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De nombreux jeunes migrants disparaissent en Belgique: "Ils courent plus de risques de devenir les victimes de trafiquants d'êtres humains"

 
 

Child Focus a enregistré l'an dernier une hausse des signalements de disparitions de mineurs étrangers non accompagnés (Mena), ressort-il de son rapport annuel présenté mercredi à Bruxelles. L'organisation reste également préoccupée par l'augmentation du phénomène de la prostitution de mineurs.

En 2015, un peu plus de 5.000 nouveaux Mena ont été enregistrés en Belgique, soit plus du double qu'un an auparavant, souligne Heidi De Pauw, directrice générale. Child Focus a traité l'année dernière 66 dossiers concernant des mineurs étrangers non accompagnés disparus, dont 36 nouveaux dossiers (24 en 2014). De plus, entre janvier et mai 2016, 32 nouveaux dossiers ont déjà été ouverts. Parmi les jeunes concernés, la majorité était des garçons, et près d'un tiers était d'origine afghane. Viennent ensuite l'Érythrée (10%) et la Syrie (5%). Ces chiffres ne sont "que la partie émergée de l'iceberg, car il est impossible d'évaluer le nombre exact de Mena disparus. (...) Trop souvent, la police et d'autres services baissent les bras face à ces disparitions par manque de moyens de recherche. Pourtant, ces jeunes, par leur vulnérabilité, courent plus de risques de devenir les victimes de trafiquants d'êtres humains ou d'exploitation sexuelle". "Nous sommes souvent confrontés à un manque de données concernant ces jeunes", déplore l'organisation.

C'est pourquoi Child Focus demande "aux services de première ligne d'être vigilants et d'enregistrer ces données, comme par exemple le contexte dans lequel le jeune a été trouvé, ou avec qui il s'est présenté à l'Office des étrangers. Ce sont des informations qui peuvent être très utiles". Pour Heidi De Pauw, il est aussi nécessaire "de renforcer le système de tutelle". En effet, parmi les Mena arrivés en Belgique en 2015, 900 enfants n'avaient toujours pas de tuteur à la fin de l'année. Une autre préoccupation de Child Focus reste la prostitution de mineurs.

L'an dernier, 35 signalements relatifs à ce phénomène ont été reçus, soit le triple de 2014 (10). Ces signalements concernaient 28 victimes de sexe féminin et 7 de sexe masculin, dont la plupart avait entre 14 et 16 ans. Child Focus a par ailleurs constaté dans ces dossiers que les fugues à répétition constituaient souvent un signal. L'accent doit être mis notamment sur la "sensibilisation, la prévention mais aussi la formation des agents de police". Au total, Child Focus a traité 1.544 dossiers de disparitions en 2015, soit moins qu'en 2014 (1.558). Il s'agissait majoritairement de fugues (1.055), avec davantage de fugueurs retrouvés dans les 48h, d'enlèvements parentaux (358) et de disparitions de Mena (66 dossiers). C

oncernant les enlèvements parentaux internationaux, une baisse considérable de nouveaux dossiers ouverts a été notée en comparaison avec l'année précédente. La médiation est généralement privilégiée dans ce genre de cas. Les disparitions non définies ont quant à elles représenté 44 dossiers traités, soit 20% de moins qu'en 2014, et quatre jeunes adultes ont été retrouvés sans vie. Deux dossiers liés à une tentative d'enlèvement par un tiers inconnu ont également été traités. Les réseaux sociaux se sont avérés incontournables dans le cadre des campagnes de recherche, conclut l'organisation. Sur 80 campagnes de recherche publiques, 53 se sont déroulées exclusivement via ce support, mettant au jour une réelle "solidarité" des internautes.

Child Focus a par ailleurs décidé cette année d'impliquer des jeunes à l'occasion de la sortie de son rapport annuel. Des vidéos ont ainsi été réalisées par des adolescents, expliquant le fonctionnement de la structure et détaillant les points importants de l'année écoulée.


 

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