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La crise a forcé Christina à aller au Resto du cœur: "On a la sensation d'avoir honte, on n'a jamais vécu ça"

 
CORONAVIRUS
 

La crise sanitaire provoquée par le coronavirus annonçait une autre crise d'ordre économique. Aujourd'hui, les problèmes financiers se font sentir dans le quotidien de nombreux Belges. Les Restos du cœur ont par exemple constaté une augmentation de 30% de la fréquentation depuis le début du confinement.

Nous avons rencontré Christina devant le local carolo des Restos du cœur. C'est la première fois que notre témoin fait appel à l'aide de l'association. Un moment qu'elle vit très difficilement. "On a la sensation d'avoir honte. Parce qu'on n'a jamais vécu ça. C'est la sensation de mendier", nous confie Christina.

J'ai franchi un cap que je ne pensais pas atteindre

Technicienne de surface, elle n’a plus travaillé depuis deux mois à cause des mesures de confinement. Ce qu’elle touche au chômage lui permet à peine de payer ses factures. La situation est malheureusement devenue ingérable.

"J'ai franchi un cap que je ne pensais pas atteindre. J'ai un peu honte, même vu ma famille, mes amis très proches. Auprès de mes enfants surtout, parce que voilà… Mais je vais… C'est un passage. Je dis que c'est un passage. Mais il faut, quand on a besoin, on a besoin", explique la mère de famille, la gorge nouée.

Quand on sera venu à bout de cette crise sanitaire, il y a une autre crise qui va se profiler: c'est une crise économique

Le cas de Christina est loin d’être isolé. Les Restos du cœur observent depuis le début du confinement 30% de fréquentation en plus. Avec un nouveau public qui n’a d’autre choix aujourd’hui que de demander de l’aide. "C'est des gens qui en ont besoin, des gens qui habitent dans le quartier qui ne nous connaissaient pas, et maintenant qui nous connaissent grâce aux dons. Qui voient la file dans la rue, qui viennent voir… Et puis qui en ont vraiment besoin parce qu'ils sont touchés, qu'ils n'ont plus de travail", nous explique Aurore Mascaux, cuisinière et membre du Restaurant du cœur de Charleroi.

430 colis sont distribués quotidiennement à Charleroi. C'est deux fois plus qu’habituellement. La responsable du Restaurant du cœur de Charleroi s’inquiète de voir la situation encore s’aggraver. "C'est une crise sanitaire. On sait que quand on sera venu à bout de cette crise sanitaire, il y a une autre crise qui va se profiler: c'est une crise économique. Et là les gens vont être touchés. Et on sait que notre public va encore augmenter", précise Céline Pianini.

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Le CPAS craint aussi une explosion des demandes

Le CPAS local ressent le même sentiment. Il se prépare à devoir gérer un grand nombre de demandes d’aide dans les prochains mois. "C'est des gens qui ont travaillé de manière régulière. Qui avaient peut-être des ressources dans lesquelles ils ont pu puiser, mais que pour certaines activités, je pense notamment à l'horeca, c'est ressources vont avoir des limites. Et ces personnes auront besoin de nous", indique Margerie De Coster, manager social au CPAS de Charleroi.

Devoir retourner comme quand on a 10 ans, qu'on nous donne notre argent... C'est compliqué

Au CPAS carolo, nous avons rencontré Marie. Elle a le statut d’étudiant entrepreneur. Avec la crise, son activité est à l’arrêt et elle n’a plus de job étudiant. Son statut ne lui permet pas de bénéficier des aides de l’état. Mais faire appel au CPAS n’est pas une démarche facile pour la jeune femme. "Devoir retourner comme quand on a 10 ans, qu'on nous donne notre argent, sans que ce soit de l'argent justifié pour lequel on a travaillé… C'est compliqué", confie Marie.

Avant la pandémie, près de deux millions de Belges vivaient déjà dans des conditions de précarité avérée. Les acteurs sociaux ont peur de voir ce chiffre encore augmenter avec la crise actuelle.


 

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