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"Ces gens-là viennent nous voler notre image", certains militants ne veulent pas des partis politiques à la Belgian Pride

 
 

Plus de 100.000 personnes sont attendues dans les rues de Bruxelles, ce samedi après-midi, pour la 24e Belgian Pride. Les organisateurs espèrent bien qu'aucun parti politique ne tentera de récupérer leur événement. Certains ont pris pour habitude de se mêler au cortège, lors des éditions précédentes. Et à une semaine les élections, la tentation est d'autant plus grande pour les candidats.

Le cortège s'est élancé vers 14h30 du Mont des Arts. Mais dès midi, le Pride village avait pris ses quartiers sur place. Une soixantaine d'organisations ont installé des stands, pour défendre les droits des personnes LGBTI (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres, intersex).

En 24 ans, la Belgian Pride est devenue une institution ; 100.000 personnes ont défilé pendant la parade, l'an dernier, un record. Et parmi les participants, 40% venaient de l'étranger, car la Belgian Pride rassemble bien au-delà des frontières belges. Les organisateurs attendent au moins autant de monde aujourd'hui. 

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L'événement attire aussi les partis politiques. Encore plus en cette fin de campagne électorale. Certains partis sont présents à la Pride depuis plus de 10 ans, c'est le cas notamment d'Écolo et du PS. D'autres, comme la N-VA, ont décidé de participer à l'événement bien plus récemment. 

Chaque parti a son propre char, clairement identifié, mais à une semaine des élections, pour certains militants, cette présence ne passe pas. "Là, on va se retrouver avec une Belgian Pride 2019 qui se termine avec, si j'ai bon souvenir, huit chars politiques", explique un membre du collectif Reclaim the Pride, qui dénonce ce qu'il considère comme une récupération politique. "C'est assez évident que ces partis politiques sont là pour capturer les votes. Ces gens-là viennent nous voler notre image, viennent occuper un espace qui ne leur appartient pas." 

Les organisateurs de la Pride admettent que la présence des partis politiques pose de nombreuses questions.

"Certes, un certain nombre de personnes va récupérer l'événement, répond Cyrille Prestianni, président de la Belgian Pride, mais s'ils en font quelque chose de positif, si demain ils changent nos lois, si demain ils évoluent, même lentement, dans une direction qui est celle que nous voulons, ça ne me dérange pas qu'ils fassent du pink washing."

Comme le green washing pour la protection de l'environnement, le pink washing, consiste à se donner une image de tolérance vis-à-vis des personnes LGBTI même que le parti politique ou l'entreprise qui pratique le pink washing ne fait rien de particulier pour défendre les droits LGBTI.

D'ailleurs, certains militants LGBTI dénoncent l'absence des élus le reste de l'année.

"Ils viennent faire la fête pendant dix jours, mettre des drapeaux LGBT partout dans le centre pendant dix jours et puis finalement, le reste de l'année, on se sent un peu abandonnés. Leur présence ne serait pas problématique s'ils avaient une vraie volonté politique derrière", regrette une autre militante du collectif Reclaim the Pride.

Le collectif estime aussi que cette journée de lutte et de revendication est devenue un carnaval. "C'est sûr que je préférerais que ce soit encore purement militant, concède Cyrille Prestianni, mais on est aussi une fête, on n'a pas tout le temps besoin d'être austère et on peut gagner des batailles en étant heureux.

Aujourd'hui, la Belgique se classe 2e du Rainbow index, un classement qui détermine l'état des droits et des conditions de vie des personnes LGBTI en Europe. Sur 49 pays analysés et classés, seule Malte fait mieux.


 

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