend à notre pays. De plus en plus de Belges disent refuser d’aller voir "J'accuse", le dernier film de Roman Polanski. A l'initiative de plusieurs collectifs, des affiches ont aussi fleuri sur les portes des salles qui proposent le film. "Polanski, violeur impuni", "J’abuse et vous financez", "Laisse les petites filles tranquilles", ...

Peut-on différencier l’homme de son oeuvre ? La réponse est "non" pour Sophie-Clémentine Dubois-Prieto. La réalisatrice et activiste féministe déconseille aux gens d'aller voir le film de Polanski. "Les faits, c'est qu'il a fui les Etats-Unis pour échapper à un procès judiciaire", précise-t-elle. "Payer une place de cinéma, c'est participer à cette impunité en termes de violence sexuelle", a dit Sophie-Clémentine Dubois-Prieto.

Nicolas Gilson, programmateur au cinéma Le Palace à Bruxelles, a décidé de projeter le film de Polanski dans son cinéma malgré la polémique. "Il y a eu un choix de programmation et pour moi le fond du film est beaucoup plus important que la polémique", a expliqué Nicolas Gilson.

Une des activistes qui collent des affiches contre Polanski s'est également exprimée sur le plateau. "Il faut vraiment arrêter de dire qu'on exerce une censure parce que pour exercer une censure, il faut avoir un pouvoir de censure. Nous on a juste collé des affiches pour informer les spectateurs. On empêche personne d'entrer", a dit l'activiste anonyme, membre du Collectif "Paye ton tournage". 

Cette dernière est revenue sur le fait de différencier ou pas l'homme de l'artiste...
 "Les victimes de viol voient l'homme et l'artiste être glorifié. Est-ce que Polanski a violé la femme ou l'artiste ? Est-ce que Bertrand Cantat a tué la femme ou l'artiste? Il faut arrêter de dissocier l'homme et l'artiste, car il n'y a pas de dissociation possible. Pour les victimes de viol, le message est clair. Leur violeur est porté en exergue d'une glorification injuste", a-t-elle précisé.


Pour Christophe Giltay, qui ne partage pas du tout cet avis, il y a "beaucoup d'amalgames". Selon lui, on ne peut pas comparer Polanski à Bertrand Cantat. "Cantat a tué quelqu'un dans des conditions épouvantables. Moi, je n'irai plus jamais voir un concert de Cantat, mais en revanche Polanski, c'est un grand artiste et c'est visiblement un très bon film", a précisé le journaliste.

"Écoutez, il y a la justice...", a ajouté Christophe Giltay. Mais ce dernier a été interrompu par l'activiste anonyme.

"Ca suffit... Laissez-moi parler s'il vous plait", a-t-il lancé avant de poursuivre son propos : "Il y a beaucoup d'amalgames dans cette situation. On percute des époques qui n'ont rien à voir... ce qui se passait dans les années 70, m'enfin (...) En revanche, il y a une certitude. Le harcèlement et les violences contre les femmes, c'est intolérable. Dans le milieu du cinéma, il y a eu un certain nombre de choses qui se sont passées qui étaient admises autrefois parce qu'il y avait une sorte de patriarcat, une domination des hommes, etc. Et qui est inacceptable, intolérable aujourd'hui. Je suis le premier d'accord. Maintenant de faire de Polanski une espèce de monstre et d'exemple... On est dans l'amalgame", a détaillé Christophe Giltay.

Ses dires ont été appuyés par Anne Morelli, historienne - ULB. 
"Ce qui est évident, c'est que la morale change. Dans les années 70, il y avait des choses qui semblaient belles et normales et qui aujourd'hui semblent insupportables", a précisé Anne Morelli.

Mais pour  Sophie-Clémentine Dubois-Prieto, il ne faudrait pas qu'on ait à se poser cette question de dissocier l'homme et l'œuvre. "On doit travailler maintenant à lutter contre cela. Qu'une personne qui est accusée par douze autres aille devant un tribunal", a conclu la réalisatrice.


 

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