En ce moment
 
 

Sécheresse en Wallonie: on a "des millions de mètres cubes" de réserve, alors pourquoi y a-t-il "des manques d'eau" dans certaines régions?

 
swde
 

On parle beaucoup de sécheresse actuellement, vu le faible niveau de précipitation dans nos régions et dans une bonne partie de l'Europe. Benoit Moulin, responsable communication de la SWDE (Société Wallonne Des Eaux) était l'invité de Fabrice Grosfilley jeudi matin. Il nous éclaire sur la situation en Wallonie.

La Wallonie a-t-elle encore des réserves d'eau potable ?

"Oui, la Wallonie a des réserves. Quelques chiffres: les précipitations sur la région wallonne, c'est 16 milliards de mètres cubes par an. Sur ces 16 milliards, il y a 600 millions de mètres cubes qui vont dans les nappes phréatiques. Et chaque année, on puise environ 385 millions de mètres cubes dans le sous-sol wallon pour la distribution d'eau potable en Wallonie, mais aussi à Bruxelles et quelques volumes partent en Flandre. Donc globalement, il y a de la réserve".

Tous les ans, on reconstitue les réserves grâce aux pluies, il n'y a donc pas de pénurie d'eau du robinet pour les mois ou les années à venir ?

"Effectivement, c'est la magie de notre climat maritime tempéré: même avec les évolutions climatiques, les scénarios misent plutôt sur les mêmes volumes de précipitation durant l'automne et l'hiver, et donc un stock d'eau qui va continuer à se reconstituer. Cette année, par exemple (entre fin septembre et mars), la recharge des nappes phréatiques a été la meilleure depuis ces 5 dernières années".

Les problèmes concernent donc davantage les agriculteurs ou par exemple, les loueurs de kayaks, que les particuliers ?

"Oui, on est face à un phénomène de sécheresse de surface, alors que nos nappes phréatiques se trouvent à plusieurs dizaines de mètres de profondeur".

On a l'impression qu'il y a deux Wallonie: par exemple le Tournaisis dans l'ouest avec ses belles nappes phréatiques, et puis à l'est (certaines parties des provinces de Namur, Liège, et Luxembourg) un sous-sol qui est moins favorable, où on ne peut pas faire de captage très profond.

"Oui. Mais à l'est on a pu mettre en place des grands barrages (Gileppe, Eupen) de retenues d'eau, qui font office de grandes nappes phréatiques. Dans ces barrages, il peut arrêter de pleuvoir pendant 6 mois, on aura toujours de l'eau. Cependant, il y a des difficultés, comme à la Roche-en-Ardenne par exemple, où il y a beaucoup de roches. L'eau ne percole pas en profondeur et il y a peu de réserves d'eau. La zone est donc sensible à la météo. S'il fait chaud, qu'il ne pleut pas et qu'il y a un pic de consommation dû au tourisme, il y a des manques d'eau".

En fait, contrairement à l'électricité, l'eau n'est pas un réseau dans lequel nous sommes tous interconnectés ?

"Effectivement. C'est justement l'objet des grands chantiers qui sont en cours. Et ça va permettre à ces communes touchées par des problèmes récurrents, de pouvoir les interconnecter avec des ressources abondantes qui se trouvent à 30 ou 40 km de distance. De quoi leur permettre de recevoir les volumes d'appoint nécessaires pour surmonter les difficultés momentanées ou circonstancielles (liées à la météo)".

La SWDE investit 500 millions d'euros depuis 5 ans, et pour encore 5 ans, afin de parvenir à créer cette "autoroute de l'eau".


 

Vos commentaires