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Un établissement pour les "dégoutés de l'école" ouvre à Mont-Saint-Guibert: moins de théorie, plus de pratique et un contact direct avec des entrepreneurs

 
 

Une nouvelle école privée vient de voir le jour à Mont-Saint-Guibert: la "Smile School". Son but: accueillir les élèves en décrochage scolaire. Plus de pratique, moins de théorie et un partenariat avec le monde de l’entreprise. L’établissement est d’ailleurs implanté dans un zoning industriel. Le cursus a toutefois un coût: 10.000 euros par an à charge des parents.

Dégoûtés par l'enseignement traditionnel, les élèves trouvent dans une nouvelle école de Mont-Saint-Guibert une autre approche pédagogique. L'établissement s'appelle la "Smile School" (ndlr: école du sourire en français). "S'il y a des sujets précis que vous voulez voir en maths, en sciences humaines, vous le mettez aussi, une idée par post-it", lance un professeur à sa classe. Ici, une partie du programme est imposé pour permettre aux élèves d'obtenir leur diplôme auprès du jury central. Mais ils peuvent aussi suggérer des points de la matière. Bitcoin, cryptomonnaies, actions, gestion du loyer: voici un aperçu des thèmes proposés par les élèves.

"L'enseignement scolaire général n'est pas adapté à tout le monde. C'est un moule et tout le monde ne rentre pas dans le moule. Ça allait soit trop lentement, soit la matière n'était pas assez poussée. Il y avait des fois où j'étais en quatrième et j'avais l'impression de refaire les mêmes calculs qu'en deuxième, ce qui n'est pas normal", nous confie Virgile, 18 ans. "Je n'ai vraiment jamais aimé l'école. C'est plus que pas aimer, c'est vraiment un dégoût de l'école. C'est comme un soulagement d'avoir enfin une école différente qui propose d'autres choses", nous explique Théo, 16 ans.

Moins de théorie et beaucoup plus d'expériences pratiques

Certains jeunes présentent un haut potentiel intellectuel. D'autres souffrent d'un trouble de l'attention. Tous étaient en décrochage scolaire. "Ils n'ont plus de motivation, ils n'ont plus de volonté d'avancer dans le système traditionnel. Ici, on amène une approche avec moins de théorie et beaucoup plus d'expériences pratiques", indique Grégory De Hoe, professeur de mathématiques et de sciences.

Nous assistons justement à l'un des ateliers pratiques. "Ces 10.000, on ne peut pas les investir dans beaucoup de choses. On peut les investir dans une start-up": voilà un exemple de phrase déclarée par un élève. On devine un sujet bien éloigné des thèmes abordés dans les écoles traditionnelles. Au cours de sciences économiques, on parle déjà de la façon de placer son argent.

Étudier aux côtés d'entrepreneurs au travail

Autre particularité: les treize élèves partagent leur espace le travail avec des entreprises. "C'est important pour nous de créer une école dans un espace de coworking, parce que ça permet que les jeunes puissent être en contact avec d'autres entrepreneurs. Si vous regardez autour de vous, vous voyez qu'il y a des entrepreneurs qui sont en train de travailler. C'est important pour nous que les jeunes soient en interaction", explique Stéphane Biron, professeur de sciences économiques.

"Ça change évidemment d'une école habituelle. Parce que dans une école habituelle, je ne pense pas qu'il y ait des entrepreneurs qui viennent travailler régulièrement dans les bureaux des écoles. On peut faire des contacts avec plein de monde qui travaille dans plein de domaines différents", se réjouit Virgile.

J'étais triste de voir que ça ne le passionnait plus

Nous interrogeons Julie, la mère d'un élève. Elle se dit séduite par le projet pédagogique malgré son coût annuel: 10.000 euros à charge des parents. "Je craignais qu'il perde le goût à l'enseignement. Mes parents sont enseignants. Moi, j'ai toujours aimé étudier. Et là j'étais triste de voir que ça ne le passionnait plus. Ici, on retrouve justement une envie d'apprendre", nous confie-t-elle.

Si l'année d'apprentissage représente un certain coût, l'établissement ne veut pas avoir l'image d'une école de "fils à papa". "Ça ne nous intéresse pas. Ce qu'on veut, ce sont des élèves qui soient acteurs de leur apprentissage. Des élèves qui sachent pourquoi ils viennent chez nous. Et ils doivent se bouger pour venir chez nous. Ils ont un CV à devoir faire. Ils ont une lettre de motivation. Ils doivent travailler pour payer leur minerval", précise Anne-France Pottier, professeur de langues et cofondatrice de l'école.

Dans l'enseignement officiel, un élève du secondaire coûte près de 8.000 euros à la communauté. Pour la direction de cette école privée, le minerval réclamé n'est donc pas exagéré.


 

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