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Espagne, zone rouge: colère de nombreux touristes belges car Ryanair ne rembourse pas le vol

Espagne, zone rouge: colère de nombreux touristes belges car Ryanair ne rembourse pas le vol
(c) Belga
 
CORONAVIRUS
 

En interdisant les voyages en Espagne, la Belgique a ruiné les vacances de milliers de ses citoyens. Pour ceux qui prennent un avion Ryanair, la peine sera double. Ils perdront l'argent dépensé pour leurs billets d'avion s'ils n'acceptent pas de déplacer leur vol à une autre date. La compagnie low-cost ne rembourse, ni ne propose un bon à valoir car ses vols ne sont pas annulés. Quitte à se retrouver à moitié-vide ?

Depuis le vendredi 4 septembre à 16 heures, l'ensemble de l'Espagne (à l'exception de Tenerife dans les Canaries) est passée au rouge dans la liste des destinations actualisée par le Service public fédéral des Affaires étrangères. Cela signifie que les voyages dans le pays depuis la Belgique sont désormais formellement interdits. Les Belges qui étaient déjà sur place au moment de l'annonce du passage au rouge (le 2 septembre), avaient 48 heures pour regagner la Belgique sans conséquences. Au-delà de cette période, tous les Belges de retour d'Espagne doivent obligatoirement observer une quarantaine de 14 jours et effectuer un test au coronavirus.

Le ministre des Affaires étrangères Philippe Goffin a justifié cette décision dans le RTLINFO 13H: "On est au-delà de 100 contaminations pour 100.000 habitants. Le Celeval (NDLR: Comité fédéral d'évaluation, constitué d'experts) a donc considéré que l'Espagne devait passer au rouge", a indiqué le ministre.

La situation pose problème pour certains voyageurs qui espéraient profiter des derniers jours de l'été dans la péninsule ibérique. Plusieurs d'entre eux ont contacté via notre bouton orange Alertez-nous. Parmi ceux-ci, Rita qui avait réservé en août ses billets d'avion pour rendre visite à sa sœur habitant l'île de Grande Canarie. "On ne s'y rend pas souvent, c'est quand même une somme. On a économisé pour y aller", raconte-t-elle. Avec son compagnon, elle s'est tournée vers la compagnie Ryanair et ils ont déboursé 300 euros pour un départ prévu le 13 septembre. Depuis, il ne leur est plus permis de se rendre en Espagne et la compagnie aérienne low-cost ne remboursera pas les billets.

"On est dégoûtés"

"J'ai envoyé des messages sur leur chat en ligne, des mails, il y a plusieurs numéros de téléphone payants mais jamais personne ne vous répond", déplore Rita qui a quand même finalement pu obtenir une réponse via un numéro prévu pour l'aide aux personnes à mobilité réduite. L'opérateur qui lui répond est clair : les vols ne sont pas annulés, aucun remboursement ni de bon à valoir pour une date ultérieure n'est proposé. La seule possibilité pour ne pas tout perdre est de déplacer son vol à une autre date.

La porte-parole de Ryanair pour la Belgique nous le confirme. Les avions de la compagnie continuent de voler entre la Belgique et l'Espagne. "Dans le cas où un NOTAM est émis décrivant une interdiction de voyager, Ryanair annule les vols et en informe ses passagers". Les NOTAM, abréviation de "notice to airmen" sont les messages aux navigants aériens émis par les agences gouvernementales qui contrôle le trafic aérien. Des NOTAM d'interdiction de voyages avaient par exemple été émis au début de la crise sanitaire. Le Maroc avait notamment fermé son espace aérien. 

N'étant pas dans cette situation actuellement, la compagnie Ryanair ne voit pas de raison pour annuler ses vols et précise : "Les passagers qui ne souhaitent pas voyager sur leur vol réservé peuvent le reporter à une autre date, auquel cas, des frais de changement de vol et la différence de tarif peuvent s'appliquer". Il s'agit donc de la procédure classique ne prenant pas compte des conditions particulières actuelles. En effet, la plupart des Belges qui avaient prévu de se rendre en Espagne n'en ont désormais plus l'autorisation. 

Rita et son compagnon se disent alors "dégoûtés". "Pour l'hôtel qu'on avait réservé, il a été possible de se faire rembourser sans problème mais Ryanair, eux, s'en lavent les mains", ajoute-t-elle.

Même chose pour Catherine. Cette habitante de Ath devait se rendre en Espagne le 9 septembre par un vol de la compagnie low cost. "Ryanair ne veut ni me rembourser, ni me faire un bon à valoir. Je peux changer mes dates mais bizarrement les prix explosent, sans compter les frais de changement".

"Tant que le vol n'est pas annulé, vous risquez de perdre la valeur de votre ticket"

L'association de défense des consommateurs test Achats estime que les décisions subites du gouvernement livrent les consommateurs à eux-mêmes sans moyens de défense.

"Nombreux sont les consommateurs qui s'inquiètent de voir leur vol ou leur voyage annulé et/ou non remboursé au vu des circonstances. Des questions se posent quant à leurs droits", rapporte Test-achats. "Pour les compagnies aériennes, tant que le vol n'est pas annulé, vous risquez de perdre la valeur de votre ticket", confirme le porte-parole de Test-Achats Jean-Philippe Ducart.

Des responsables de l'association de consommateurs ont été reçus vendredi par le ministre des Affaires étrangères Philippe Goffin. Face aux inquiétudes, ce dernier assure travailler sur des plusieurs pistes pour permettre aux voyageurs de négocier avec les compagnies aériennes. Un document pourrait leur être délivré par les autorités attestant de la couleur attribuée aux pays, permettant de justifier une interdiction de voyage. Davantage de clarté et de visibilité devrait également être apporté pour la notion de "voyage essentiel". Aucun délais n'a toutefois été donné quant à l'application de ces mesures, alors que depuis vendredi les vols vers l'Espagne se poursuivent.

Aucune annulation du côté de Ryanair qui justifie qu'aucune interdiction de circuler n'est émise. Or, la plupart des voyageurs, non essentiels, n'ont plus le droit de circuler. Ces conditions laissent penser que les avions vont donc voler avec très peu de passagers à leur bord. "Pas de visibilité sur les taux de remplissage actuellement", répond Ryanair.


 

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